ROME, Vendredi 5 novembre 2010 (ZENIT.org) – Dans le discours d’ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France prononcé à Lourdes, le 4 novembre, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, s’est particulièrement exprimé sur la révision de la loi de « bioéthique » qui, après l’élaboration du projet de loi du gouvernement, entre dans sa phase finale.
Tout en se félicitant que « l’intérêt de l’enfant » ait été « pris en considération », de même que l’intérêt des cellules souches adultes et de celles provenant du sang du cordon ombilical, le cardinal Vingt-Trois s’est dit préoccupé par la question « cruciale » du « respect de l’embryon humain ».
Si le « régime d’interdiction de son utilisation à des fins de recherche » demeure, il « reste très fragilisé par le renoncement à la visée explicitement thérapeutique et il est à craindre que les instances d’arbitrage et de décision qui autorisent de telles recherches ne soient soumises à de fortes pressions économiques », a-t-il estimé.
Avec force, le cardinal a rappelé que le « combat » pour le respect de l’embryon humain ne relevait pas « d’une sorte d’attachement magique, mais d’une réflexion argumentée sur les risques que court l’humanité quand elle cède sur la défense du plus vulnérable ».
Le cardinal Vingt-Trois a aussi abordé le problème de l’anonymat des donneurs de gamète. Vouloir satisfaire à tous prix le soit disant « désir d’enfant » entraîne à des conflits insolubles de droits, a-t-il affirmé.
Il a enfin insisté sur la « responsabilité » de l’homme dans la gestion de l’univers : « La responsabilité éthique ne se divise pas : le respect de notre propre dignité va de pair avec le respect de la création », a-t-il estimé.
La réforme des retraites
Auparavant, le président de la Conférence des évêques de France était revenu sur les troubles sociaux qui ont récemment touché la France, avec la réforme des retraites.
Le prélat a évoqué les « risques qui menacent une société dont le principal ressort économique est la consommation ». Reprenant des extraits des sessions précédentes, il a rappelé que « les difficultés rencontrées aujourd’hui n’étaient pas tout-à-fait imprévisibles ».
« La réforme des retraites impose des changements dans la solidarité intergénérationnelle et ces changements s’inscrivent dans une évolution plus globale de nos modes de vie », a-t-il affirmé. Elle pose aussi « brutalement la question de l’avenir et de la solidarité entre les générations ».
Que les chrétiens d’Orient ne sombrent pas dans l’oubli
Le président la Conférence des évêques de France est enfin revenu sur les événements de l’année en cours, à commencer par la clôture de l’année sacerdotale, qui a été marquée « dans presque tous les diocèses par des initiatives heureuses qui ont rassemblé les prêtres autour de leurs évêques ». « La récente lettre du pape aux séminaristes constitue un message personnel particulièrement important et vivifiant pour ceux qui sont en marche vers le ministère presbytéral », a-t-il ajouté.
Evoquant le récent synode pour les Eglises du Moyen-Orient, le cardinal a appelé à ne pas laisser les chrétiens d’Orient « sombrer dans le silence et l’oubli ! ». « Le récent massacre de Bagdad nous remplit d’horreur, mais il ne nous conduit pas à identifier ces groupes extrémistes à tous les musulmans qui vivent dans la crainte de Dieu », a-t-il ajouté.
Ces derniers mots ont enfin été consacrés au succès du film Des hommes et des dieux. Son succès n’est-il pas « le signe d’une attente et d’un intérêt réel devant des destinées qui expriment un choix de vie radical ? », s’est-il demandé. « Notre société sécularisée n’est pas encore tout à fait ‘immunisée’ contre les préoccupations existentielles et même spirituelles. Ne l’oublions pas », s’est-il félicité.
Marine Soreau