ROME, Lundi 13 décembre 2010 (ZENIT.org) – « Qu’on le veuille ou non, l’embryon humain n’est pas une chose. Il appartient à l’ordre de la personne », a insisté Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, dans une interview diffusée le 11 décembre sur le Journal du Dimanche (JDD). « Mépriser le plus petit, c’est ouvrir la porte à l’inquiétude ».
Alors que les députés devraient se prononcer au début de l’année 2011 sur le projet de loi sur la bioéthique, l’évêque responsable du groupe de travail des évêques de France sur la bioéthique est revenu sur les grands thèmes à l’ordre du jour que sont par exemple la procréation médicalement assistée (PMA) ou la gestation pour autrui.
Interrogé sur la procréation médicalement assistée, l’archevêque de Rennes a rappelé qu’elle « ne guérit pas la stérilité ». « On tente de la pallier. Il y a quelque chose de trop grand dans la procréation humaine pour la laisser à la domination de la technique ».
Il estime qu’avoir « créé un être humain en dehors du corps de la femme fut un événement sismique ». « Aujourd’hui, ce pouvoir est un lieu de fantasmes. On va choisir les caractères génétiques de son enfant : les yeux bleus ou les cheveux bruns. Le risque de dérive eugéniste et de marchandisation est considérable », a-t-il mis en garde.
Reconnaissant la « grande souffrance » que vivent les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant, Mgr d’Ornellas a néanmoins rappelé que « la PMA engendre d’autres souffrances ». « Beaucoup de couples sont mal à l’aise d’avoir des embryons congelés dans l’armoire. Cette congélation est un manque de respect pour l’être humain ».
« Il y a une contradiction fondamentale dont on ne peut se satisfaire : les PMA sont faites pour donner la vie, or elles aboutissent souvent à la destruction de la vie des embryons. L’Allemagne et l’Italie interdisent la congélation d’embryons, pourquoi pas la France? ».
L’archevêque de Rennes s’est aussi exprimé sur le diagnostic – notamment la trisomie 21 – chez la femme enceinte : une pratique qui engendre de « l’anxiété », a-t-il expliqué. « Attendre un enfant, c’est une bonne nouvelle pour la société et non une source de problèmes potentiels. La manière dont les tests sont proposés doit être réfléchie pour être au service de cette bonne nouvelle ».
« Ils ne disent qu’un risque éventuel, jamais du cent pour cent. Je connais des enfants en parfaite santé chez qui on avait diagnostiqué une anomalie », a-t-il ajouté. « Il y a des angoisses dont on aurait pu se passer ».
Enfin interrogé sur les mères porteuses, il a évoqué une pratique « indigne de l’enfant qui subira un abandon car, une fois né, il est arraché à celle avec laquelle il a tissé des liens ». « Cela n’est pas de l’altruisme mais l’utilisation d’une femme pendant neuf mois. Séparer une femme de l’enfant qu’elle porte, même si elle sait que c’est pour une autre, quelle violence! », a-t-il déploré.
« Là où cette pratique existe, c’est la voie vers l’utilisation de femmes pauvres par les riches. Et l’enfant pauvre sans parents ? L’adoption lui donne une famille. C’est remarquable! Je connais le bonheur de parents qui ont un enfant en ayant adopté », a-t-il enfin affirmé.