ROME, Lundi 3 septembre 2007 (ZENIT.org) – Le gouvernement a pris de fermes mesures à l’encontre du prosélytisme chrétien au Cambodge, indique « Eglises d’Asie », l’agence des missions étrangères de paris (EDA 468 du 1er septembre, http://eglasie.mepasie.org).
Le 19 juillet dernier, Khun Haing, ministre des Cultes et des Religions, a réuni dix-huit responsables chrétiens, dont trois catholiques, afin de leur faire part d’une nouvelle directive qui interdit « toutes les activités de prosélytisme chrétien ». Cette directive, qui vise à mieux encadrer les activités religieuses des différentes Eglises chrétiennes du Royaume, prévoit également de réglementer la construction des édifices religieux, d’interdire le porte à porte et les aides financières ou en nature versées pour inciter à la conversion. Ce genre de directives n’est pas nouveau puisque certaines avaient déjà été publiées en 1999 et en 2003.
Selon la récente circulaire, les enseignants et les responsables religieux sont autorisés à prêcher uniquement dans leurs lieux de prières ou d’exercice de leurs fonctions et tout projet de construction d’un édifice religieux devra être soumis à l’approbation des autorités compétentes.
Le ministre des Cultes et des Religions a justifié cette décision du fait de la multiplication des plaintes enregistrées contre des groupes chrétiens. Selon un prêtre catholique en mission au Cambodge depuis de nombreuses années, certains protestants anglo-saxons n’hésitent pas à verser des dons en argent ou en riz en échange d’une participation au culte, ils distribuent des bibles bilingues pour l’apprentissage de l’anglais et certains vont même jusqu’à interdire l’entrée dans les pagodes, dénigrant le bouddhisme qu’ils considèrent comme une religion fausse (1). « Par de telles pratiques agressives, ajoute le missionnaire, ces groupes chrétiens suscitent la haine et le fanatisme, qui commencent à pointer chez certains bouddhistes, pourtant si tolérants ! »
Le prosélytisme de certains groupes « nuit à la société et peut provoquer des troubles », a déclaré un haut fonctionnaire du ministère. En 2003 déjà, des fidèles bouddhistes en colère avaient donné l’assaut et incendié un temple protestant, près de la frontière vietnamienne (2), et, en 2004, la province de Preiveng a également connu des tensions religieuses. Selon Khun Haing, ces décisions visent à maintenir la paix dans la société khmère, tout comme une récente directive interdit aux moines bouddhistes de se joindre à des manifestations, après que des heurts entre deux groupes de bonzes ont éclaté dans les rues de Phnom Penh, en avril dernier.
Pour Mgr Antonysamy Susairaj, préfet apostolique de Kompong Cham, la décision prise par le ministère des Cultes et des Religions est compréhensible en ce sens que les autorités cherchent à limiter le prosélytisme agressif et méprisant de certains groupes protestants. L’ennui, précise-t-il, c’est que beaucoup de Khmers ne dissocient pas l’Eglise catholique des protestants, et les comportements agressifs de certains, par amalgame, peuvent contribuer à donner une mauvaise image de l’Eglise catholique.
Depuis la parution de la circulaire, certaines communautés chrétiennes, dont des paroisses catholiques, ont eu droit à des contrôles. Récemment, des concerts au stade olympique de Phnom Penh organisés par des évangélistes américains ont été annulés, faute d’avoir obtenu les autorisations officielles, les autorités publiques craignant probablement que se renouvellent les événements survenus lors de la visite du télévangéliste Mac Evans en novembre 2004 (3).
(1) Au Cambodge, plus de 90 % des 12 millions d’habitants sont bouddhistes.
(2) A ce sujet, voir EDA 371 et 380
(3) Le télévangéliste Mac Evans avait été obligé de quitter précipitamment la capitale cambodgienne, menacé par une foule de manifestants qui lui reprochait ses accusations agressives contre le bouddhisme et surtout l’échec des guérisons qu’il avait promises. Voir EDA 189