"A la communauté internationale, à côté de la recherche d’une solution négociée du conflit, je demande de favoriser l’aide humanitaire aux personnes déplacées et aux réfugiés syriens, en recherchant en premier lieu le bien de la personne et la sauvegarde de sa dignité", déclare le pape François à propos de la guerre en Syrie.
Le pape François a en effet reçu ce mercredi matin au Vatican, avant l'audience générale, dans le "Salon" de la Maison Sainte-Marthe, les participants de la rencontre de coordination des organismes caritatifs catholiques à l'oeuvre dans le contexte de la crise syrienne et dans les pays voisins, au secours notamment des réfugiés. Une rencontre promue par le Conseil pontifical Cor Unum, présidé par le cardinal Robert Sarah, qui s'est rendu dans la région en novembre 2012 à la demande de Benoît XVI.
Discours du pape François
Chers amis,
Je vous remercie pour cette rencontre et pour toute l’activité humanitaire que vous déployez en Syrie et dans les pays voisins, en aide aux populations victimes du conflit actuel. J’ai encouragé moi-même le Conseil Pontifical Cor Unum à promouvoir cette réunion de coordination de l’activité déployée par les organismes caritatifs catholiques dans la région. Je remercie le Cardinal Sarah pour son adresse de salutation.
Je souhaite une bienvenue spéciale à ceux qui viennent du Moyen-Orient, en particulier à ceux qui représentent l’Eglise en Syrie.
La préoccupation du Saint-Siège pour la crise syrienne, et plus particulièrement pour la population, souvent sans défense, qui souffre des conséquences du conflit, est bien connue. Benoît XVI a maintes fois demandé que se taisent les armes et que l’on puisse trouver une solution dans le dialogue, pour parvenir à une réconciliation en profondeur entre les parties. Que se taisent les armes. De plus, il avait voulu exprimer sa proximité personnelle en novembre dernier, en envoyant le Cardinal Sarah dans cette région, accompagnant ce geste de la demande de « n’épargner aucun effort dans la recherche de la paix », et en manifestant concrètement sa paternelle sollicitude par un don auquel ont contribué les Pères du Synode d’octobre dernier.
A moi aussi personnellement, le sort de la population syrienne me tient particulièrement à cœur. Le jour de Pâques j’ai demandé la paix « surtout pour la Syrie bien-aimée, pour sa population blessée par le conflit, et pour les nombreux réfugiés qui attendent aide et consolation. Que de sang a été versé ! Et que de souffrances devront encore être infligées avant qu’on réussisse à trouver une solution politique à la crise ? » (Message Urbi et Orbi, 31 mars 2013).
Devant la persistance des violences et des abus, je renouvelle avec force mon appel à la paix. Ces dernières semaines, la communauté internationale a confirmé son intention de promouvoir des initiatives concrètes pour engager un dialogue fructueux dans le but de mettre fin à la guerre. Ce sont des tentatives qui doivent être soutenues et dont on espère qu’elles pourront conduire à la paix. L’Eglise se sent appelée à donner le témoignage humble, mais concret et efficace, de la charité qu’elle a reçu du Christ, Bon Samaritain.
Nous savons que là où une personne souffre, là le Christ est présent. Vraiment, nous ne pouvons pas reculer dans les situation de grande souffrance ! Votre présence à la réunion de coordination manifeste votre volonté de continuer avec fidélité l’œuvre précieuse d’assistance humanitaire, en Syrie et dans les pays voisins qui, généreusement, accueillent ceux qui fuient la guerre. Que votre action soit ponctuelle et coordonnée, expression de cette communion qui est en elle-même témoignage, comme l’a suggéré le récent Synode sur le Moyen-Orient.
A la communauté internationale, à côté de la recherche d’une solution négociée du conflit, je demande de favoriser l’aide humanitaire aux personnes déplacées et aux réfugiés syriens, en recherchant en premier lieu le bien de la personne et la sauvegarde de sa dignité. Pour le Saint-Siège, l’œuvre des Agences de charité catholiques est extrêmement significative : aider la population syrienne, au-delà des appartenances ethniques et religieuses, est le moyen le plus direct pour offrir une contribution à la pacification et à l’édification d’une société ouverte à toutes ses diverses composantes. L’effort du Saint-Siège tend également à ceci : construire un avenir de paix pour la Syrie, dans laquelle tous puissent vivre librement et s’exprimer dans leur particularité.
La pensée du Pape va en ce moment aussi aux communautés chrétiennes qui vivent en Syrie et dans tout le Moyen-Orient. L’Eglise soutient ceux de ses membres qui sont aujourd’hui particulièrement en difficulté. Ceux-ci ont la grande tâche de continuer à rendre présent le christianisme dans cette région où il est né. Et c’est l’un de nos engagements de favoriser la permanence de ce témoignage. La participation de toute la communauté chrétienne à cette grande œuvre d’assistance et d’aide est une exigence du moment présent. Et nous pensons tous, nous pensons tous à la Syrie : tant de soufrance, tant de pauvreté, tant de douleur. C'est Jésus qui souffre, qui est chassé de sa patrie. C'est Jésus. C'est un mystère, mais c'est notre mystère chrétien. Regardons Jésus souffrant dans les habitants de la bien-aimée Syrie.
Je vous remercie encore pour cette initiative et j’invoque sur chacun de vous la bénédiction divine. Celle-ci s’étend en particulier aux chers fidèles qui vivent en Syrie, et à tous les Syriens qui sont actuellement contraints d’abandonner leurs maisons à cause de la guerre. Vous qui êtes ici présents, soyez l’instrument pour dire aux chers peuples de Syrie et du Moyen-Orient que le Pape les accompagne et leur est proche. L’Eglise ne les abandonne pas !