ROME, Mardi 5 juin 2007 (ZENIT.org) – La nouvelle de la mort d’un étudiant de 15 ans qui venait de fumer un joint dans les couloirs de son école à Milan, a suscité d’énormes polémiques en Italie, où l’on enregistre une augmentation du phénomène de consommation des drogues dites « légères » dans les écoles.
Pour ne pas parler des scènes vidéos sur Internet montrant des jeunes en train de s’échanger un joint durant les heures de cours (www.scuolazoo.com), ou montrant dans le pire des cas – comme mini film sur « You Tube » – un professeur en train de se « rouler » un joint en classe.
Interrogée par ZENIT sur les dangers liés à la consommation de ces soi-disant drogues légères, le docteur Maria Cristina Del Poggetto, spécialiste en psychiatrie et en psychothérapie relationnelle, estime que ces « épisodes, au-delà de tout jugement que l’on ne saurait porter qu’en connaissance de cause, peuvent être l’occasion de faire passer des messages ».
« Aujourd’hui nous savons – explique le docteur Del Poggetto – que le cannabis est la porte ouverte à d’autres drogues. Aux Pays-Bas, où le cannabis est légal, des études faites sur des jumeaux ont montré qu’il n’y a pas de superposition entre le circuit de distribution du cannabis et celui des autres drogues et qu’un accès plus facile à la consommation de marijuana vers d’autres drogues n’est donc pas seulement le résultat de la proposition des dealers ».
« Nous savons en outre – a poursuivi la psychiatre – que la consommation de cannabis augmente le risque d’accident mortel en voiture. Ces résultats ont été confirmés par plusieurs enquêtes menées dans plusieurs pays européens et nord-américains. Il est également prouvé que la consommation de cannabis, surtout chez les jeunes, favorise l’apparition et l’augmentation de troubles schizophréniques ».
Concernant le rôle que joue le cannabis dans la persistance ou l’aggravation des symptômes dépressifs, la psychiatre a fait part d’une étude alarmante publiée dans la revue Archives General Psychiatry, d’octobre 2004, selon laquelle le risque de tentatives de suicide et de pensées suicidaires est trois fois plus élevé chez les jeunes consommateurs de cannabis ».
A ce propos, une étude néo-zélandaise a démontré ce mois-ci que le taux de concentration et la faculté d’apprentissage étaient beaucoup plus faibles chez les adolescents fumant du cannabis..
Maria Cristina Del Poggetto a par ailleurs souligné l’importance du contexte familial et du milieu dans lequel évoluent les jeunes : « La désagrégation familiale et l’entourage des jeunes se liant d’amitié avec des fumeurs de marijuana, sont des terrains favorables pour une approche à ce genre de drogue ».
« A ce propos – a-t-elle poursuivi – j’ai été choquée par les paroles d’un de mes confrères, que j’ai entendues par hasard à la radio. Celui-ci ne stigmatisait pas l’utilisation du cannabis comme fruit et germe d’un comportement problématique, mais il soutenait au contraire que l’on devait apprendre aux jeunes ‘où, quand et pourquoi’ consommer du cannabis, comme s’il y avait un ‘où’ et un ‘quand’ s’étourdir pour aller mieux ».
Pour répondre à tous ceux qui continuent de soutenir que le cannabis est inoffensif, la spécialiste a fait savoir que « le corps médical prend progressivement conscience des dégâts que provoque la consommation de cannabis ; ce n’est pas par hasard si le Collège pédiatrique américain, conscient de tels effets nocifs, a publié un article intitulé: « Utilisation de la marijuana: sa légalisation n’est pas une bonne idée ».
Concernant les familles et la conduite à suivre, la psychiatre italienne regrette « une attitude parfois inconsciente qui se caractérise, constate-t-on malheureusement durant les thérapies familiales, par une approche souvent bon enfant du problème ».
« Cette approche – relève-t-elle –, qui a sûrement de bons côtés, finit souvent par demander un niveau de responsabilité et de maturité auquel les enfants ne sont pas préparés ».
En conclusion, Maria Cristina Del Poggetto affirme constater chez les jeunes en général « un manque de notions d’ordre éthique capables de les orienter, ces derniers subissant, le plus souvent de manière insistante, des critères de moralité que leur offre un système médiatique qui n’aide pas la raison à se développer, mais dont le but est de l’entretenir plutôt dans un état fébrile, purement anarchique et guère concluant ».
« Il ne s’agit pas d’assumer un rôle autoritaire, mais de récupérer une certaine dimension de l’autorité. Si nous ne coupons pas court à certains mythes, c’est toute une génération de jeunes qui sera perdue et que nous aurons sur la conscience » a-t-elle averti.
Bibliographie d’approfondissement:
— Lynskey, M et al., Major depressive disorder, suicidal ideation, and suicide attempt in twins discordant for cannabis dependence and early-onset cannabis use. Archives of General Psychiatry, 61:1026–1032, 2004.
— Harvey MA, Sellman JD, Porter RJ, Frampton CM. The relationship between non-acute adolescent cannabis use and cognition. Drug Alcohol Rev. 2007 May;26(3):309-19.
— Bedard M, Dubois S, Weaver B. The impact of cannabis on driving. Can J Public Health. 2007 Jan-Feb;98(1):6-11.
— Laumon B, Gadegbeku B, Martin JL, Biecheler MB; SAM Group. Cannabis intoxication and fatal road crashes in France: population based case-control study. BMJ. 2005 Dec 10;331(7529):1371.
— Mura P, Chatelain C, Dumestre V, Gaulier JM, Ghysel MH, Lacroix C, Kergueris MF, Lhermitte M, Moulsma M, Pepin G, Vincent F, Kintz P. Use of drugs of abuse in less than 30-year-old drivers killed in a road crash in France: a spectacular increase for cannabis, cocaine and amphetamines. Forensic Sci Int. 2006 Jul 13;160(2-3):168-72.
— Donald Hagler, “Marijuana Use : Legalization Not a Good Idea”