Nature, champ de fleurs © Pixabay CC0 - DeltaWorks

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Laudato Si': les "Religions pour la paix" répondent présentes

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Le cardinal John Onaiyekan, le rabbin David Rosen, et Muhammad Din Syamsuddin signent une tribune après la publication de « Laudato Si’ ».

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Après la publication de l’encyclique « Loué sois-tu », des représentants des trois religions abrahamiques appellent « toutes les personnes de toutes les religions à s’unir derrière cette noble et sainte cause et à laisser leurs voix résonner haut et fort » : « C’est un grand test pour notre époque, et Dieu nous demandera un jour à tous d’en rendre compte. »

Le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja au Nigeria, le rabbin David Rosen, directeur du département interreligieux du Comité juif américain (American Jewish Committee, AJC) et Muhammad Din Syamsuddin, président de la Muhammadiyah, organisation musulmane d’Indonésie, unissent leur plume dans une tribune publiée sur le journal britannique « The Guardian » du 18 juin. L’article a été reproduit intégralement par L’Osservatore Romano du 25 juin.

Tous trois membres de Religions pour la paix, pour la promotion de la coopération multi-religieuse, ils saluent dans l’encyclique du pape François « une encyclique puissante et opportune sur l’environnement, exhortant l’humanité à revenir à la raison et à cesser son agression inconsidérée contre la création de Dieu ».

Répondant à son appel « de s’unir dans le but commun de sauver notre planète », ils affirment : « Étant issus des trois grandes religions abrahamiques – le judaïsme, le christianisme et l’islam – nous reconnaissons ensemble la nécessité d’être de bons gardiens de la terre ». « C’est un grand test pour notre époque, et Dieu nous demandera un jour à tous d’en rendre compte », estiment-ils.

Ils évoquent les trois traditions qui « affirment la bonté inhérente de toute la création et l’obligation contraignante pour tous les êtres humains de protéger notre maison commune » : « Les Écriture juives affirment clairement que la terre appartient à Dieu seul et que nous sommes simplement de passage – nous n’en avons pas la propriété sur une base permanente : les fruits de la terre appartiennent à tous, y compris aux pauvres… Les chrétiens voient aussi le monde à travers la dimension sacramentelle, croyant que la rédemption du Christ a à son tour racheté toute la création. Et on peut voir l’islam comme une religion de la nature, avec ses 750 versets dans le saint Coran au sujet de notre responsabilité à l’égard de l’environnement et de notre relation avec toutes les créatures. L’islam aussi reconnaît que tout dans les cieux et sur la terre appartient à Dieu, et que nous sommes de simples administrateurs et vices rois. »

Les signataires font part de leur inquiétude : « Nous avons violé cette confiance la plus sacrée… Le chemin sur lequel nous sommes est un chemin de destruction ». Ils dénoncent « le scandale du changement climatique », qui « n’est pas un spectre distant dans un lointain avenir » mais « une réalité actuelle qui étouffe déjà les régions les plus vulnérables du monde », avec « des sécheresses, des inondations, des vagues de chaleur, des orages plus sévères, la montée du niveau de la mer… ».

Or ces régions les plus pauvres « sont les moins responsables du changement climatique » – « qui provient essentiellement de la combustion implacable de carburants fossiles pour fournir l’énergie de l’économie mondiale » – et « les moins aptes à s’y adapter – et pourtant les plus aimés de Dieu », soulignent-ils.

Les trois représentants mettent en garde : « Si l’on ne peut pas vivre en paix avec la terre, on ne peut pas vivre en paix les uns avec les autres. Le changement climatique à l’échelle envisagée entraînera des mouvements majeurs de population et une compétition pour les ressources rares dont l’issue pourrait être l’instabilité, le conflit et la guerre. »

En outre, « cela conduirait également à des tensions religieuses plus grandes », comme « au Nigeria, [où] les déplacements de populations causés par l’avancée du désert suscitent des conflits entre chrétiens et musulmans ».

Au Moyen-Orient également, « antique terre qui donna naissance à nos trois religions abrahamiques » et « une des régions les plus vulnérables aux sécheresses et à l’augmentation de la température », le changement climatique s’ajoutera aux conflits actuels, rendant « beaucoup plus difficile aux peuples de traditions religieuses différentes de vivre ensemble dans l’harmonie sur ce sol sacré ».

Les signataires appellent « toutes les personnes de toutes les religions à s’unir derrière cette noble et sainte cause et à laisser leurs voix résonner haut et fort dans les couloirs du pouvoir partout dans le monde », en particulier « à Paris en décembre prochain », lors du Sommet sur le climat.

« Nous croyons que nos différentes religions nous appellent à une coexistence pacifique les uns avec les autres, reconnaissant que – en dépit de tout désaccord politique – nous sommes tous enfants du même Dieu… nous exhortons chacun à s’exprimer contre les intérêts déguisés, le provincialisme étroit et l’indifférence désinvolte à l’égard du changement climatique », concluent-ils.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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