Toute l’Eglise en prière pour l’élection du pontife romain

L’Etat du monde et de l’Eglise selon le card. Ratzinger

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ROME, Dimanche 17 avril 2005 (ZENIT.org) – C’est un peu l’état du monde et de l’Eglise vu par les cardinaux dont le cardinal doyen, Joseph Ratzinger, a livré une synthèse, après douze congrégations générales, dans son homélie de ce 18 avril, lors de la messe solennelle « pour l’élection du pontife », « Pro eligendo pontifice », en la basilique Saint-Pierre. Une synthèse sous le signe de la miséricorde avec un commentaire de l’Evangile, à la lumière de la Miséricorde divine.

Le cardinal Ratzinger concélébrait entouré du cardinal Angelo Sodano et du cardinal Alfonso Lopez Trujillo, de 112 autres cardinaux électeurs, et des cardinaux non électeurs. Tous les fidèles y étaient invités : c’est la prière de toute l’Eglise qui peut obtenir que Dieu « purifie » les cœurs des cardinaux de toute vision trop humaine, pour voter en conscience pour celui que Dieu choisira comme 264e successeur de Pierre.

« En cette heure surtout », le cardinal doyen recommandait aux fidèles de prier le Seigneur « avec insistance », « afin qu’après le grand don de Jean-Paul II il nous donne un nouveau pasteur selon son cœur, un pasteur qui conduise à la connaissance du Christ, à son amour, à la vraie joie ».

Le cardinal Ratzinger a souligné tout d’abord le sens de la première lecture, du Livre du prophète Isaïe, où le Messie révèle qu’il a été envoyé pour « proclamer une année de grâce de la part du Seigneur, un jour de vengeance pour notre Dieu ». « Nous sommes appelés à annoncer en parole et par notre vie, avec les signes efficaces des sacrements cette Année de miséricorde du Seigneur », a-t-il commenté en actualisant cette lecture. Mais pour ce qui concerne le deuxième volet de la prophétie, la « vengeance », le cardinal interprétait en clef christologique la prophétie d’Isaïe : le Christ, a-t-il fait observer, a offert « un puissant commentaire » de ces paroles « en mourant sur la Croix ».

Et d’expliquer : « La miséricorde du Christ n’est pas une grâce à bon marché, qui banaliserait le mal. Le Christ porte sur son corps et dans son âme tout le poids du mal, toute sa force destructrice ».

Il concluait : « Le jour de la vengeance et l’année de la miséricorde confluent dans le Mystère pascal, dans le Christ mort et ressuscité. Telle est la vengeance de Dieu: il souffre lui-même pour nous en la personne du Fils ».

A propos de la lecture de l’Epître de saint Paul aux Ephésiens, qui évoque les premiers chrétiens « des enfants ballottés à tout vent de la doctrine », le cardinal interrogeait : « N’est-ce pas une description des plus actuelles? ».

Et de commenter : « Combien de vents de doctrine avons-nous connu ces dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de penser ? ». On semblait retrouver le ton de son commentaire de la VIIe station du Chemin de Croix du Vendredi Saint, au Colisée : « La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens est souvent agitée par ces vagues, jetée d’un extrême à l’autre: du marxisme au libéralisme, jusqu’au libertinisme; du collectivisme à l’individualisme radical; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux; de l’agnosticisme au syncrétisme etc. Tous les jours naissent de nouvelles sectes et prend forme ce qu’avait dit saint Paul « sur l’imposture des hommes et de leur astuce à fourvoyer dans l’erreur ». »

« Avoir une foi claire, selon le Credo de l’Eglise, est souvent épinglé comme fondamentalisme. Alors que le relativisme, c’est-à-dire le fait de se laisser « emporter à tout vent de la doctrine », apparaît comme la seule attitude à la hauteur du temps présent. Peu à peu on construit une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui laisse comme ultime mesure son propre ego et ses désirs ».

Le cardinal Ratzinger affirmait au contraire que la seule mesure du chrétien, c’est « le Fils de Dieu, l’homme véridique », « la mesure du véritable humanisme ».

« Une foi « adulte » ne suit pas les vagues de la mode et de la dernière nouveauté; une foi adulte et mûre est profondément enracinée dans l’amitié avec le Christ », continuait le cardinal.

« Nous devons faire mûrir cette foi adulte, vers cette foi nous devons guider le troupeau de Dieu. Et c’est cette foi -seulement la Foi- qui crée l’unité et qui se réalise dans la charité », affirmait-il : « Dans la mesure où nous nous rapprochons du Christ, également dans notre vie, vérité et charité se rencontrent ».

Par ailleurs, dans l’Evangile de Jean , le Christ dit à ses apôtres : « Je ne vous appelle plus serviteurs (…) mais amis ». Le Christ, expliquait le cardinal Ratzinger, « nous donne sa confiance totale, et avec la confiance, la connaissance », il « nous confie son corps, l’Eglise », il confie « sa vérité à nos faibles esprits, à nos faibles mains », il « fait de nous ses amis ».

Alors, interrogeait le cardinal Ratzinger, comme pour un examen de conscience préalable au conclave, « Comment répondons-nous ? »

Il recommandait : « Nous devons être animés d’une saine inquiétude, l’inquiétude de porter à tous le don de la foi, de l’amitié avec le Christ », « nous avons reçu la foi pour la donner aux autres, nous sommes des prêtres pour servir les autres », et « nous devons porter le fruit qui demeure ».

Or, faisait remarquer le cardinal « l’unique chose qui reste pour l’éternité c’est l’âme humaine, l’homme créé par Dieu pour l’éternité », et le « fruit qui demeure », c’est « tout ce que nous avons semé dans les âmes humaines, l’amour, la connaissance; le geste capable de toucher le cœur; le mot qui ouvre l’âme à la joie du Seigneur ».

Il invitait les cardinaux : « Alors, allons et prions le Seigneur, pour qu’il nous aide à porter le fruit, un fruit qui demeure ».

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ZENIT Staff

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