ROME, Mercredi 8 février 2006 (ZENIT.org) – « Après tant de souffrance on voit des signes concrets d’espérance » dit l’évêque de Butembo-Beni dans l’est du Congo dans les colonnes de l’agence vaticane Fides.

En visite ad limina à Rome, Mgr Melchisedec Sikuli Paluku, évêque de Butembo-Beni, dans le nord Kivu, la partie orientale de la République Démocratique du Congo déclare : « L’est du Congo a souffert et continue de souffrir à cause de la guerre civile, mais finalement on voit des signes concrets d’espérance » « Nous ne pouvons pas oublier que l’est du Congo a eu au moins 3 millions de morts à cause d’une guerre qui a certainement eu des complicités locales, mais qui s’est imposée de l’étranger. En tant qu’Eglise nous travaillons à la réconciliation nationale, mais cela n’exclut pas que la justice suive son cours sur le plan international également », dit l’évêque.

« Les régions qui ont le plus souffert à cause de la guerre civile sont l’Ituri, au nord-est de la frontière avec l’Ouganda, et le nord et le sud Kivu, à l’est, à la frontière avec le Rwanda et le Burundi. Ces derniers mois, dans cette région, on a vérifié quelques changements positifs. La police et l’armée nationale congolaise se sont réparties dans les régions, avec l’appui de la MONUC (la mission des Nations Unis en République Démocratique du Congo) pour garantir l’ordre. Il y a encore beaucoup à faire mais au moins on commence à voir la présence de l’Etat centralisé aussi dans les zones plus périfériques du pays. Malheureusement les militaires ne se comportent pas toujours de façon correcte avec la population, soit à cause des salaires bas ou parce qu’il manque encore une vraie culture démocratique », affirme Mgr Sikuli.

« Pour cette raison, l’Eglise a adopté voici deux ans un programme de formation sociale et politique et d’instruction civique seulement parce que nous souhaitons la venue d’un vrai état démocratique qui est le seul moyen de garantir une paix définitive. Personne ne doit se sentir exclu de la vie politique du pays et les citoyens doivent avoir des référents qu’ils élisent, pour l’instruction, la santé et toutes leurs exigences. Jusqu’à présent au contraire, seules les confessions religieuses, et en particulier l’Eglise catholique, sont en mesure d’offrir l’instruction et les soins sanitaires ».

« L’Eglise ne veut pas entrer en politique, mais c’est une mère qui veut donner la possibilité à ses propres fils de grandir à travers un programme d’instruction » continue l’évêque. « Le résultat du référendum constitutionnel de décembre, qui a vu la nette approbation du texte constitutionnel, est sûrement un signal fort du désir de changement de la société civile congolaise, particulièrement celle de l’Est, qui a beaucoup souffert à cause de la guerre. C’est une réponse civile et pacifique favorable à l’activité d’éducation civique de l’Eglise. Nous entendons continuer également notre action d’éducation civique après les élections générales de juin, parce que nous voulons aider les Congolais à construire un véritable Etat de droit ».

« Notre principal devoir reste toutefois celui de l’évangélisation et de l’annonce de la Bonne Nouvelle », continue l’évêque de Butembo-Beni. « Je remercie le Seigneur pour les 100 ans du diocèse que nous fêterons cette année. J’ai l’intention de visiter toutes les paroisses du diocèse pour inviter les fidèles à réfléchir sur l’histoire de l’évangélisation sur notre territoire afin de donner un nouvel élan et continuer à diffuser auprès de tous le message évangélique porté par les missionnaires. Nous avons un laïcat fervent réuni dans divers mouvements religieux dont naissent continuellement des vocations sacerdotales et religieuses ».

« Il existe aussi dans mon diocèse, confie l’évêque à la même source, le problème de la diffusion des sectes, même si il se développe de façon moins grave par rapport aux grandes villes comme Kinshasa », dit Mgr Sikuli. « En effet ces groupes prolifèrent grâce au désespoir des habitants des quartiers les plus pauvres des grands centres urbains en promettant de résoudre leurs problèmes de façon simple. C’est vraiment dans ce cas que l’on peut parler d’« opium des peuples » qui provoque des dommages terribles, comme l’événement triste des « enfants sorciers ». Il s’agit d’un phénomène nouveau dû à quelques sectes qui convainquent les parents des jeunes d’avoir un sorcier dans la famille et de l’éloigner afin d’éloigner avec lui tous les ennuis. Dieu merci, ce problème similaire n’existe pas dans mon diocèse ».

« Derrière les sectes peut se cacher le but d’affaiblir l’Eglise catholique, qui fait tant pour garder le pays uni. Mais c’est un projet voué à l’échec. Beaucoup de personnes qui s’étaient laissées toucher par les sectes redeviennent des fidèles membres de l’Eglise catholique parce qu’elles comprennent où se trouve la vérité », conclut l’évêque.