"L´expérience de la communication de l´Eglise de France"

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Ce que les médias veulent bien montrer de l´Eglise

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CITE DU VATICAN, Jeudi 10 mai 2001 (ZENIT.org) – Le contexte français d´une société laïque marquée par le christianisme est délimité par la séparation des Eglises et de l´Etat opérée par la loi de 1905. Or, dans ce contexte, « la grande majorité des Français ne voit et ne verra de l´Eglise que ce que les médias veulent bien leur montrer, constate le P. Lalanne. Quelques lignes de force se dégagent alors de la pratique pour veiller à une meilleure transmission :
– prendre en considération les contraintes des journalistes (temps, espace) ;
– former les journalistes et les chrétiens ;
– prendre acte de la rupture de mémoire dans la société ».

Nous publions ci-dessous la conférence du P. Stanislas Lalanne, Secrétaire général adjoint et Porte-parole de la Conférence des évêques de France, lors du colloque sur la communication organisé fin avril par l´Université pontificale Santa-Croce à Rome. Une « radiographie » particulièrement d´actualité à la veille du consistoire en vu duquel Jean-Paul II a demandé aux cardinaux de prendre en compte la question des relations de l´Eglise et des media.

La P. Lalanne montre tout d´abord que « la communication est au cœur de la foi » (I), il analyse ensuite « le contexte culturel et religieux français » (II). Il a analyse ensuite les structures de la communication » (III).

— L´expérience de la communication de l´Eglise de France —

Avant d´aborder les structures de la communication en France et le contexte culturel et religieux dans lequel elles s´inscrivent, il convient de rappeler que la communication ne constitue pas une activité facultative ou une option pastorale parmi tant d´autres pour l´Eglise, mais qu´elle relève de l´essence même de la foi chrétienne.

I. La communication est au cœur de la foi

Il est impossible pour un chrétien de ne pas s´intéresser à la communication. La foi n´est pas un trésor que l´on garde jalousement pour soi mais une richesse qui se communique, qui se partage avec le plus grand nombre. Ainsi, tout baptisé communique, la communication est pour ainsi dire constitutive de l´identité chrétienne.

1. La communication en Dieu

Au cœur de la foi chrétienne, il y a le mystère trinitaire où Dieu se révèle, non pas comme un point fixe où viendraient s´abolir toutes les différences, mais à l´inverse, comme une unité de communication dans la différence : une communauté de personnes. C´est une prodigieuse révélation.

Le Père est à l´origine de tout don : il donne et se donne. Le Fils est celui qui (se) reçoit et (se) redonne. L´Esprit Saint “ procède du Père et du Fils ” : il est ce lien (substantiel) entre l´un et l´autre. C´est le mouvement même de “donner-recevoir-rendre ” qui constitue l´amour définissant Dieu. Et cet amour en Dieu est inépuisable : il ne diminue pas en étant partagé car il peut se donner librement, gratuitement à une multitude d´enfants.

2. La communication de Dieu

La communication en Dieu se fait aussi communication de Dieu et toute l´histoire du salut peut être présentée comme la mise en partage par Dieu de la communication amoureuse qu´il est en lui-même.

Par le mystère de l´Incarnation Dieu s´est “ auto-communiqué ” aux hommes. En Jésus Christ, Dieu a pris nom et figure humaine pour se communiquer aux hommes en personne et les conduire à participer à la vie divine qui se révèle communion amoureuse du Père, du Fils et de l´Esprit.

La mort de Jésus témoigne d´un amour qui, malgré l´ingratitude et contre les puissances du mal, “ excuse tout, croit tout, espère tout, endure tout” (1 Cor 13, 7). Elle atteste jusqu´à l´extrême un amour fou qui ne peut se résoudre à la fin de la communication. En faisant don de sa vie, le Christ instaure la communication avec les hommes et avec Dieu.

La résurrection elle-même est œuvre de communication car elle apparaît comme l´attestation de Dieu que l´économie du don n´est pas rompue et que ni la mort ni le péché ne détiennent le dernier mot. Ainsi le Christ scelle en sa personne une Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes et entre les hommes eux-mêmes.

3. La communication selon Dieu

L´“ instrument de communication ” institué par le Christ, c´est l´Eglise à qui il appartient de communiquer selon Dieu.

Si l´Eglise est le moyen privilégié choisi par Dieu pour communiquer avec les hommes, cela implique que toute action de sa part doit se situer dans une double fidélité : fidélité au message reçue des apôtres d´une part, fidélité aux hommes et aux femmes de notre temps d´autre part.

Fidélité au message reçu des apôtres, d´abord. Toute traduction, toute interprétation comporte toujours un risque de trahison. En même temps l´annonce de la Bonne Nouvelle passe obligatoirement par nos cœurs, nos voix, nos mains, notre intelligence, avec toutes les limites et résistances que cela suppose.

La fidélité au message des apôtres se vérifie alors en premier lieu par le contenu du message communiqué. Parler sans se référer au Mystère pascal revient à parler à vide car il n´y a alors rien à communiquer. En toutes circonstances, la communication doit être bien enracinée dans les sources de la foi (Bible et Tradition). Ensuite cette fidélité se vérifie encore par l´humble acceptation de n´être qu´un témoin d´un mystère qui nous dépasse, d´une foi reçue comme cadeau, dont nul n´est propriétaire mais dont nous sommes tous dépositaires.

Fidélité aux hommes et aux femmes de ce temps, ensuite. Communiquer le message reçu des apôtres à nos contemporains suppose d´être en phase avec eux, de connaître leurs préoccupations, leurs visions de la vie et de la mort, leur recherche de sens, leur regard sur Dieu, sur la foi, sur l´Eglise, leurs blessures, leurs doutes, leurs révoltes. A défaut, toute parole ne peut être qu´une parole dans le vide.

Enfin pour la communication du message des apôtres à nos contemporains la pédagogie que Jésus déploie dans l´Evangile reste un modèle d´une grande actualité pour l´Eglise. Jésus se déplace, il va à la rencontre des hommes et des femmes. Il rencontre la Samaritaine sur le lieu de sa soif, les disciples d´Emmaüs sur leur route de tristesse… Communiquer en vérité, toucher les personnes, oblige donc à se déplacer sur le chemin de nos contemporains. Aller vers l´autre, c´est le rencontrer avec ses passions, ses révoltes, ses questions…

Jésus a recours à des gestes qui disent l´attention aux autres, la tendresse : il se penche sur la belle-mère de Pierre, touche le cercueil du fils de la veuve de Naïm… Il a l´art du dialogue au-delà des quiproquos et des malentendus, Jésus invite son interlocuteur à aller plus loin. Il utilise parfaitement la parabole. Cette forme de discours “ non-clos ” que l´on n´a jamais fini de comprendre et d´interpréter.

La fidélité au message des apôtres combinée avec la fidélité aux hommes et aux femmes d´aujourd´hui, – qui passe par cette pédagogie du désir, d´aller à la rencontre de l´autre, de l´inviter à aller plus loin, de lui permettre de dire “ je ” -, est le défi de la communication de l´Eglise depuis toujours. Dans un monde qui change rapidement, il faut prendre en considération l´évolution du contexte culturel et religieux pour pouvoir respecter cette exigence d´une double fidélité.

II. Le contexte culturel et religieux français

Fille aînée de l´Eglise, la France est aujourd´hui un Etat laïc où l´Eglise catholique bénéficie d´une image contrastée.

1. Une société laïque marquée par le christianisme

L´Histoire de France est intimement lié au développement du christianisme en Europe occidentale. De Clovis, en passant par Charlemagne, Saint Louis ou Henri IV, des pages
d´histoire commune ont été écrites. Bien sûr, le siècle des Lumières et la Révolution française ont changé les données. Le XIXe siècle a vu se développer une opposition entre Eglise et “ modernité ” qui a aboutit à la création d´un Etat laïc par la loi de 1905 instaurant la séparation des Eglises et de l´Etat.

Mais la société française actuelle est bien le fruit de son histoire et beaucoup de valeurs “ républicaines ” trouvent leur origine dans le christianisme. Le pape Jean Paul II a rappelé , lors de son premier voyage en France en 1980, que “liberté, égalité, fraternité étaient des idées chrétiennes ” et que la Déclaration universelle des Droits de l´Homme de 1948 était une transcription laïque de principes chrétiens. C´est d´ailleurs l´origine chrétienne et occidentale de cette Déclaration qui fait que son caractère universel est aujourd´hui encore contesté par certains pays où l´islam est la religion d´Etat.

Le respect des droits de l´Homme, qui implique le respect dû à chaque personne, quels que soient sa race, son sexe, sa religion, ses convictions politiques, etc. est une idée qui ne s´est imposée que très lentement, comme d´ailleurs le principe de la démocratie. A travers des luttes pour l´abolition de l´esclavage, la liberté religieuse, l´égalité de l´homme et de la femme notamment dans le mariage, le droit d´asile, le droit des peuples à disposer d´eux-mêmes, pour n´en citer que quelques uns, ces idées ont progressé et sont aujourd´hui admises bien que leur acquisition ne revêt aucun caractère définitif.

Qu´il s´agit là d´un héritage chrétien sera évident pour beaucoup, mais la récente polémique autour de la référence à un “ héritage religieux ” de l´Europe dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l´Union européenne, montre qu´il n´en va pas ainsi pour tous. A la demande des autorités françaises et au nom de la laïcité, “ héritage culturel, humaniste et religieux ” a été remplacé par “ patrimoine culturel et spirituel ”.

Cette application, contestée, du principe de la laïcité montre l´importance qu´il revêt dans la société française. Si la position de l´Eglise dans la société s´en trouve forcément modifiée, tous reconnaissent aujourd´hui la valeur de ce principe pour assurer véritablement la liberté religieuse.

2. Les conséquences de la laïcité

La séparation des Eglises et de l´Etat opérée par la loi de 1905 entraîne tout d´abord un certain nombre de conséquences pratiques.

En vertu de cette loi, la République française assure la liberté de conscience et le libre exercice des cultes, mais elle ne salarie ni subventionne aucun culte. A l´exception de l´Alsace et la Moselle, où le concordat de 1801 reste applicable, il ne subsiste, pour le reste de la France, que la prise en charge, par l´Etat ou les communes, de l´entretien des bâtiments servant au culte pour autant qu´ils étaient en service avant 1905.

En conséquence l´Eglise de France a des ressources financières très limitées et dépend pour son fonctionnement du bon vouloir des fidèles. Chacun des 95 diocèses français est autonome pour son fonctionnement financier ; il a son budget et ses ressources propres. Ces ressources sont le denier du culte (une contribution volontaire demandée aux fidèles et dont le versement et le montant sont laissés à leur libre appréciation), les quêtes dominicales, les offrandes de messe ou à l´occasion de cérémonies, dons et legs, kermesses, etc.

Les diocèses contribuent au financement des organes communs qui ont été institués au niveau national et à un fonds de solidarité permettant de rééquilibrer les ressources des diocèses les plus démunis. Ce manque de moyens financiers a bien évidemment ses conséquences pour la communication, tant dans les diocèses qu´au niveau national.

Une autre conséquence de la séparation des Eglises et de l´Etat est que la catéchèse ne peut être proposée dans les écoles publiques. Elle l´est dans les écoles catholiques, mais pour les autres cet enseignement doit se faire en dehors des horaires et des locaux de l´école. La catéchèse est en conséquence pris en charge par les paroisses avec le concours de nombreux bénévoles.

Un dernier exemple des conséquences pratiques du principe de la laïcité en France peut se trouver dans l´attitude de l´Etat à l´occasion de manifestations religieuses, comme celles qui ont eu lieu tout au long de l´année 2000. A aucun moment les autorités publiques ne se sont prononcées sur le Jubilé. Certes, les municipalités ont largement facilité l´organisation des rassemblements diocésains, notamment pendant le week-end de la Pentecôte. Mais il n´y a eu aucune prise de parole officielle au niveau national, ni même l´organisation d´un débat “ républicain ” sur les perspectives du IIIe millénaire ou autres. Le Jubilé a été un non-événement dans la vie publique, le “ religieux ” étant relégué dans la sphère de la vie privée.

Faut-il pour autant conclure à une condamnation de la laïcité ? Certes pas ! Il est aujourd´hui clairement admis par tous que seule une application intelligente du principe de la laïcité peut garantir la liberté religieuse, le libre exercice des cultes et le respect des convictions de chacun. Notamment à travers de nouveaux problèmes, comme celui du port du foulard islamique à l´école, la validité de ce principe dans l´intérêt de tous a été confirmée. Mais dans une telle société laïque, l´image de l´Eglise ne peut être uniforme.

3. Une image contrastée de l´Eglise catholique

Comme beaucoup d´Eglises en Europe de l´Ouest, l´Eglise en France est aujourd´hui caractérisée à la fois par de grandes fragilités et d´indéniables signes de vitalité.

Parmi les signes de vitalité de l´Eglise en France, la participation massive des jeunes Français et de leurs évêques (80 000 jeunes et 78 évêques) aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Rome au mois d´août dernier a certainement le plus marqué le grand public. Il convient d´y ajouter tous les jeunes qui demandent le sacrement de confirmation, tous les baptisés adultes, tous les dynamismes spirituels nouveaux qui se manifestent dans les monastères, les communautés ou à travers les retraites des laïcs, les milliers de chrétiens qui se mettent au service de l´Eglise pour la liturgie, la catéchèse, l´aumônerie, les conseils pastoraux, etc.

Mais il ne faut pas nier les fragilités. Il est vrai que le nombre de prêtres diminue, nonobstant quelques 120 nouvelles ordinations chaque année. Cela a déjà obligé l´Eglise, notamment dans les diocèses ruraux, à revoir son organisation et son fonctionnement. Elle a, en regroupant des paroisses, procédé à un “ réaménagement du territoire ” souvent précurseur par rapport aux initiatives des pouvoirs publics en la matière.

Il est vrai aussi que le pourcentage de personnes pratiquantes oscille aujourd´hui entre 8 et 10% de la population, alors qu´environ 75% de la population continue à se considérer comme catholique.

Ajoutées toutefois à l´évolution historique de la place de l´Eglise catholique dans la société française, cette image contrastée amène certains observateurs à considérer l´Eglise comme une survivance du passé qui n´a plus rien à apporter dans la société actuelle.

Le traitement dont l´Eglise fait l´objet dans les médias est d´ailleurs assez paradoxal. D´une part il y a une nette tendance “ à faire du christianisme en général, et de l´Eglise catholique en particulier, une réalité sinon marginale, en tout cas de plus en plus incongrue dans la société française ” (discours d´ouverture du cardinal Billé, président de la Conférence des évêques de France, à l´Assemblée Plénière de Lourdes, novembre 2000).

Mais, d´autre part,
l´Eglise catholique ne bénéficie pas le moins du monde des droits que l´on accorde généralement à toute minorité. “ En proférant contre l´Eglise catholique des sarcasmes qu´on n´oserait pas formuler à l´encontre du judaïsme, de l´islam et qui feraient scandale, on continue de traiter le catholicisme comme une puissance menaçante, un fait majoritaire. Cette discrimination, objectivement choquante, révèle une contradiction de la part de ceux qui annoncent la disparition prochaine du christianisme ” (René Rémond, Le christianisme en accusation, Desclée de Brouwer, 2000).

Plusieurs raisons peuvent venir expliquer ce phénomène et, notamment chez beaucoup de journalistes, une grande ignorance de la culture chrétienne et de l´Eglise catholique. Ils se font souvent une idée du christianisme à travers des clichés qui datent de l´époque où le catholicisme était largement majoritaire en France. Ils sont loin de la réalité d´aujourd´hui, où “ l´adhésion à la foi, avec ce qu´elle implique, revêt un caractère volontaire et cette adhésion demande souvent d´aller à contre-courant de l´opinion commune ” (Cardinal Billé, précité).

“ S´il n´en allait pas ainsi il y a une centaine d´années, c´est sans doute parce qu´il y avait une proximité entre l´enseignement de l´Eglise et les valeurs que la société reconnaissait comme siennes. Il n´en est évidemment plus ainsi. Aujourd´hui, la parole de l´Eglise est en rupture avec l´opinion commune. Surtout, elle paraît contredire à longueur de temps l´autonomie individuelle partout revendiquée et une libération des mœurs qui est comme le critère premier de la modernité ” (idem).

Aussi l´Eglise ne fait plus corps avec la société globale et aujourd´hui “ il est parfaitement possible, au plan culturel, dans notre société, d´ignorer le fait chrétien, dans son actualité comme dans son histoire. Cela peut empêcher de comprendre, mais cela n´empêche ni de vivre, ni de parler ” (idem). Il y a comme une rupture de la mémoire dans la société française.

C´est ce contexte culturel et religieux bien particulier qu´il faut garder à l´esprit pour comprendre le paysage médiatique français et la façon dont l´Eglise peut y concevoir sa communication institutionnelle.

III. Les structures de la communication

Depuis quelques dizaines d´années, l´Eglise en France a mis en place différentes structures pour organiser la communication. Elle a également conclu des accords avec les autorités civiles permettant une présence catholique à la radio et à la télévision publiques. Elle peut enfin s´appuyer sur une presse écrite catholique indépendante mais importante en France.

Il n´en demeure pas moins que les médias non-confessionnels occupent une place prépondérante dans le paysage médiatique français et qu´il convient, en conséquence, de voir l´incidence de cet état de fait sur le traitement de l´information religieuse.

1. Les structures proprement ecclésiales

A la suite du décret conciliaire Inter Mirifica (1963) et de l´instruction pastorale Communio et Progressio (1971), les évêques de France ont approfondi, en 1979 et 1980, la recherche pastorale de l´Eglise dans le domaine des médias. Cela a donné lieu à dix orientations pour une pastorale de la communication, votées à l´Assemblée Plénière des évêques de novembre 1980. Depuis cette date, de nombreux diocèses font de la communications une de leurs priorités pastorales.

La réflexion se poursuit, au niveau national, avec le Comité Permanent pour l´Information et la Communication (COPIC), dont le président actuel est Mgr Jean-Michel di Falco, évêque auxiliaire de Paris.

Lors de l´Assemblée Plénière à Lourdes en novembre 1998, les évêques de France ont voté un nouveau texte sur les structures de communication de l´Eglise en France. Tout en rappelant que la mission que le Christ confie à son Eglise est par essence communication, communication de l´Evangile, révélation du mystère de Dieu et de son projet d´alliance avec les hommes, message de vie, de liberté et d´amour, les évêques ont confirmé les responsabilités confiées au COPIC pour servir la communication tant au plan national que localement dans les diocèses.

Pour préparer, orienter, évaluer la politique de l´Eglise en matière de communication, le COPIC doit veiller à ce que cinq fonctions soient assurées :

-réaliser et diffuser les informations concernant la vie de l´Eglise,
-gérer les médias et organismes d´information et communication relevant de la Conférence des évêques de France,
-animer les diverses instances ecclésiales de communication,
-former les acteurs et les récepteurs de l´information,
-élaborer une pastorale de la communication.

Les structures qui y contribuent sont les suivantes :

a) Le service Information-Communication du Secrétariat général de la Conférence des évêques de France

C´est à l´occasion du concile Vatican II que l´épiscopat s´équipa, en 1962, d´un Secrétariat national de l´Information religieuse, qui deviendra, en 1965, le Secrétariat national de l´Opinion Publique et, en 1987, le Service “ Information-Communication ”.

Son responsable est le secrétaire général adjoint de l´Episcopat et porte-parole de la Conférence des évêques de France. En outre, il est secrétaire du COPIC.

Le rôle du service Information-Communication est de collaborer avec les médias pour transmettre les informations sur la vie de l´Eglise en France et faire entendre une parole d´Eglise dans les débats d´actualité. C´est aussi ce service qui transmet aux médias français les décisions et documents officiels émanant du Saint Siège : encycliques, exhortations apostoliques, déclarations des Congrégations romaines, nominations d´évêques français…

Plus de 600 journalistes de la presse écrite et audiovisuelle, française et étrangère, accrédités auprès du service Information-Communication, reçoivent les convocations aux conférences de presse et les informations accompagnées de notes de presse et de communiqués.

Ces informations sont complétées par une lettre bi-mensuelle d´information, le SNOP (sigle de l´ancien Secrétariat national de l´opinion publique), une revue de presse hebdomadaire, Doc-Presse, ainsi que la publication de l´annuaire Guide de l´Eglise catholique en France, sans oublier le site internet de la Conférence des évêques de France (cf. § b. ci-après).

Les grands événements sur lesquels l´Eglise intervient dépassent fréquemment l´univers religieux au sens strict : travail, santé, économie, défense nationale, famille, bioéthique, foi et politique, immigrés, tiers monde, culture… Ils sont traités alors, non seulement par des journalistes de l´information religieuse, mais aussi par les journalistes responsables de ces diverses rubriques. Cette collaboration, aussi passagère qu´indispensable (renseignements, interviews, etc.), doit être complétée par des contacts réguliers avec les rédactions et directions des journaux, radios et télévisions.

b) Le site www.cef.fr (L´Eglise catholique en France)

A ce dispositif est venu s´ajouter plus récemment l´utilisation des outils internet dont le service Information-Communication a la responsabilité éditoriale.

Le site www.cef.fr a été lancé officiellement par le pape Jean Paul II lors de sa visite à Tours le 21 septembre 1996. A l´occasion des JMJ de 1997 à Paris, un site pour et par les jeunes a été ouvert.

Le 6 janvier 1999, une nouvelle présentation en « Une » a été inaugurée et en 2000, en développant l´offre technique, cef.fr est devenu une « fédération de sites ». Un chantier de refonte du site est actuellement en cours.

-les sites
Le site comporte à la fois les
pages propres de la CEF et des sites partenaires.

Dans les pages propres de la CEF, la Conférence des évêques de France, les services nationaux, les commissions et les comités sont présentés. Un membre du Service Information-Communication en assure la rédaction en chef: en particulier, la “ une ” donne tous les jours l´actualité et des brèves en réaction aux événements. La section documentation permet de consulter et d´enregistrer des textes, des nominations et des documents, ainsi que les événements passés tels les JMJ, le Jubilé 2000, les Assemblées plénières, etc. Sont proposés également un calendrier, les saints du jour, une homélie et des commentaires bibliques pour le dimanche suivant. Enfin, des liens ont été créés vers des sites institutionnels (diocèses, services d´Eglise, mouvements, autres conférences épiscopales…) et vers des sites ressources.

Après quatre ans d´existence, un public d´habitués revient régulièrement sur la page d´accueil de www.cef.fr (environ 50 000 visiteurs/mois).

Les sites partenaires, hébergés par cef.fr, ont depuis l´année dernière, l´identifiant .cef.fr qui montre leur appartenance à l´Eglise catholique en France ; la responsabilité éditoriale de ces sites appartient à l´évêque ou au responsable du service ou de l´association.

En mars 2001, 59 diocèses et 57 associations, congrégations, mouvements et services nationaux sont actifs. Chacun de ces sites a ses caractéristiques: thème choisi, patrimoine artistique, ressources humaines ; leur diversité doit permettre de renseigner les internautes quels que soient leurs liens avec l´Eglise. La richesse du portail de l´Eglise catholique en France augmente rapidement et une réflexion pastorale accompagne cette expansion.

En accédant directement aux sites hébergés par www.cef.fr, par leurs adresses propres, quelques 1,7 millions de pages sont vues chaque mois.

-Le courrier électronique

La boîte à lettres cef@cef.fr établit le contact des internautes avec l´Eglise ; les courriers reçus sont variées… depuis des recherches d´informations très pratiques jusqu´à des demandes de conseils personnels émanant de personnes très éloignées de l´Eglise.

Le courrier électronique permet aussi à des paroisses ou associations de diffuser leurs bulletins. Une telle diffusion d´informations peut également toucher des personnes qui fréquentent peu l´église.

Une autre utilisation du courrier électronique consiste en un échange de renseignements : recherche de ressources de catéchèse, de documents, d´initiatives diverses qui sont ainsi partagés par un ensemble de personnes qui n´auraient sans doute pas autrement la possibilité de travailler ensemble.

-Les forums

Animés par les sites partenaires, leur nombre et les sujets abordés sont fonction de leur ressources : vocation, aumôneries, congrégations… La Conférence des évêques de France en tant que telle n´anime pas de forum. L´utilisation de cet outil est très interactive : similaire à un débat public, il apporte aussi la possibilité de témoigner, d´échanger, de construire et demande la présence d´un animateur-modérateur qui arbitre les messages, dynamise lorsque c´est nécessaire et vérifie que ceux-ci ne sont pas hors sujet.

En quelques années, les outils internet ont pris une place grandissante dans les moyens de communication de l´Eglise. Cet outil grand public peut devenir un moyen de renouer contact avec l´Eglise pour tous ceux qui ne la fréquentent qu´à l´occasion des grands événements, même si ce nouveau média n´est encore utilisé que par une minorité de personnes en France.

c) Le rôle du porte-parole

Le rôle du porte-parole de la Conférence des évêques de France comporte plusieurs aspects :

-intervention, au nom des évêques de France, dans les différents médias (presse écrite, radio, télévision) sur des sujets et des thèmes extrêmement variés touchant la vie de l´Eglise, le contenu de la foi catholique, les questions de société, les questions éthiques. Les exemples sont multiples ;

-conseil et aide auprès des journalistes pour les aider à faire le mieux possible leur travail d´informateur : répondre en permanence à leurs multiples questions tous azimuts, leur donner des clés d´interprétation et de compréhension sur des événements, des textes ou déclarations, leur transmettre des sources documentaires pour alimenter leur réflexion, leur fournir de manière quasiment quotidienne des personnes à consulter ou à interviewer (évêques, prêtres, personnes-ressource), être finalement une instance de conseil et unes sorte d´ “ interface ” entre l´Eglise et les médias. Ceci suppose l´établissement de liens personnels, de confiance mutuelle ;

-conseil auprès des évêques sur tout ce qui touche à la communication, au rapport aux médias ;

-lien avec les délégués épiscopaux à l´information des diocèses de France ;

-relations publiques, interventions diverses, participation à la mise en place de formations pour les acteurs de la communication dans l´Eglise.

d) Les Délégués épiscopaux à l´information

Dans les 95 diocèses français ont été désignés progressivement des délégués épiscopaux à l´information. Ceux-ci ont la responsabilité de l´information et de la communication dans les diocèses et travaillent en lien étroit avec le porte-parole de la Conférence des évêques de France. Ils permettent de mieux témoigner de la vitalité de toute l´Eglise qui est en France.

e) Le Service National de la Pastorale de la Communication (SNPC)

Service d´Eglise, ce service est un lieu de ressources et d´animation déployant une triple fonction d´observation et recherche, de production et documentation, de formation pratique, au service notamment :
-des instances nationales et diocésaines de communication, des Délégués épiscopaux à l´information, des attachés de presse, des directeurs de bulletins diocésains, etc.,

-des instituts et lieux de formation,

-des chrétiens engagés dans les médias (en particulier à travers l´organisation de la Journée Chrétienne de la Communication),

-des organisations professionnelles tant au plan national que local.

Son responsable, qui a le statut de secrétaire national, est nommé par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France sur présentation du COPIC, qui est l´autorité de tutelle de ce service.

2. Le cas de la radio et de la télévision

Pour ces deux médias, il existe à la fois des structures ecclésiales propres et des accords particuliers avec le service public.

a) Les Radios

Depuis 1981, avec la naissance de la bande FM, les radios chrétiennes sont apparues. La première créée a été Radio Notre-Dame (Paris). Aujourd´hui 78 radios sont regroupées au sein de la FFRC (Fédération françaises des radios chrétiennes).

En 1990, la Conférence des évêques de France a décidé le principe de la création d´un serveur interdiocésain des radios chrétiennes. Ce serveur RCF (Radios Chrétiennes en France) associe 40 radios représentant 125 fréquences sur 42 départements et 2 radios francophones chrétiennes en Belgique.

Radio Notre-Dame a mis en place avec plusieurs radios diocésaines une banque de programmes chrétienne et francophone, la COFRAC.

Enfin, en vertu d´un protocole d´accord, la radio publique France Culture transmet la messe tous les dimanches et jours de fête ainsi que les conférences de Carême à Notre-Dame de Paris. Un protocole d´accord équivalent existe avec RFO (Radio et Télévision d´Outre-mer).

b) La Télévision

La chaîne publique France 2 diffuse tous les dimanches matin l´émission Le Jour du Se
igneur, également en vertu d´un protocole d´accord avec le COPIC. Cette émission est la plus ancienne de la télévision française : elle vient de fêter ces 50 ans d´existence. Elle bénéficie toujours d´une audience importante (plus d´un million de personnes).

Créé en décembre 1999 par le diocèse de Paris, KTO est aujourd´hui la seule chaîne thématique catholique à émettre des programmes de télévision sur le câble et sur satellite.

3. La Presse écrite confessionnelle

En janvier 1995 a été créé la Fédération Française de la Presse Catholique (FFPC) qui regroupe les trois organisations représentant la presse locale, régionale et nationale catholique :

-Le Centre National de Presse Catholique (CNPC), qui réunit 29 titres publiés par 9 entreprises de presse diffusant sur un an 120 millions d´exemplaires. Parmi ces entreprises, il y a notamment Bayard Presse (avec le quotidien La Croix, des hebdomadaires comme par exemple Le Pèlerin, mais aussi d´autres périodiques comme la Documentation catholique, Panorama, Grains de Soleil, etc.), Malesherbes Publications (La Vie, Prier, etc.).

-L´Association Nationale de la Presse Catholique Régionale (APCR), qui rassemble la totalité des hebdomadaires catholiques de province avec un tirage cumulé de 15 600 000 exemplaires annuels ;

-La Fédération Nationale de la Presse Locale Chrétienne (FNPLC), qui regroupe 2000 journaux catholiques locaux affichant un tirage cumulé de 20 millions d´exemplaires annuels.

4. Les médias non-confessionnels

Dans les médias non-confessionnels, qui occupent une place infiniment plus grande dans le paysage médiatique, la place faite à l´information religieuse est souvent réduite.

Les grands quotidiens nationaux et certains journaux de province ont des journalistes spécialisés qui traitent l´information religieuse et qui sont, pour la plupart, compétents et de grande qualité. Mais les rédactions comptent de moins en moins de spécialistes du religieux. Elles rattachent de plus en plus l´actualité religieuse aux services des informations générales : autrement dit, elles tendent à ne plus rendre compte que des “ grands événements ”.

Elles ne prennent donc pas toujours le temps de relever les actions – pour eux peu spectaculaires – qui se réalisent au jour le jour, tout au long de l´année. De surcroît, le traitement des événements souffre des connaissances souvent assez parcellaires qu´ont les journalistes non-spécialisés de la foi et de l´Eglise catholique.

Ainsi, il leur arrive de porter plus d´attention aux faiblesses et aux travers des personnes et des institutions qu´à la force du message évangélique et à sa pertinence dans notre monde en recherche de sens. De même, ils attachent parfois autant d´importance à tel ou tel point de la discipline de l´Eglise qu´à la foi en la résurrection du Christ ; alors que – comme le dit le concile Vatican II – “ il existe un ordre ou une hiérarchie des vérités de la doctrine catholique, en raison de leur rapport différent avec les fondements de la foi chrétienne ” (Décret sur l´œcuménisme, n° 11).

Un problème identique du traitement de l´information et des événements à caractère religieux se retrouve dans l´audiovisuel. Beaucoup de chaînes de télévision et de stations de radio n´ont même plus d´informateur religieux permanent.

Il en ressort souvent pour les catholiques en France l´impression que leur foi et leur Eglise sont maltraitées par les médias. Une récente étude faite sur les “ Images de la religion à la télévision ” oblige toutefois à nuancer une telle appréciation. (Etude de SNPC/Chrétiens-Médias, Département de Communica-tion/Université Catholique de Lyon, Comité Français de Radio-Télévision, avec des contributions de Jean Bianchi, Martine Roger-Machart, Gabriel Nissim, octobre 2000).

L´observation des programmes de télévision sur une année (6 avril 1998 – 6 avril 1999) montre qu´en dehors des journaux, 410 programmes ont traité un thème religieux, dont 311 concernent l´Eglise catholique. Bien sûr, beaucoup d´idées reçues s´expriment dans ces émissions (Eglise vieillissante, conserva-trice, répressive, fortement hiérarchisée, etc.). Mais un regard positif y est porté sur les représentants de l´Eglise qui incarnent des valeurs fortes : solidarité avec les pauvres, tolérance et dialogue, etc. En revanche, chaque fois qu´une contra-diction apparaît entre les valeurs prônées et le comportement des chrétiens, les médias ne manquent pas de souligner l´incohérence.

Si l´image de l´Eglise catholique que reflète la télévision n´est donc pas aussi négative que le pensent bon nombre de catholiques, force est de constater néanmoins qu´il s´agit souvent d´une image tronquée ou caricaturale et que la majorité de la population française ne voit que cette image-là !

Conclusion

Aujourd´hui nous vivons dans la surabondance des informations de toutes sortes qui nous inondent à longueur de journée. Dans ce flot constant, il est difficile de faire entendre une parole d´Eglise. La voix de l´Eglise devient une voix parmi tant d´autres.

La communication selon Dieu nous oblige à nous rendre sur le lieu même du désir de nos contemporains. Quels que soient les efforts de l´Eglise en ce domaine, et qui sont sûrement toujours à améliorer et à renouveler, il n´en demeure pas moins que nos contemporains qui veulent entendre la parole de l´Eglise sont obligés de faire un effort pour la capter au milieu du bruit médiatique ambiant.

Parmi les 8 à 10% de catholiques pratiquants en France, beaucoup vont faire l´effort de lire la presse confessionnelle ou de s´informer par un biais ou un autre sur la vie de l´Eglise. Il est important que ces chrétiens engagés soient en mesure de restituer autour d´eux dans le monde le message du Christ. Il faut donc veiller particulièrement à parfaire leur connaissance et compréhension de la foi et de la vie de l´Eglise.

Toutefois, la grande majorité des Français ne voit et ne verra de l´Eglise que ce que les médias veulent bien leur montrer. Quelques lignes de force se dégagent alors de la pratique pour veiller à une meilleure transmission :
– prendre en considération les contraintes des journalistes (temps, espace) ;
– former les journalistes et les chrétiens ;
– prendre acte de la rupture de mémoire dans la société.

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ZENIT Staff

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