ROME, Vendredi 7 décembre 2007 (ZENIT.org) – « Pour moi Jésus est-il l’un des prophètes, ou le Fils du Dieu vivant ? ». C’est à cette question que le P. Raniero Cantalamessa a consacré ce vendredi sa première prédication de l’Avent, en présence du pape et de la curie romaine.
Pour répondre à cette question sur l’identité de Jésus, le prédicateur de la Maison pontificale a expliqué les caractéristiques de la recherche historique actuelle sur Jésus, appelée la « troisième recherche ».
Cette « troisième recherche » considère « la compatibilité d’une donnée évangélique avec le judaïsme de l’époque ».
« Si auparavant, la marque d’authenticité d’une déclaration ou d’un fait était sa nouveauté et son caractère inexplicable par rapport au contexte, aujourd’hui c’est au contraire le fait qu’il soit ‘explicable’ à la lumière de nos connaissances du judaïsme et de la situation sociale de la Galilée à l’époque », explique-t-il.
Le P. Cantalamessa précise que cette nouvelle approche a des avantages « évidents » : « On retrouve la continuité de la révélation ».
Mais « le problème est que l’on est allé tellement au-delà de cette conquête qu’on en a fait un échec. Dans la pensée de nombreux représentants de cette troisième recherche, Jésus finit par se dissoudre complètement dans le monde juif, sans plus se distinguer de ce monde si ce n’est par quelques détails ou interprétations particulières de la Torah », explique le prédicateur capucin.
« Cette insistance sur le Jésus juif parmi les juifs vient, au moins en partie, du désir de réparer les torts historiques infligés à ce peuple et de favoriser le dialogue entre juifs et chrétiens », souligne le P. Cantalamessa.
Mais il explique que « c’est précisément un juif, le rabbin américain Jacob Neusner, qui a souligné le caractère illusoire de cette approche à des fins de dialogue authentique entre le judaïsme et le christianisme ».
« Neusner a souligné l’impossibilité de faire de Jésus un juif ‘normal’ de son temps, ou un juif qui se détache des autres uniquement sur des points d’importance secondaire », précise le prédicateur de la Maison pontificale.
« Il a eu un autre très grand mérite, celui de montrer la futilité de toute tentative de séparer le Jésus historique du Christ de la foi », a-t-il poursuivi.
Le P. Cantalamessa explique que le rabbin américain « malgré sa fascination pour la doctrine et la personne du Galiléen », comprend « qu’il ne peut devenir son disciple » car « pour accepter ce que dit cet homme, il faut lui reconnaître la même autorité que Dieu. Il ne se limite pas à ‘accomplir’, mais il remplace la Torah ».
« Jésus n’a pas seulement revendiqué pour lui-même une autorité divine, poursuit le prédicateur, mais il a également donné des signes et des garanties comme preuve : les miracles, son enseignement… l’accomplissement des prophéties… puis sa mort, sa résurrection et la communauté née de lui qui accomplit l’universalité du salut annoncée par les prophètes ».
Gisèle Plantec