ROME, Mardi 12 octobre (ZENIT.org) – S. B. Antonios Naguib, patriarche d’Alexandrie des Coptes d’Egypte et rapporteur général du synode, a évoqué la « montée de l’islam politique » qui, depuis une trentaine d’années, constitue une « menace » pour les chrétiens du monde arabe.
Dans cette intervention prononcée à l’ouverture des travaux du Synode, le 11 octobre, le rapporteur général du Synode a souhaité pour ces pays une « laïcité positive » qui distingue le politique du religieux.
Devant les pères synodaux et Benoît XVI, présent dans la Salle du Synode, S. B. Antonios Naguib a estimé que « l’islam politique » voulait imposer « un mode de vie islamique à tous les citoyens, quelquefois par la violence ». « Il constitue donc une menace pour tous, et nous devons ensemble affronter ces courants extrémistes », a-t-il ajouté.
Il a aussi rappelé que si « l’égalité des citoyens est affirmée dans toutes les Constitutions », dans les États à majorité musulmane, « à part quelques exceptions, l’islam est la religion d’État, et la sharia est la source principale de la législation ».
A ses yeux, les difficultés dans les relations entre chrétiens et musulmans viennent du fait que « les musulmans ne distinguent pas religion et politique ». Il est important d’expliquer « le sens d’une laïcité positive, qui distingue le politique du religieux », a-t-il ajouté en évoquant « le malaise des chrétiens » qui se sentent « en situation de non-citoyens, bien qu’ils soient chez eux dans leurs pays bien avant l’islam ».
« Les chrétiens sont dans leurs pays des ‘citoyens natifs’, membres de plein droit de leur communauté civile », a ajouté S. B. Antonios Naguib. « Leur présence et leur participation à la vie du pays sont une richesse précieuse, à protéger et à maintenir ». « Une laïcité positive permettrait à l’Église de donner un apport efficace et fructueux, et aiderait à renforcer la citoyenneté de tous les membres du pays, sur la base de l’égalité et de la démocratie ».
Liberté de religion et de conscience
Dans la plupart des pays du Moyen-Orient, la liberté religieuse est « garantie par les constitutions », mais parfois, « certaines lois ou pratiques en limitent l’application », a-t-il regretté.
Le rapporteur général du Synode a aussi évoqué l’absence de « liberté de conscience, basée sur le libre choix de la personne », qui « entrave le choix libre de ceux qui auraient voulu adhérer à l’Évangile » et qui craignent « des mesures de vexation pour eux-mêmes et pour leurs familles ».
Chrétiens et musulmans : ensemble pour le bien commun
Dans cette longue intervention, le haut prélat a enfin évoqué la nécessité que musulmans et chrétiens, comme citoyens, agissent « ensemble pour le bien commun ».
« Les raisons de tisser des rapports entre chrétiens et musulmans sont multiples. Tous sont concitoyens, partagent la même langue et la même culture, ainsi que les joies et les souffrances ». « En outre, les chrétiens ont la mission de vivre comme témoins du Christ dans leurs sociétés », a-t-il affirmé.
Il est nécessaire de donner « la première place au dialogue de vie, qui offre l’exemple d’un témoignage silencieux éloquent, et qui parfois est l’unique moyen de proclamer le Royaume de Dieu », a-t-il estimé.
Marine Soreau