Quelle est la proposition chrétienne pour faire face à la crise de l’éducation ?

Entretien avec le responsable de la pastorale universitaire du vicariat de Rome

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ROME, Lundi 10 mars 2008 (ZENIT.org) – Face à la crise morale qui est en train de bouleverser la dimension anthropologique de la personne et de la famille, le pape Benoît XVI a invité la communauté des croyants et la société à réfléchir sur la crise du projet éducatif et à renouveler la tâche urgente de l’éducation.

Au lendemain de la publication de la lettre de Benoît XVI au diocèse et à la ville de Rome sur le devoir urgent d’éducation, Zenit s’est entretenu avec Mgr Lorenzo Leuzzi, Directeur du Bureau pour la pastorale universitaire du Vicariat de Rome et secrétaire de la commission ‘université’ du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE).

« Pour un bon renouvellement de l’engagement éducatif, il nous faut partir, non de considérations sociologiques ou phénoménologiques mais de la compréhension des racines qui sont propres au christianisme », a dit Mgr Leuzzi.

Selon le responsable de la pastorale universitaire de Rome, devant « la croissante difficulté à transmettre aux nouvelles générations les valeurs fondamentales de l’existence », la communauté chrétienne « doit proposer l’expérience de la foi, en aidant les nouvelles générations à rencontrer le Christ et à nouer avec Lui une relation profonde et stable ».

Pour Mgr Leuzzi « il ne faut pas se laisser gagner par l’optimisme de ce qu’on appelle la ‘renaissance du religieux’ qui, aujourd’hui plus que jamais, doit être vue comme une affirmation purement sociologique et donc interprétée, pour être déchiffrée et comprise, dans une vision métaphysique ».

« Il vaut mieux regarder au réalisme de la foi, a-t-il ajouté, autrement dit à la conscience que l’Evangile n’appartient pas au monde des mythes ou des symboles religieux, mais au monde de la réalité historique, car le Dieu de Jésus Christ est entré dans l’histoire pour donner à l’homme un nouveau fondement, c’est-à-dire la possibilité d’être un homme nouveau, avec une existence historique et ecclésiale ».

A la question de savoir pourquoi la communauté chrétienne a autant de mal aujourd’hui à répondre aux nouvelles attentes d’éducation de la société contemporaine, Mgr Lezzi a répondu que « la rencontre avec le Christ a perdu son impact avec la dimension historique et existentielle du croyant » et se réduit à une « simple expérience mystique et spirituelle ou humaniste et valorisable, alors que l’appartenance ecclésiale se limite à « une adhésion socioculturelle formelle ».

Le secrétaire de la Commission pour l’université de la CCEE est convaincu qu’« une réflexion sur la transmission de la foi, source et cœur de l’engagement éducatif de la communauté chrétienne, peut aider à déterminer les vraies causes qui sont à la base de cette crise de l’engagement en matière d’éducation ».

« L’Eglise n’est pas une simple agence de communication ou d’éducation religieuse, mais elle est la communauté à l’intérieur de laquelle l’homme rencontre le Seigneur, marche avec lui, et construit l’histoire », a souligné Mgr Leuzzi.

« Eduquer, a-t-il poursuivi, signifie rendre l’homme capable de découvrir et d’assumer la vérité profonde qui est en lui, à savoir qu’il est l’unique réalité de la création capable de s’enrichir ontologiquement, et de participer à la construction de la communauté ».

« Seul l’homme est une personne parce qu’il est un ‘constructeur’, et pas seulement au plan éthique et moral », a-t-il souligné.

Le directeur de la pastorale universitaire estime que « c’est la vie de la communauté chrétienne qui doit montrer à chaque baptisé qu’il peut se réapproprier de sa vérité anthropologique, en évitant les tentations spiritualistes ou les formes de solidarité purement sociologiques ».

Concernant la pastorale des jeunes, le secteur où la crise des capacités d’éducation de la communauté chrétienne se fait le plus sentir, Mgr Leuzzi a critiqué « la formation culturelle de la société fondée sur l’antiréalisme » et « la perte du sens des réalités ».

« Les jeunes, a-t-il expliqué, ne sont pas disposés à accueillir des propositions chrétiennes de formation ambigües. Les jeunes attendent quelque chose de plus de l’Eglise : la vérité sur le mystère de Dieu et sur la situation historique de l’homme ».

Pour Mgr Leuzzi, « les jeunes doivent être éduqués à construire la famille, l’école, l’université, l’entreprise » car « c’est le Christ qui les pousse à construire, afin qu’ils apprennent et fassent l’expérience, en construisant, que le Christ est le centre du cosmos et de l’histoire ».

Le directeur de la pastorale universitaire a ensuite mentionné l’encyclique Spe salvi, pour conclure : « éduquer signifie aider les nouvelles générations à être acteurs de l’histoire ».

 Antonio Gaspari

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ZENIT Staff

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