ROME, Mardi 8 juin 2010 (ZENIT.org) – « Le père Jerzy était tout simplement un prêtre catholique loyal, qui défendait sa dignité de ministre du Christ et de l’Eglise et la liberté de tous ceux qui, comme lui, étaient opprimés ou humiliés », a déclaré Mgr Angelo Amato S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints, dans son homélie durant la messe de béatification du prêtre et martyr polonais Jerzy Popiełuszko.
La célébration, qui a eu lieu en Pologne, à Varsovie, le 6 juin sur la place du Maréchal Józef Pilsudski, réunissait des fidèles venus de tout le pays, les membres du syndicat « Solidarność », les autorités civiles et militaires, les prêtres, les personnes consacrées, la mère du bienheureux, Marianna Popiełuszko, et la famille du prêtre martyr.
« La religion, l’Evangile, la dignité de la personne humaine, la liberté, a poursuivi Mgr Amato, ne collaient pas avec l’idéologie marxiste. Si bien que la folie meurtrière du grand menteur, ennemi de Dieu et oppresseur de l’humanité, de celui qui hait la vérité et répand le mensonge, s’est déchaînée contre lui ».
Pour la Pologne, pour l’Eglise polonaise et tout spécialement pour « Solidarność » la béatification du père Popiełuszko représente l’histoire. Le souvenir d’une défense héroïque des droits de la personne, un retour aux racines catholiques du syndicat polonais.
Le père Jerzy Popiełuszko rappelle en particulier à tous les polonais, les trois dimensions qui ont donné naissance à « Solidarność », soit la défense et la revendication de la présence de la croix du Christ dans la vie publique, la solidarité sociale et la liberté.
Le père Jerzy Popiełuszko a enseigné qui faut être fidèles chaque jour à l’esprit de solidarité et au vrai patriotisme d’une nation dont l’identité a été et demeure encore profondément catholique.
« Le bienheureux est le patron de la solidarité sociale et de tous ceux qui témoignent de la Vérité », a déclaré à ZENIT Janusz Śniadek, président actuel du syndicat « Solidarność ».
Un ouvrier du chantier naval de Gdynia ajoute : « La béatification du père Popiełuszko est pour moi une vraie joie. Comme prêtre il était une personne ouverte à tous, spécialement envers les pauvres et les ouvriers persécutés ».
La messe de béatification a été concélébrée par plus de 100 archevêques, évêques et cardinaux. Etaient également présents les cardinaux William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Stanisław Dziwisz, Józef Glemp, Franciszek Macharski, Henryk Gulbinowicz, Adam Maida et Kazimierz Świątek, Mgr Józef Kowalczyk, nonce apostolique en Pologne, et le nouveau Primat de Pologne, Mgr Kazimierz Nycz, archevêque métropolitain de Varsovie. De nombreux archevêques et évêques avaient fait le déplacement de la République Tchèque, de Lituanie, de Biélorussie, d’Ukraine.
Avant la messe, la mère du bienheureux, Marianna Popiełuszko, a guidé la récitation du chapelet.
Dans son homélie, Mgr Angelo Amato, a souligné que le père Popiełuszko « avec les seules armes spirituelles de la vérité, de la justice et de la charité, essaya de maintenir sa liberté de conscience de citoyen et de prêtre et d’en témoigner ».
« Mais l’idéologie maléfique ne supportait pas l’éclat de la vérité et de la justice, a déclaré le préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Si bien que le prêtre, sans défense, fut épié, persécuté, capturé, torturé et, comble de l’horreur, étranglé puis jeté à l’eau encore agonisant. Ils l’abandonnèrent, comme on abandonne la carcasse d’un animal. Il ne fut retrouvé que dix jours plus tard ».
Le préfet du dicastère a souligné que « le sacrifice du jeune prêtre ne fut pas une défaite. Ses bourreaux ne pouvaient pas tuer la Vérité. La mort tragique de notre martyr fut en effet le début d’une conversion générale des cœurs à l’Evangile. Car la mort des martyrs est semence pour les chrétiens ».
Mgr Amato a rappelé les paroles du pape Benoît XVI selon lesquelles le père Popiełuszko « avait triomphé du mal par le bien jusqu’à l’effusion de son sang ».
Après la messe de béatification, les reliques du père Popiełuszko ont été portées en procession pendant 14 kilomètres jusqu’au temple de la Divine providence, dans la zone de Wilanów.
Le père Jerzy Popiełuszko était né le 14 septembre 1947 à Okopy, près de Białystok, au nord-est de la Pologne, d’une famille de paysans profondément chrétienne.
Entré au grand séminaire de Varsovie en 1965, il a été appelé un an plus tard sous les drapeaux, pour faire ses trois années de service militaire dans une unité spéciale, où les autorités militaires procédaient à un endoctrinement anti-ecclésial et antireligieux pour détourner les séminaristes de leur vocation. Il fut objet de vexations et de persécutions qui portèrent atteinte à sa santé.
Il fut ordonné prêtre le 28 mai 1972 par le cardinal Stefan Wyszyński, primat de la Pologne, et choisit pour devise les paroles du prophète Isaïe et de l’Evangile de Luc : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les plaies des cœurs brisés ».
Après la proclamation de la loi martiale, en 1981, le père Popiełuszko s’était mis à célébrer des « Messes pour la patrie », où les homélies affrontaient des thèmes religieux et spirituels mais aussi des questions d’actualité, à caractère social, politique et moral, illustrant les documents fondamentaux de la doctrine sociale de l’Eglise et les enseignements de Jean-Paul II et du cardinal Stefan Wyszyński.
Il fut enlevé le 19 octobre 1984, par des fonctionnaires des services de sécurité du régime et assassiné. Plus de 1.000 prêtres et des centaines de milliers de fidèles participèrent à ses funérailles.
Depuis 1984 jusqu’à aujourd’hui, 18 millions de pèlerins se sont rendus, en groupes organisés, prier sur sa tombe, dans l’Eglise San Stanislao Kostka dans la zone de Żoliborz à Varsovie.
En 26 ans, les polonais de quelque 7.512 villes et villages sont venus prier sur la tombe du père Popiełuszko. De même que 310.000 pèlerins étrangers provenant de 134 pays.
Parmi les personnalités à avoir prier sur la tombe du prêtre martyr l’on compte : le pape Jean-Paul II (14 juin 1987), le cardinal Joseph Ratzinger (aujourd’hui Benoît XVI), le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris, George Bush, ancien président des États-Unis, Margaret Thatcher, ancien premier ministre britannique, Vaclav Havel, ancien président de la République Tchèque, Giulio Andreotti, ancien président du Conseil italien.
Selon un sondage du CBOS (le Centre de recherche de l’opinion publique), avant sa béatification, 80% des polonais adultes déclaraient savoir qui était le père Jerzy Popiełuszko, et pour 78% des personnes interrogées, la béatification du père Popiełuszko a une dimension et une signification de portée nationale.
Selon la volonté de Benoît XVI, la commémoration liturgique du bienheureux père Jerzy Popiełuszko, sera célébrée le 19 octobre.
P. Mariusz Frukacz