Un ancien nonce en République dominicaine (2008-2013), de nationalité polonaise, Jozef Wesolowski, a été arrêté pour pédophilie, mardi, 23 septembre, au Vatican, où il a été assigné à résidence, en attendant son procès, indique un communiqué du directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, publié ce même mardi soir, 23 septembre.
La mesure vise à ce que l’ancien nonce ne puisse pas se soustraire à la justice. A l’époque contemporaine, c’est la première fois qu’un ancien archevêque est arrêté au Vatican.
Jozef Wesolowski, 66 ans, est né à Cracovie en 1948, il a été ordonné prêtre pour ce diocèse à 23 ans, par le cardinal Karol Wojtyla, et il a été ordonné évêque en l’An 2000, par Jean-Paul II. Il a été successivement nonce en Bolivie, au Kazakhstan, au Tadjikistan, au Kirghizistan, et en Ouzbékistan, avant d’être nommé à Saint-Domingue.
Le communiqué du Vatican, publié en italien et en anglais, rappelle que l’ancien nonce a déjà été « condamné en première instance par la Congrégation pour la doctrine de la foi (en juin dernier, ndlr), à la réduction à l’état laïc au terme d’un procès administratif pénal laïc ».
« Le Promoteur de la justice du Tribunal de première instance de l’Etat de la Cité du Vatican (Gian Piero Milano, ndlr) a convoqué l’ancien nonce, Mgr Jozef Wesolowski, contre lequel il avait lancé une enquête pénale. (…) Il lui a notifié les chefs d’accusation de la procédure pénale lancée contre lui pour des faits graves d’abus sexuels sur mineurs advenus en République dominicaine », explique le Vatican.
« La gravité » des faits reprochés au prélat, mais aussi son état de santé attesté médicalement, ont fait décider de « l’assignation à résidence », avec les « restrictions » que cela comporte, dans des locaux à l’intérieur de l’Etat de la Cité du Vatican, indique la même source.
Le communiqué souligne la rigueur « nécessaire » : « L’initiative prise par les organes judiciaires du Vatican découle de la volonté expresse du pape, pour qu’un cas si grave et si délicat soit affronté sans délais, avec la rigueur juste et nécessaire, avec une assomption de pleine responsabilité de la part des institutions du Saint-Siège. »
L’ancien nonce aurait eu des relations sexuelles tarifées avec des enfants : les médias dominicains ont fait état de témoignages selon lesquels le prélat fréquentait les plages et la « Zona Colonial » de Saint-Domingue.
Le Comité des Nations Unies pour les droits des enfants avait cité le cas, déplorant le « silence » du Vatican. La réponse de la Doctrine de la foi puis du tribunal du Vatican et le communiqué du Saint-Siège manifestent la réalité de la « tolérance zéro » adoptée par le Saint-Siège à la demande du pape Benoît XVI (avec l’ouverture d’une section spéciale sur le site du Vatican) et maintenant du pape François.
La procédure est sans précédent, mais elle avait été en quelque sorte annoncée par le pape lui-même lors du vol de retour de Terre Sainte, le 26 mai dernier. Il avait annoncé que « trois évêques » étaient sous enquête et que « pour l’un d’entre eux, déjà condamné », le Vatican étudiait ce qu’il convenait de faire. « C’est très grave », c’est « comme une messe noire » avait déclaré le pape, autrement dit, c’est le Corps du Christ qui est profané.
« Devant Dieu », le 7 juillet dernier, lors d’une messe à Sainte-Marthe, en présence de victimes d’abus, qu’il avait rencontrées personnellement, le pape leur avait demandé pardon.