Qui est Jorge Mario Bergoglio? Autoportrait spirituel du pape

Interview du P. Spadaro s.j.

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« Qui est Jorge Mario Bergoglio ? » Le pape François répond: « Je suis un pécheur ». Il dit qu’il se reconnaît dans le Saint Matthieu peint par le Caravage et qu’il a souvent admiré en l’église Saint-Louis-des-Français

Une interview du pape François par le père Antonio Spadaro s.j., directeur de la prestigieuse revue des jésuites italiens, La Civiltà Cattolica, a été publié, jeudi 19 septembre, en différentes langues par seize revues des jésuites du monde, et en français par la revue « Etudes« .

Le père Spadaro a rencontré le pape François trois fois, les 19 et 23 et 29 août, à sa résidence, la Maison Sainte-Marthe du Vatican.

Le pape évoque ses goûts artistiques et culturels, la Compagnie de Jésus, le rôle de l’Église d’aujourd’hui, ses priorités pastorales, des questions de société et l’annonce de l’Evangile, l’homosexualité, la situation des divorcés-remariés.

Nous commençons aujourd’hui la publication d’extraits de cet entretien que l’on peut qualifier d’historique. Il a déjà fait le tour du monde, comme le sourire du pape dont parle le P. Spadaro et qui l’a accueilli à Sainte-Marthe.

Aujourd’hui, nous publions aussi deux autres extraits. L’un sur la façon de gouverner du pape et l’autre sur la façon d’aborder les questions de l’avortement, de la situation des divorcés remariés, de l’homosexualité, par le pape et dans l’Eglise: pas un changement sur le fond, mais un décentrement pour faire passer en premier l’attention à la « personne », la « rencontre », l' »accueil ». 

Anita Bourdin


Le pape François, autoportrait spirituel

Je lui demande à brûle pourpoint :

« Qui est Jorge Mario Bergoglio ? » Le pape me fixe en silence.

Je lui demande si c’est une question que je suis en droit de lui poser… Il acquiesce et me dit : «  Je ne sais pas quelle est la définition la plus juste… Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste… Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur. »

Le pape continue de réfléchir, absorbé, comme s’il ne s’attendait pas à cette question, comme s’il était contraint à une réflexion plus approfondie.

« Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé (un po’ furbo), que je sais manœuvrer (muoversi), mais il est vrai que je suis aussi un peu ingénu. Oui, mais la meilleure synthèse, celle qui est la plus intérieure et que je ressens comme étant la plus vraie est bien celle-ci : Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard. » Il poursuit : « Je suis un homme qui est regardé par le Seigneur. Ma devise, Miserando atque eligendo, je l’ai toujours ressentie comme profondément vraie pour moi. Le gérondif latin miserando me semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de le traduire avec un autre gérondif qui n’existe pas : misericordiando (en faisant miséricorde). »

(…) « Venant à Rome j’ai toujours habité rue de la Scrofa. De là, je visitais souvent l’Église de Saint-Louis-des-Français, et j’allais contempler le tableau de la vocation de Saint Matthieu du Caravage. » Je commence à comprendre ce que le pape veut me dire. « Ce doigt de Jésus… vers Matthieu. C’est comme cela que je suis, moi. C’est ainsi que je me sens, comme Matthieu ».

Soudain, le pape semble avoir trouvé l’image de lui-même qu’il recherchait : « C’est le geste de Matthieu qui me frappe : il attrape son argent comme pour dire : “Non, pas moi ! Non, ces sous m’appartiennent !” Voilà, c’est cela que je suis : un pécheur sur lequel le Seigneur a posé les yeux. C’est ce que j’ai dit quand on m’a demandé si j’acceptais mon élection au Pontificat. »

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ZENIT Staff

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