ROME, Dimanche 16 octobre 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le message que le pape Benoît XVI a adressé à M. Jacques Diouf, directeur général de la F.A.O (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) à l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation, le 16 octobre.
À Monsieur Jacques Diouf,
Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO)
En cette année qui marque le soixantième anniversaire de la création de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, la célébration de la Journée mondiale de l’Alimentation nous rappelle que la faim et la malnutrition sont, malheureusement, parmi les plus graves scandales qui affectent encore la vie de la famille humaine, ce qui rend toujours plus urgente l’action entreprise, sous votre conduite, par la FAO.
Les millions de personnes qui sont menacées dans leur existence même, parce qu’elles sont privées du minimum de nourriture nécessaire, requièrent l’attention de la Communauté internationale, car nous avons tous le devoir de prendre soin de nos frères. En effet, la famine ne dépend pas uniquement des situations géographiques et climatiques ou des circonstances défavorables liées aux récoltes. Elle est aussi provoquée par l’homme lui-même et par son égoïsme qui se traduit par des carences dans l’organisation sociale, par la rigidité de structures économiques trop souvent vouées uniquement au profit, et même par des pratiques contre la vie humaine et par des systèmes idéologiques qui réduisent la personne, privée de sa dignité fondamentale, à n’être qu’un instrument.
Le véritable développement mondial, organisé et intégral, qui est souhaité par tous, exige au contraire de connaître de manière objective les situations humaines, de cerner les véritables causes de la misère et de fournir des réponses concrètes, avec comme priorité une formation appropriée des personnes et des communautés. Ainsi, seront mises en œuvre la liberté authentique et la responsabilité, qui sont le propre de l’agir humain.
Le thème choisi pour cette Journée, «Agriculture et dialogue des cultures», invite à considérer le dialogue comme un instrument efficace pour créer les conditions de la sécurité alimentaire. Le dialogue demande de conjuguer les efforts des personnes et des nations, pour le service du bien commun. La convergence entre tous les protagonistes, associée à une coopération effective, peut contribuer à édifier la vraie paix, en permettant de vaincre les tentations récurrentes de conflit à cause des différences de visions culturelles, d’ethnies ou de niveaux de développement.
Il importe aussi d’être directement attentifs aux situations humaines, dans le but de maintenir la diversité des modèles de développement et des formes d’assistance technique, en fonction des conditions particulières de chaque pays et de chaque communauté, qu’il s’agisse des conditions économiques ou environnementales, ou encore sociales, culturelles et spirituelles.
Le progrès technique ne sera vraiment efficace que s’il trouve sa place dans une perspective plus vaste, où l’homme occupe le centre, avec le souci de prendre en compte l’ensemble de ses besoins et de ses aspirations, car, comme dit l’Écriture, «l’homme ne vit pas seulement de pain» (Dt 8,3; Mt 4,4). Cela permettra aussi à chaque peuple de puiser dans son patrimoine de valeurs, pour partager ses propres richesses, spirituelles et matérielles, au bénéfice de tous.
Les objectifs ambitieux et complexes que se donne votre Organisation ne pourront être atteints que si la protection de la dignité humaine, origine et fin des droits fondamentaux, devient le critère qui inspire et oriente tous les efforts. L’Église catholique, qui participe elle aussi aux actions visant à un développement réellement harmonieux, en collaboration avec les partenaires présents sur le terrain, souhaite encourager l’activité et les efforts de la FAO pour qu’elle suscite, à son niveau, un vrai dialogue des cultures et qu’elle contribue ainsi à augmenter la capacité de nourrir la population mondiale, dans le respect de la biodiversité. En effet, l’être humain ne doit pas compromettre imprudemment l’équilibre naturel, fruit de l’ordre de la création, mais il doit au contraire veiller à transmettre aux générations futures une terre capable de les nourrir.
Dans cet esprit, je demande au Tout-Puissant de bénir la mission si nécessaire de la FAO et l’engagement de ses dirigeants et de ses fonctionnaires, en vue de garantir à chaque membre de la famille humaine le pain quotidien.
Du Vatican, le 12 octobre 2005.
BENEDICTUS PP. XVI
[Texte original: Français]