ROME, Mercredi 5 décembre 2007 (ZENIT.org) – « Chromace voulut d’abord se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour être capable de l’annoncer », a dit Benoît XVI lors de l’audience générale, dont la catéchèse a été consacrée à ce saint évêque d’Aquilée, du IVe s.
Le pape a tenu l’audience du mercredi en la salle Paul VI du Vatican devant quelque 8000 fidèles du monde entier.
La priorité de saint Chromace fut, disait le pape, de « se mettre à l’écoute de la Parole, pour être capable d’en être ensuite l’annonciateur : dans son enseignement, il part toujours de la Parole de Dieu et il y revient toujours ».
La Trinité, le Saint-Esprit, le Christ
Il citait trois principales thématiques : « tout d’abord le mystère trinitaire, qu’il contemple dans sa révélation au cours de toute l’histoire du salut. Ensuite, le thème de l’Esprit Saint : Chromace rappelle constamment les fidèles à la présence et à l’action de la troisième Personne de la Très Sainte Trinité dans la vie de l’Eglise. Mais le saint évêque revient avec une insistance particulière sur le mystère du Christ. Le Verbe incarné est vrai Dieu et vrai homme : il a intégralement assumé l’humanité, pour lui faire don de sa propre divinité. Ces vérités, réaffirmées avec insistance également avec une fonction antiarienne, déboucheront une cinquantaine d’années plus tard sur la définition du Concile de Chalcédoine. La forte insistance sur la nature humaine du Christ conduit Chromace à parler de la Vierge Marie. Sa doctrine mariologique est limpide et précise ».
Marie et l’Eglise
Par ailleurs, l’évêque d’Aquilée « met souvent la Vierge en relation avec l’Eglise : en effet, toute les deux sont ‘vierges’ et ‘mères’. L’ecclésiologie de Chromace se développe surtout dans le commentaire de Matthieu. Voici plusieurs concepts récurrents : l’Eglise est unique, elle est née du sang du Christ ; elle est le vêtement précieux tissé par l’Esprit Saint ; l’Eglise est là où l’on annonce que le Christ est né de la Vierge, où fleurit la fraternité et la concorde ».
La sainte famille de Chromace
Benoît XVI rappelait qu’en 388, lorsque Chromace accèda au siège épiscopal d’Aquilée, dans le Nord Est de la péninsule italienne, la communauté chrétienne comptait déjà de nombreux martyrs et avait combattu l’hérésie arienne : la ville avait été le siège du synode de 381.
Le pape souligne que le grand Athanase lui-même, « héraut de l’orthodoxie de Nicée, que les ariens avaient chassé en exil », trouva refuge pendant quelques temps à Aquilée, et que saint Jérôme, qui était né en Dalmatie, et Rufin de Concorde, « parlent avec nostalgie de leur séjour à Aquilée » (370-373), qu’il considère comme un « cénacle théologique », et « comme un chœur de bienheureux ».
Plus encore, saint Jérôme, souligne le pape, « compare la mère de Chromace à la prophétesse Anne », et ses deux sœurs « aux vierges prudentes de la parabole évangélique », enfin, « Chromace lui-même et son frère Eusèbe au jeune Samuel », disant encore : « Le bienheureux Chromace et saint Eusèbe étaient frères par les liens du sang, tout autant que par l’identité de leurs idéaux ».
Benoît XVI rappelle aussi qu’à l’époque, « la juridiction ecclésiastique d’Aquilée s’étendait des territoires actuels de la Suisse bavaroise, d’Autriche et de Slovénie, jusqu’à la Hongrie ».
Le pape rapporte encore cet épisode de la vie de saint Jean Chrysostome, témoignant de l’estime dont jouissait l’évêque d’Aquilée : « Lorsque l’évêque de Constantinople fut exilé de son siège, il écrivit trois lettres à ceux qu’il considérait comme les plus importants évêques d’Occident, pour en obtenir l’appui auprès des empereurs: il écrivit une lettre à l’évêque de Rome, la deuxième à l’Evêque de Milan, la troisième à l’évêque d’Aquilée, précisément Chromace.
L’importance « internationale » d’Aquilée
Aquilée était alors en effet « la quatrième ville de la péninsule italienne et la neuvième de l’empire romain », suscitant les convoitises des Goths et des Huns, et mettant aussi en danger le patrimoine culturel : les œuvres des Pères, les écrits de Chromace dispersés souvent attribués ensuite à d’autres auteurs, soit « plus d’une quarantaine de sermons, dont une dizaine sont fragmentaires, et plus de soixante traités de commentaire à l’Evangile de Matthieu ».
Benoît XVI rappelait le « don » de prédicateur de saint Chromace qui, « en pasteur zélé », savait « parler à ses fidèles avec un langage frais, coloré et incisif », préférant au latin la langue vernaculaire, « riche en images facilement compréhensibles ».
Anita S. Bourdin