Indonésie: Triple meurtre condamné par les chefs musulmans

Grand écho à l’appel du pape Benoît XVI

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ROME, Lundi 31 octobre 2005 (ZENIT.org) – L’appel du pape Benoît XVI à la paix en Indonésie (cf. Zenit, 30 octobre) a eu un grand écho dans la presse indonésienne, indique aujourd’hui Radio Vatican: le nonce confie que le triple meurtre de jeunes chrétiennes a été condamné par les autorités musulmanes.

« Trois vies brisées dans la fleur de l’âge, coupables de croire au Christ. Le monde a accueilli avec horreur la nouvelle du meurtre barbare, le 29 octobre dernier, à Poso, dans la province indonésienne du Sulawesi central, de trois jeunes filles – entre 15 et 17 ans -, décapitées, … par un groupe d’extrémistes dont l’identité n’a pas encore été établie », souligne aujourd’hui Radio Vatican qui a interrogé le nonce apostolique en Indonésie, Mgr Albert Malcolm Ranjith Patabendige, joint au téléphone à Jakarta.

Le nonce souligne: « Les jeunes filles étaient chrétiennes, elles fréquentaient l’Eglise. Elles étaient des jeunes qui allaient encore à l’école. Cet événement a causé de l’horreur ici, en Indonésie. Moi aussi, en tant que nonce, en apprenant la situation de ces communautés dans ces îles, je me suis senti choqué. C’est vraiment un événement tragique ».

Il commentait l’attitude de la population en ce sens: « Pendant tous ces mois, et même ces années, il y a eu des tensions, surtout dans la zone centrale de l’île de Sulawesi, où la présence chrétienne et la présence musulmane sont égales. Il y a eu différentes initiatives pour apporter la paix, la tranquillité et l’harmonie. Mais il y a des éléments qui viennent de l’extérieur, qui cherchent à perturber cette paix et cette harmonie entre les groupes religieux en Indonésie, un pays à très grande majorité islamique. Ce sont des éléments externes qui agissent pour chercher à attiser le feu et créer des oppositions entre ces deux communautés qui, pendant les siècles, ont vécu dans la paix et l’harmonie. Ces dernières années, tant de choses se sont succédées, la situation est donc très difficile ».

Le nonce souligne qu’en Indonésie « beaucoup ont condamné cet acte, y compris les chefs musulmans, des grandes organisations islamiques du pays ».

« Ce matin, ajoutait Mgr Ranjith Patabendige, dans le journal “Kompas”, le plus vendu du pays, et ensuite le “Jakarta Post”, un quotidien indien, les paroles du pape ont été publiées en première page. Le “Jakarta Post”, par exemple, a fait un éditorial où l’on condamne cet acte, et il faisait référence aux paroles du Saint-Père, comme un acte de grande solidarité, envers qui souffre. Il demande ensuite que l’on ne permette pas à ces gens de réaliser leur objectif de provoquer des affrontements entre groupes religieux, en cherchant à maintenir le calme et prier pour ceux qui ont souffert ».

De son côté, l’agence missionnaire italienne Misna indique que les chefs religieux chrétiens et musulmans d’Indonésie ont lancé ensemble un appel au calme et à ne pas chercher vengeance suite à l’assassinat des trois adolescentes.

« Pourquoi ces homicides à un moment où les musulmans et les chrétiens améliorent visiblement leurs relations ? » s’est interrogé le révérend Andreas Yewangoe, président de la Communion des Églises en Indonésie, cité par le quotidien « Djakarta Post ».

« Nous condamnons fermement cet acte et nous sommes convaincus qu’il n’a rien à voir avec les rapports entre les musulmans et les chrétiens » a déclaré Din Syamsuddin, président de la ‘Muhammadiyah’, la plus grande organisation musulmane indonésienne, en ajoutant que les auteurs du triple homicide étaient des personnes qui n’avaient pas de Dieu.

Le brutal assassinat a également été condamné par l’ex-président Abdurrahman Wahid, très respecté parmi les fidèles musulmans : « Ces assassins sont des gens sans cœur, a-t-il dit, aucune religion n’enseigne à tuer ses frères et ses sœurs ».

Les représentants des deux religions ont dit avoir envoyé au Sulawesi central des groupes de fidèles pour parler à la population locale. « Tout comme les autres chefs religieux, nous pensons faire assez pour calmer les personnes. Mais la violence continue et il ne reste rien d’autre pour l’arrêter qu’imposer de lourdes sanctions pénales aux auteurs de ces actions » a déclaré Andreas Yewangoe.

« Nous nous trouvons face à une stratégie de la terreur qui veut choquer la population et la faire sentir dans l’insécurité au moment où les rapports entre la communauté chrétienne et musulmane sont désormais pacifiés » avait dit samedi à Misna Mgr Joseph Theodorus Sewatan, évêque de Manando, sur l’île de Sulawesi, quelques heures après l’homicide des trois jeunes chrétiennes.

La presse indonésienne rapporte que 1.000 agents de police ont été envoyés à Poso et 300 autres les rejoindront dans les jours à venir.

« Ce crime n’a pas été un crime commun mais un acte voulu, d’une cruauté inouïe, perpétré par un groupe qui veut amener le chaos à Poso » a déclaré le chef de la police de Sulawesi central.

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ZENIT Staff

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