ROME, Mardi 7 mars 2006 (ZENIT.org) – Avec Jésus, le pardon des péchés qui était « au ciel » est venu sur la terre, explique le cardinal Cè, prédicateur de la retraite annuelle au Vatican.
Le pape est en effet en retraite avec la curie romaine depuis dimanche soir, et jusqu’à samedi matin 11 mars. La retraite est prêchée par le cardinal Marco Cè, patriarche émérite de Venise, à partir de l’Evangile selon saint Marc, l’évangile que la liturgie fait lire en entier cette année aux fidèles.
Au cours des méditations de ce jour, le cardinal Cè a abordé le thème de l’appel des disciples puis celui du pardon des péchés, comme deux aspects spécifiques du carême. Radio Vatican en offrait une synthèse.
L’appel des disciples
L’appel de ses disciples par Jésus, disait en substance le prédicateur, est une des images-symboles de la vie de foi dans la mesure où il montre comment un chrétien devient disciple du Christ : la conversion « radicale », le « détachement », « l’initiative absolue de Jésus », au moment de l’appel, et la « seigneurie » du Christ sur les hommes auxquels il adresse un message jamais entendu auparavant.
Le cardinal Cé est donc parti, lors de la première méditation du matin, de l’appel des Douze, soulignant particulièrement le cadre concret de la scène : la Galilée, une terre où les habitants sont pauvres, et pas très « appréciée » des Judéens, mais que Jésus choisit justement comme « théâtre de son ministère ».
L’humilité en opposition à la sagesse dont les hommes se vantent, est une constante de la vie du Christ, faisait remarquer le prédicateur. Ceux qu’il choisit sont des pécheurs qui voient leur vie ordinaire et simple bouleversée par trois paroles, « les trois paroles : ‘convertissez-vous’, ‘croyez’ et ‘bonne nouvelle’, sont étroitement liées entre elles. Le sens le plus radical de la conversion à laquelle le carême nous invite est la « sequela Christi » (la « suite du Christ ») … Se convertir n’est pas avant tout une inversion morale de la vie : c’est une ré-orientation de la vie vers l’adorable personne du Seigneur Jésus, c’est une ouverture radicale de la vie au Christ, une remise de notre vie à lui ».
Jésus, qui s’approche tout d’abord de Pierre et de ses futurs compagnons de voyage, bouleverse les conventions de l’époque, faisait observer le prédicateur. Les rabbins ne faisaient pas ainsi avec leurs disciples. Mais ce style est rendu nécessaire par l’annonce totalement « nouvelle » que le Christ s’apprête à établir le Royaume de Dieu. Il soulignait ainsi également le caractère totalement nouveau de la « seigneurie » de Jésus sur ses disciples : un acte qui n’opprime pas, mais libère, qui sollicite une réponse rapide et entière, qui invite à le suivre.
Lors de la deuxième méditation, le prédicateur est passé de la Mer de Galilée, et de la scène de la vocation, à Capharnaüm, dans la maison de Pierre, où se situe le miracle du paralytique.
Le cardinal Cè a attiré l’attention de ses retraitants sur les personnages et sur l’action qui se déroule. Le paralytique ne parle pas : tout son être se confie au Maître qui peut le guérir, et ses quatre porteurs découvrent le toit de la maison, pour approcher le malade de Jésus. C’est leur foi qui frappe Jésus. C’est leur solidarité, a affirmé le cardinal Cè qui est l’emblème de la miséricorde qui revit dans l’Eglise et dans ses consacrés.
« Parfois, il nous arrive de penser que notre rôle dans l’Eglise est plutôt lointain de ce que nous avions pensé le jour où nous sommes devenus prêtres. Il peut arriver que l’âge ou la maladie nous éloignent de la pastorale active. C’est le moment de penser à la communion qui nous relie à tous, dans l’Eglise, et qui fait que nous sommes tous des porteurs nécessaires au salut de nos frères. Alors notre travail a du sens, même s’il est caché et donne peu de satisfaction, elles ont du sens la fatigue et parfois la dureté des situations auxquelles faire face, elles ont du sens – et combien ! – la maladie, la vieillesse, avec sa plus grande fragilité, la diminution des forces. Mais dans certaines de ces situations, s’ouvrent aussi des espaces pour la liberté intérieure, lorsque notre faiblesse devient force pour qui travaille à l’annonce de l’Evangile dans des milieux difficiles ».
Le miracle du Christ, continuait le prédicateur, mûrit dans un contexte d’hostilité. Les pharisiens qui y assistent jugent Jésus – qui a remis les péchés du paralytique – en silence comme un blasphémateur.
« Guérison de la maladie et pardon des péchés sont en relation. Le péché est la racine de tout mal humain ».
Et le pardon et la réconciliation racontés dans ce passage de l’Evangile, sont aussi deux piliers du carême : « Le pardon des péchés est un don de la Pâque de Jésus, et de façon réelle une participation à sa résurrection. C’est le seul pouvoir que revendique Jésus, celui de remettre les péchés (…). Ce pouvoir était au ciel, maintenant, avec Jésus, il est aussi sur la terre », concluait le prédicateur, toujours selon la même source.