Le nouvel An juif approche : découverte des « fêtes d’automne » (1)

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Par le P. Michel Remaud

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ROME, Lundi 10 septembre 2007 (ZENIT.org) – Jeudi prochain, 13 septembre, les Juifs fêtent le Nouvel An (Rosh ha-shana 5768). C’est le début des « fêtes d’automne » que le Père Michel Remaud, directeur de l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature rabbinique (www.institut-etudes-juives.net), à Jérusalem, fait découvrir aux lecteurs de Zenit.

On pourra aussi se reporter au site de l’Eglise de Paris qui encourage les catholiques à présenter leurs vœux de bonne année à leurs amis juifs (cf. http://catholique-paris.cef.fr/).

Le dimanche 16 septembre 2007 est en effet choisi pour éveiller les chrétiens à l’enracinement de notre foi dans l’Alliance conclue par Dieu avec le peuple juif et à l’importance de tisser des liens personnels de connaissance et d’estime mutuelle. Cette initiative est organisée conjointement par le Service national pour les Relations avec le Judaïsme et la Commission Chrétiens et Juifs de la Fédération Protestante de France. Initialement proposée dans l’Ile de France, elle s’étend maintenant à bon nombre de régions de France.

Les fêtes juives d’automne, par le P. Remaud

Le mois de tishri (cette année, du 13 septembre au 12 octobre), considéré aujourd’hui comme le premier de l’année juive, est aussi celui qui est le plus riche en fêtes liturgiques ; richesse qu’il est très difficile de faire sentir en quelques lignes.

Rosh ha-shana, le commencement de l’année
Le premier jour du mois est désigné par l’expression Rosh ha-shana, c’est-à-dire le commencement (la « tête ») de l’année. La tradition juive accorde à cette fête une signification multiple. C’est d’abord le jour où Dieu juge le monde et où tous les mortels défilent un à un devant lui, selon l’expression du Talmud. Au terme de ce jugement, le sort de chacun est fixé pour l’année qui commence. En réalité, le jugement n’est prononcé ce jour-là que pour les justes parfaits, qui sont innocents, et pour les méchants endurcis, qui se ferment au repentir. Pour les « intermédiaires » — et tout croyant doit présumer qu’il se range dans cette catégorie — , Rosh-hashana ouvre une période de sursis de dix jours, dont il sera question plus loin, que chacun doit mettre à profit pour se repentir. C’est aussi le 1er tishri, que fut créé l’homme ; ce jour marque donc l’achèvement de la création. Depuis l’époque talmudique, c’est le jour où l’on commémore le sacrifice, ou plutôt la « ligature » d’Isaac, dont les sources disent qu’il s’est offert librement. La corne de bélier, le shofar, dont la sonnerie marque la liturgie de ce jour, doit rappeler à Dieu le bélier qui, selon le livre de la Genèse, fut offert à Dieu à la place d’Isaac. Pour toutes ces raisons, Rosh ha-shana est aussi appelé dans les sources « le jour du souvenir » : mémorial de la création ; souvenir du jour où l’homme, à peine créé, fut jugé et gracié ; jour où Dieu fait mémoire des œuvres de chacun ; mémorial du sacrifice volontaire d’Isaac, dont l’offrande spontanée doit plaider auprès du Créateur en faveur de ses descendants.

Les « jours redoutables »
Rosh ha-shana inaugure une période de dix jours, dits « jours redoutables », marqués essentiellement par la nécessité du repentir. Le prières de repentance occupent une place particulière dans la prière liturgique de cette période. Pendant ces dix jours, chacun est invité à se mettre en paix avec son prochain. Dieu ne peut pardonner que les fautes commises envers lui. Les offenses commises contre le prochain ne peuvent être pardonnées que par l’offensé, et nul ne peut prétendre au pardon divin s’il n’est en paix avec ses frères. Cette exigence du pardon mutuel est généralement prise très au sérieux et la période des « jours redoutables » est souvent l’occasion de véritables réconciliations.

Le « Kippour »
Le dix du mois est célébré le Jour des expiations, Yom hakkipourim ou, plus simplement, Yom kippour ou Kippour, journée de jeûne intégral et de pénitence. Jusqu’à la destruction du Temple, la liturgie de ce jour, assez complexe, occupait toute la journée et son poids reposait essentiellement sur le grand prêtre. Elle était marquée notamment par les sacrifices du bouc et du taureau (cf. Lv 16), auxquels fait allusion l’épître aux Hébreux, et par l’expulsion vers le désert du bouc émissaire, chargé des péchés du peuple. Aujourd’hui, la prière synagogale supplée à la liturgie du Temple, et les longues litanies pénitentielles, très répétitives, ainsi que les chants liturgiques propres à ce jours, remplissent presque sans interruption une journée dont le croyant passe la plus grande partie à la synagogue. Au terme de la journée, lorsque retentit la sonnerie du shofar, il est d’usage de s’adresser mutuellement le vœu de « hatima tova », par lequel on souhaite que le sort de chacun soit scellé pour le meilleur dans l’année qui commence.
(à suivre, demain, la fête des « Tentes », Succot)

© Michel Remaud

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ZENIT Staff

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