ROME, Jeudi 27 octobre 2005 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège souhaite l’établissement de relations diplomatiques plénières avec la Fédération de Russie: c’est l’un des enjeux du voyage de Mgr Lajolo, secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats, à l’occasion de son premier voyage en Russie, à Moscou.
Les relations avec la Russie sont donc d’actualité au Vatican. Le ministre des Affaires étrangères du Vatican, Mgr Giovanni Lajolo est en effet à Moscou depuis mercredi soir et jusqu’à dimanche (cf. Zenit, 26 octobre pour le programme), à l’invitation de son homologue russe, M. Sergueï Lavrov. Et de son côté, le pape Benoît XVI recevra, vendredi matin, le nouvel ambassadeur russe près le Saint-Siège à l’occasion de la présentation de ses lettres de créance.
M. Lavrov est en effet venu au Vatican le 7 juin dernier et il y a rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano et Mgr Lajolo (cf. Zenit, 7 juin). Le Vatican évoquait alors « la possibilité de développements ultérieurs » dans les relations. M. Lavrov avait alors invité Mgr Lajolo à Moscou.
Mgr Lajolo, souligne aujourd’hui Radio Vatican – qui cite la revue catholique « Svet Evangelja » – , souhaite que l’on arrive à des relations diplomatiques plénières avec la Fédération de Russie, c’est-à-dire au niveau d’ambassade et non plus seulement de « représentation ». Il souhaite aussi que sa visite témoigne de sa sympathie et de celle du Saint-Siège pour le Peuple russe, récemment éprouvé par des tragédies comme celle de Breslan, le 1er septembre 2004, ou l’attentat de Nalcik, qui a secoué l’opinion publique mondiale.
Collaboration internationale
Mgr Lajolo souhaite également mieux connaître la position et le point de vue du gouvernement russe sur différents problèmes d’ordre international et faire connaître également le point de vue du Saint-Siège.
Le Saint-Siège désire aussi développer la collaboration sur des questions comme la paix – Moyen Orient par exemple – au sein des instances internationales comme l’OSCE ou l’ONU, la lutte contre la pauvreté et la faim, pour la dignité » de la personne humaine et le respect de sa vie jusqu’à sa mort naturelle, et le domaine de la bioéthique.
Echanges culturels
Soulignons que Mgr Lajolo aime particulièrement la littérature russe, surtout Dostoïevski et Tolstoï, deux grands de la littérature européenne, et qui révèlent non seulement, estime le diplomate du Saint-Siège, la grande humanité du Peuple russe, mais les racines chrétiennes profondément plongées dans cet esprit. Il admire la grandeur de ce pays et la richesse de son histoire.
Son voyage pourrait être aussi l’occasion de lancer une action plus intense dans le domaine culturel par la collaboration, par exemple, des Musées du Vatican avec les grands musées de Moscou, comme le Musée Pouchkine et la prestigieuse Galerie Tretiakov.
Témoignage commun des chrétiens
Le voyage de Mgr Lajolo sera l’occasion aussi de confirmer la volonté du pape Benoît XVI d’améliorer les relations avec le patriarcat de Moscou, en vue du témoignage commun des chrétiens, à rendre aux valeurs évangéliques, dans le monde contemporain.
Interrogé par l’agence de presse russe « Blagovest-info » – également citée par Radio Vatican, Mgr Lajolo a indiqué que si les relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe russe ont été marquées parfois par une « douloureuse incapacité à élaborer un langage commun pour affronter l’examen et chercher la solution des divergences », il n’existe cependant pas « de problèmes insolubles, si nous nous laissons guider par l’Evangile ».
L’Eglise catholique est prête, disait-il, à examiner avec l’Eglise orthodoxe les motifs et les occasions des différences et parfois des malentendus, pour chercher à les résoudre dans un esprit surnaturel ». Il insistait sur le fait que « même dans les moments les plus difficiles, le canal de communication entre le Saint-Siège et le patriarcat de Moscou ne s’est jamais fermé ».
« Année Jean-Paul II »
En outre, Mgr Lajolo doit rencontrer Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, archevêque de la Mère de Dieu à Moscou et la communauté catholique de Moscou, et lui apporter la bénédiction du pape Benoît XVI. Le Saint-Siège a manifesté à plusieurs reprises son souhait de voir reconnus les droits de la petite communauté catholique de Russie.
Mgr Lajolo a rappelé que « le Saint-Siège ne demande pas de privilèges pour l’Eglise catholique, mais il demande partout le droit à la liberté de religion ».
Notons que l’année 2005 a été déclarée par Mgr Kondrusiewicz, qui s’est recueilli sur la tombe du pape Wojtyla le 18 mai dernier, « Année Jean-Paul II », à l’enseigne d’un pontificat marqué par la mise en œuvre de Vatican II, l’engagement pour la vie et la dignité de l’homme et l’unité des chrétiens.
Enfin, à propos d’une éventuelle visite de Benoît XVI en Russie, Mgr Lajolo a confié à « Blagovest-info » que cela constituerait « un événement œcuménique très significatif et important », un « motif de joie et d’espérance non seulement pour les catholiques mais pour toute la Russie ».
« Je ne pense pas, disait-il que le Saint-Père accomplirait une visite qui, au lieu de contribuer à plus de compréhension et de concorde avant tout pour les chrétiens, pourrait être un motif de tension et de mécontentement ».
