Médias : Benoît XVI indique un « tournant » à prendre, une « mutation de rôle »

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Message annuel pour la Journée mondiale des communications sociales

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ROME, Jeudi 24 janvier 2008 (ZENIT.org) – « L’homme a soif de vérité, il est à la recherche de la vérité », rappelle le pape Benoît XVI dans son message 2008 pour la Journée mondiale des communications sociales. Le journaliste aussi doit toujours la chercher, recommande-t-il. Pour cela le pape signale un « tournant » à prendre, une « véritable mutation de rôle » à réaliser, au service du bien de la personne et du bien commun de la société « globalisée ».

Défi crucial du troisième millénaire 

« Les médias : au carrefour entre rôle et service. Chercher la Vérité pour la partager », c’est le titre de ce message du pape qui a été présenté ce matin au Vatican par le président du Conseil pontifical ad hoc, Mgr Claudio Maria Celli, comme c’est la tradition en la fête de saint François de Sales, saint patron de la presse catholique (cf. Zenit du 23 janvier 2008).

Benoît XVI cite d’emblée son Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2008 : « Les moyens de communication sociale, par les potentialités éducatives dont ils disposent, ont une responsabilité spéciale pour promouvoir le respect de la famille, pour illustrer ses attentes et ses droits, pour mettre en évidence sa beauté » (n. 5).

Pour le pape, le rôle des moyens de communication sociale constitue « un défi crucial du troisième millénaire ».

Benoît XVI diagnostique à l’heure actuelle un « carrefour » pour l’humanité, dans le domaine des communications. Il cite « Spe salvi » où il signale « l’ambiguïté du progrès ». Cela vaut aussi, souligne le pape « pour les médias, qui offrent des potentialités inédites pour le bien, mais qui ouvrent en même temps des potentialités abyssales de mal n’existant pas auparavant » (cf. n. 22).

Manipulation des consciences

« Il est par conséquent nécessaire de se demander s’il est sage de laisser les moyens de communication sociale être assujettis à un fonctionnement aveugle ou finir par être à la merci de qui s’en sert pour manipuler les consciences. Ne devrait-on pas plutôt faire en sorte qu’ils restent au service de la personne et du bien commun et qu’il favorisent « la formation éthique de l’homme, pour la croissance de l’homme intérieur » (ibid.) ? », interroge le pape.

« Il arrive par exemple que, dans certaines situations, les médias soient utilisés non pas pour remplir correctement leur rôle d’information, mais pour ‘créer’ les événements eux-mêmes », relève le pape, qui en sait quelque chose.

C’est devant ce qu’il appelle une « périlleuse mutation de leur fonction », que le pape invite à « réaffirmer que tout ce qui est techniquement possible n’est pas éthiquement praticable », il invite à « des choix et des réponses qui ne peuvent être renvoyés à plus tard ».

Ancrages éthiques

« Lorsque la communication perd ses ancrages éthiques et échappe au contrôle social, fait observer le pape, elle finit par ne plus tenir compte du caractère central et de la dignité inviolable de l’homme, risquant de peser négativement sur sa conscience, sur ses choix, et de conditionner en fin de compte la liberté et la vie même des personnes ».

Car, si les médias « ont contribué de manière décisive à l’alphabétisation et à la socialisation, ainsi qu’au développement de la démocratie et du dialogue entre les peuples », écrit Benoît XVI, cependant « le risque n’est malheureusement jamais absent qu’ils se transforment au contraire en systèmes destinés à soumettre l’homme à des logiques dictées par les intérêts dominants du moment ».

« C’est le cas, explique le pape, d’une communication utilisée à des fins idéologiques ou pour la diffusion de produits de consommation au moyen d’une publicité insistante. Sous prétexte de représenter la réalité, on tend de fait à légitimer et à imposer des modèles distordus de vie personnelle, familiale ou sociale. En outre, pour favoriser l’écoute, ce qu’on appelle l’audimat, on n’hésite pas à recourir parfois à la transgression, à la vulgarité et à la violence. Il y a enfin la possibilité que soient proposés et soutenus, à travers les médias, des modèles de développement qui augmentent plutôt que réduisent la fracture technologique entre pays riches et pays pauvres ».

Un tournant à pendre

Il parle d’un « tournant » à prendre, et plus encore, d’une « véritable mutation de rôle », que les médias ont à « réaliser ».

Benoît XVI indique la direction du respect de la personne et du bien commun en disant : « Il est indispensable que les communications sociales défendent jalousement la personne et respectent pleinement sa dignité. Un certain nombre de gens pensent qu’une « info-éthique » est aujourd’hui nécessaire dans ce domaine, de la même façon qu’il existe la bioéthique en médecine et dans la recherche scientifique liée à la vie ».

La vocation de la communication sociale 

« Il convient d’éviter, explique Benoît XVI, que les médias deviennent le mégaphone du matérialisme économique et du relativisme éthique, véritables plaies de notre temps. Ils peuvent et doivent par contre contribuer à faire connaître la vérité sur l’homme, en la défendant devant ceux qui tendent à la nier ou à la détruire ».

Plus encore, écrit le pape, « la recherche et la présentation de la vérité sur l’homme constituent la vocation la plus haute de la communication sociale ».

« Utiliser à cette fin tous les langages, toujours plus beaux et plus raffinés, dont les médias disposent, tel est le devoir exaltant confié en premier lieu aux responsables et aux personnes travaillant dans ce secteur », encourage le pape.

Responsabilité de tous

Et de souligner la responsabilité de tous, y compris des « consommateurs » des médias : « A l’époque de la mondialisation, nous sommes bénéficiaires et agents de communications sociales », fait remarquer le pape.

« Les nouveaux médias, la téléphonie et Internet en particulier, sont en train de modifier, note le pape, la physionomie même de la communication et c’est peut-être une occasion précieuse pour la redessiner, pour rendre plus visibles, comme l’a dit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, les aspects essentiels et inaliénables de la vérité sur la personne humaine (cf. Lettre apost. Le progrès rapide, n. 10) ».

« Invoquons l’Esprit Saint, pour qu’il y ait des hommes de communication courageux et d’authentiques témoins de la vérité » conclut Benoît XVI en citant le discours de Jean-Paul II, à la Rencontre Paraboles médiatiques (9 novembre 2002).

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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