Prix Natali, pour les journalistes au service des droits de l’homme et de la démocratie

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Décerné par la Commission européenne

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ROME, Mercredi 20 décembre 2006 (ZENIT.org) – Le journalisme de qualité est le gardien de la démocratie et des droits de l’homme.

C’est avec cette conviction, et pour encourager les journalistes, en particulier dans les pays du tiers-monde, et reconnaître l’importance de leur rôle, que la Commission européenne lance la 15ème édition du Prix Natali.

Au total, 50.000 euros récompenseront des articles parus dans la presse écrite ou électronique en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine/aux Caraïbes.

Zenit a demandé au porte-parole de la Commission européenne pour le développement et l’aide humanitaire, M. Amadeu Altafaj, d’expliquer en quoi consiste exactement le Prix Natali.

Zenit : Quels sont les enjeux du Prix Natali, un prix qui attire de nombreux candidats chaque année ?

M. Altafaj : Ce Prix est un encouragement que nous voulons donner à tous ces journalistes qui, parfois, dans des conditions très difficiles, osent écrire sur les cas de violation de droits de l’homme. Le Prix en tant que tel s’élève à 50.000 euros, ce qui représente une somme importante. Tous les articles de tous les pays en développement, qu’ils soient en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique Latine, sont acceptés. Il suffit de les envoyer sur un format électronique, par fax ou par courrier. Notre but : renforcer la presse en tant que telle dans les pays en développement car nous pensons que la presse est un élément fondamental de la bonne gouvernance en général. Et sans gouvernance il n’y a pas de vrai développement. Au-delà même de l’importante somme d’argent qui est en jeu, c’est la reconnaissance d’un travail personnel, mais c’est surtout une reconnaissance d’un travail fait dans des circonstances particulièrement difficiles et qui est important pour l’Etat de droit et pour la gouvernance dans des pays où parfois celui-ci fait défaut ; nous nous trouvons souvent devant des Etats fragiles, des Etats en conflit ou en sortie de conflit où la consolidation de ce que l’on appelle parfois le 4ème pouvoir joue un rôle clef pour la démocratie et le respect des droits fondamentaux.

Zenit: On parle « du » Prix Lorenzo Natali. Mais il s’agit en fait de plusieurs Prix ?

M. Altafaj : Il y a effectivement un grand prix attribué à un de tous ces journalistes des pays en développement, mais ensuite, reste un finaliste pour chaque continent. Ce dernier obtient aussi un prix de façon à ce qu’il soit un référent dans sa région et qu’il puisse être mis à l’honneur. L’année dernière nous avons eu près de 1000 candidats de 138 pays, un nombre assez impressionnant, et c’est une journaliste du Sri Lanka qui a gagné le Prix pour un article sur le drame des enfants recrutés de force par les guérillas des Tigres Tamouls dans son pays : une série de reportages émouvants.

Zenit : Qu’est-ce qui détermine précisément vos choix de sélection ?

M. Altafaj : Il y a bien sûr les critères relatifs à la qualité rédactionnelle des journalistes candidats, qui jouent, mais cela dans un cadre beaucoup plus large, c’est-à-dire la dénonciation d’une situation. La focalisation sur des situations d’injustice flagrante est aussi très appréciée. Le rôle que ces articles, ou ces reportages, a pu avoir pour que les choses changent dans ces pays-là est aussi pris en considération.

Zenit : Les candidats sont-ils déjà reconnus comme grands journalistes dans leur propre pays, ou trouve-t-on également des journalistes moins connus, qui travaillent dans l’ombre et qui sont une révélation au moment du concours ?

M. Altafaj : Nous avons deux types de situation : les journalistes qui, par leur travail, depuis un certain temps, sont devenus des référents positifs pour les uns, négatifs pour les autres, et qui sont soumis à des pressions tout en jouissant d’une certaine crédibilité dans leur pays qui finit par les protéger de toutes ces pressions. Mais nous avons aussi le cas de journalistes qui sont peu connus chez eux, soit parce qu’ils vivent dans un certain silence, parce qu’ils n’ont pas la possibilité d’avoir plus d’impact médiatique, puisqu’il n’y a pas de pluralisme des médias dans leurs pays d’origine, soit parce qu’ils se trouvent dans des conditions d’emprisonnement, soumis à des menaces.

Zenit : Qu’est ce qui distingue le Prix Lorenzo Natali des autres prix comme par exemple celui de « Reporters sans frontières » ?

M. Altafaj : Le but est un peu le même mais il y a une différence fondamentale : pour le Prix de Reporters Sans Frontières, c’est la profession elle-même qui attribue un prix à des confrères qui font leur travail dans des circonstances difficiles et qui ont une valeur intrinsèque pour la profession et pour la société dans laquelle elle s’inscrit. Le Prix Natali est un prix décerné par une institution politique. C’est un prix de l’Europe politique : une reconnaissance du monde politique au rôle important pour la démocratie et pour les droits de l’homme que jouent les journalistes et en particulier les journalistes dans les pays en développement.

Zenit: Parmi les candidats, y a-t-il aussi des journalistes indépendants ?

M. Altafaj : La plupart du temps il y a un média derrière. Je dirais 9 journalistes sur 10, même si ces derniers ne sont pas forcément des salariés de ce média. Il y a aussi des « free-lance » mais qui ont une relation étroite avec des médias. Les journalistes indépendants qui se lancent dans ces combats sont malheureusement souvent très exposés.

Zenit : Le jury est-il sensible au type de média qui est derrière le journaliste ?

M. Altafaj : Bien sûr ! On essaie d’avoir un certain équilibre et de récompenser aussi les médias qui n’ont pas un appui politique, de pression. On essaie d’attribuer le prix au journaliste, au média qui le soutient, qui se distingue par son indépendance et qui est prêt aussi à assumer le risque de publier certains reportages et certains articles qui peuvent fâcher dans certains pays et où cela peut avoir des conséquences. A ma connaissance, aucune candidature n’a été refusée, mais lors de la sélection, tous ces facteurs sont pris en compte.

Le Prix Lorenzo Natali est un hommage à Lorenzo Natali, ancien commissaire européen chargé du développement et ardent défenseur des droits de l’homme, qui, par son œuvre et son engagement, a considérablement contribué à renforcer la place de la coopération au développement dans les politiques des Communautés européennes de l’époque.
La Commission européenne décernera des prix pour chacune des cinq régions du monde suivantes: Afrique, Asie et Pacifique, Europe, Amérique Latine et Caraïbes, et Monde arabe, Iran et Israël.
Le délai d’inscription est fixé au 31 janvier 2007.
Pour de plus amples informations, consulter le site : www.nataliprize.eu

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ZENIT Staff

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