L’Osservatore Romano en italien de ce jeudi 28 avril publie, sous la plume d’Andrea Lanza Cordero de Montezemolo un commentaire des armoiries du pape Benoît XVI: il précise les couleurs.
Rappelons qu’il s’agit d’un blason de type « à calice », d’un écu rouge chapé d’or, portant comme emblèmes: la tête du Maure – un anneau à l’oreille et couronné – des archevêques de Munich-Freising depuis le VIIIe s., brun, et les lèvres, la couronne et le collier rouges, dans le canton droit (chape d’or droite) – en haut à gauche lorsqu’on le regarde -; l’ours de saint Corbinien, brun, son bât d’or croisé de noir, dans le canton gauche (chape d’or gauche) – à droite -; et au-dessous, au point « le plus noble » de l’écu, sur fond rouge, la coquille.
Rappelons que pour le cardinal Ratzinger, le Maure signifie l’universalité de l’Eglise: nous sommes « un » dans le Christ; l’ours, la « bête de somme » au service du Christ et de l’Eglise; et la coquille à la foi le caractère insondable du mystère divin et le pèlerinage sur cette terre d’or (cf. ZF050419).
Ce qui est nouveau dans les armoiries pontificales, c’est d’abord la suppression de la tiare, remplacée par la mitre (cf. ZF050426), puis l’usage de la chape monastique (saint Benoît), et enfin, la présence du pallium.
La tiare a été supprimée par Paul VI qui l’a donnée en bienfaisance, et les papes ne sont plus couronnés, mais ils deviennent papes au moment de leur acceptation du choix du conclave. La messe du couronnement est remplacée par la messe d’inauguration du pontificat. Mais la tiare subsistait dans les armoiries pontificales.
Le pape benoît XVI lui substitue la mitre, avec trois bandes d’or et d’argent, rappelant le triple pouvoir d’ordre, de juridiction et de magistère, mais reliées entre elles verticalement pour marquer l’unité de la personne du pontife exerçant ce pouvoir.
Le pouvoir des « clefs » confié par le Christ à Pierre (Matthieu 16, 19) reste toujours symbolisé par deux clefs d’or et d’argent, croisées derrière l’écu en forme de croix de Saint-André et unies par un cordon.
Dans l’héraldique archiépiscopale plus récente, le pallium apparaît souvent au-dessus, en dessous ou à l’intérieur de l’écu.
Le code de droit canon de 1917 traitait le pallium en six canons: le droit de le porter implique aussi le droit de le faire apparaître dans le blason du métropolite.
Mais il est surtout un emblème du souverain pontife, depuis le IVe s., et Benoît XVI en a fait une véritable pédagogie dans son homélie, le 24 avril (ZF050424), insistant sur le symbole de la brebis perdue que le Bon pasteur va chercher.
Depuis le XVe siècle, en Angleterre, c’est une tradition de le porter sur l’écu: le cardinal Basil Hume, archevêque de Westminster l’avait ajouté aux armoiries familiales.
Mais Mons. Bruno Bernard Heim précise, dans son livre en italien intitulé « L’héraldique dans l’Eglise catholique » (Libreria editrice vaticana, 2000, p. 73), que « pour être signe de dignité, le pallium devrait être en dehors de l’écu », en tant « qu’ornement extérieur »: c’est ce que Benoît XVI a choisi.
Dans l’héraldique civile ou ecclésiastique, il est habituel de voir, en dessous de l’écu un ruban portant la devise. Dans ses armoiries épiscopales, le cardinal Ratzinger avait inscrit: « Cooperatoires Veritatis ».
Cette expression de saint Paul reste sa devise, mais n’apparaît pas dans les armoiries de Benoît XVI, pas plus que la devise de Jean-Paul II n’apparaissait dans ses armoiries: une façon, selon l’interprétation d’Andrea de Montezemolo, de signifier « ouverture sans exclusion à tous les idéaux dérivant de la foi, de l’espérance et de la charité ».