L’Eglise du Laos fortifiée dans la foi au travers des difficultés

Print Friendly, PDF & Email

Entretien de Fides avec Mgr Jean Khamsé Vithavong

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Dimanche 9 septembre 2007 (ZENIT.org) – Au moment où les pasteurs du Laos achevaient leur visite ad limina (cf. Zenit des 3 et 6 septembre 2007), Mgr Jean Khamsé Vithavong, OMI, Vicaire Apostolique de Vientiane a accordé un entretien à l’agence Fides.

« Nous venons ici en tant que fils de l’Eglise, prêts à servir et à écouter l’Eglise de Rome. La visite ad limina fait que nous ne nous sentons pas seuls. Nous ne sommes pas abandonnés à nous mêmes : c’est très important pour nous de voir que le pape et tous ses collaborateurs se préoccupent de nous qui sommes une Eglise très pauvre et très petite. Même s’il en est ainsi, dans l’Eglise universelle nous sommes pris en considération et nous sommes très encouragés par notre mission au Laos » : c’est ce qu’a déclaré Mgr Jean Khamsé Vithavong, OMI, vicaire apostolique du Vietnam, de passage à Rome pour la visite ad limina des évêques du Laos et du Cambodge, à l’agence Fides.

Mgr Khamsé rappelle que l’Eglise laotienne est une jeune communauté, qui a connu l’Evangile il y a environ 120 ans, « grâce aux premiers missionnaires venant des confins de la Thaïlande. Par conséquent les deux pays sont similaires par la langue, l’ethnie et la culture. Ce furent les prêtres des Missions Etrangères de Paris (MEP) qui fondèrent les premiers établissements en 1885. Puis ils se sont étendus au nord et au sud, jusqu’à la naissance du premier Vicariat Apostolique en 1889, qui à l’époque comprenait environ 10.000 habitants baptisés. Puis en 1935, se sont aussi ajoutés les Oblats de Marie Immaculée (OMI) ».

L’évêque remarque que « les missionnaires ont été une présence précieuse pour le peuple, ils ont appris la langue, ont partagé leur vie avec les gens, ont apporté l’Evangile et aidé à la formation d’une première petite communauté catholique locale ». Ce parcours subit une brusque interruption en 1975 lorsque, avec la venue des socialistes « Pathet Lao », les missionnaires furent contraints de quitter le pays : « Nous les quelques prêtres laotiens avons été laissés seuls. Une période très difficile pour l’Eglise du Laos s’est alors ouverte. Quelques prêtres et évêques furent mis en prison. La situation, après une quinzaine d’années, s’est légèrement assouplie et jusqu’à aujourd’hui s’est encore améliorée, avec une plus grande ouverture des autorités et la concession de plus de liberté ; mais cela ne veut pas dire que les choses ont profondément changé.

Dans cette situation de souffrance il y a quelques petits signes d’espérance, comme les récentes ordinations de quelques prêtres catholiques. Actuellement le pays n’en compte que 15 (pour 43.000 fidèles) et l’une des priorités de l’Eglise est d’améliorer la pastorale des vocations sacerdotales : on remarque que le gouvernement ne concède pas de visa aux enseignants étrangers. Et la préparation que nous pouvons donner aux jeunes en chemin vers le sacerdoce n’est pas suffisamment adaptée à celle requise pour devenir prêtre, d’un point de vue philosophique et théologique. Nous avons ouvert un séminaire dans les diocèses de Savannakhet, mais les questions du manque d’enseignants restent problématiques. Nous faisons ce que nous pouvons, en espérant aussi dans l’aide des congrégations religieuses, comme celle des Oblats de Marie Immaculée, ou dans la possibilité d’envoyer des séminaristes pour des périodes d’études à l’étranger.

Un travail remarquable de l’Eglise laotienne est en train de se développer aussi envers les laïcs : « il faut s’occuper des laïcs, dont le nombre grandit peu à peu : aujourd’hui au Laos il y a 250 catéchistes. Dans les diocèses du Vietnam, il y a trois soeurs philippines qui s’occupent des couples, des enfants et surtout des jeunes. Un jeune de leur groupe a participé à la Journée Mondiale de la Jeunesse, et ils espèrent pouvoir aller en Australie pour les JMJ 2008. Les religieuses (ce sont les Filles de la Charité) font de leur mieux. C’est tout ce que nous pouvons faire dans la situation où nous sommes, comme jeune Eglise asiatique. Nous nous confions à Dieu, à l’aide de l’Eglise de Rome, et au soutien des congrégations religieuses «.

Les membres des ordres religieux ont aussi donné leur vie pour l’Eglise laotienne. Mgr Khamsé évoque deux missionnaires OMI, ses confrères, qui ont été un exemple pour le peuple laotien : p. Mario Borzaga (dont le procès de béatification est en cours) et p. Marcello Zago : «J’ai connu le P. Mario Borzaga quand j’étais très jeune : c’était un bon musicien et j’ai joué avec lui. C’était une personne délicate et transparente. J’ai beaucoup apprécié son coeur ouvert, charitable et communicatif : je me rappelle du rapport qu’il a réussi à instaurer avec les moines bouddhistes, fait de partage de vie et d’amitié sincère. Puis il fut appelé à Rome pour endosser des responsabilités importantes, mais son charisme est resté intact ».

« La religion catholique, considérée généralement comme une ‘religion étrangère’, est mieux connue, et a changé positivement l’opinion générale envers notre foi. Aujourd’hui nous avons des conversations, même si nous ne pouvons pas le montrer trop ouvertement et officiellement. Les semences de la foi croissent progressivement ».

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel