CITE DU VATICAN, Jeudi 7 avril 2005 (ZENIT.org) – Le 98e voyage de Jean-Paul II hors d’Italie, son 9e dans sa patrie, en 2002, a été mis d’emblée sous le signe de la miséricorde, car c’est son titre officiel: « Voyage apostolique de Sa Sainteté Jean-Paul II en Pologne à l’occasion de la dédicace du sanctuaire de la Miséricorde divine à Cracovie-Lagiewniki (16-19 août 2002) ».
Nous reprenons notre article d’alors sur le voyage du pape (ZF050816).
Le 16 août au matin, la main de Jean-Paul II a versé sur l’autel de marbre blanc aux nervures grises, l’huile de la consécration du nouveau sanctuaire de la Miséricorde de Lagiewniki. Car Jean-Paul II vient en Pologne offrir, non pas seulement à sa chère Pologne, mais à l’Europe, qui se construit, mais aussi, il le dit lui-même, au monde entier, un sanctuaire où tout homme puisse venir puiser à la miséricorde divine pour refléter à son tour cette miséricorde dans la justice, au quotidien.
C’est aussi ce que propose Jean-Paul II dès son arrivée à l’aéroport qui porte son nom désormais. Le pape parle non plus de voyage mais de « pèlerinage », il relance l’appel du début de son pontificat, adressé à l’Eglise universelle, mais en puisant à la source cracovienne du sanctuaire ancien et nouveau. Jean-Paul II explique en effet: « Dieu est riche en miséricorde! Voilà la devise de ce pèlerinage. Voilà ce qu’il proclame. Elle a été tirée de l’encyclique Dives in misericordia, mais ici, à Cracovie, à Lagiewniki, cette vérité a trouvé sa révélation particulière. D’ici, grâce à l’humble service d’un témoin insolite, sainte sœur Faustine – résonne le message évangélique de l’amour miséricordieux de Dieu ».
Et ce message, le pape vient en Pologne, non seulement pour l’adresser aux « siens » mai pour le re-proposer à toute l’Eglise et au monde. Il dit encore: » Voilà pourquoi la première étape de mon pèlerinage et son premier but est la visite au sanctuaire de la Miséricorde divine. Je suis heureux d’avoir la possibilité de consacrer la nouvelle église, qui devient un centre mondial du culte de Jésus miséricordieux ».
On se souvient que sainte Faustine Kowalska (1905-1938) a été la première sainte canonisée pendant le grand Jubilé, le 30 avril 2000, et que le nouveau calendrier liturgique a inscrit au deuxième dimanche de Pâques la célébration de la miséricorde divine, selon les révélations du Christ à la sainte polonaise, morte à Cracovie l’année où le jeune Wojtyla y arrivait, en 1938: il avait 18 ans.
Le pape expliquait que la miséricorde de Dieu se reflète dans la miséricorde des hommes, d’où la seconde étape de son pèlerinage: les quatre béatifications de dimanche. Les quatre nouveaux bienheureux sont l’évêque Sigismond Felinski (1822-1895), exilé en Sibérie, victime de la police tsariste, en vertu de sa fidélité à Rome, le P. Jan Beyzym (1859-1912), jésuite missionnaire à Madagascar et serviteur de lépreux, la religieuse Sancja Szymkowiak (1910-1942), morte à 32 ans, et un modèle de dévouement sacerdotal, le P. Balicki (1869-1948). « Dès maintenant, disait le pape en posant le pied sur le sol de sa patrie, je souhaite que ces nouveaux bienheureux, qui ont donné l’exemple d’un service de miséricorde, nous rappellent le grand don de l’amour de Dieu et nous disposent à mettre en pratique quotidiennement l’amour du prochain ».
Le pape citait aussi l’exemple des grands saints polonais, la jeune reine Hedvige, saint Jean de Kenty, le P. Piotr Skarga, ou saint Frère Albert, artiste peintre devenu apôtres des plus pauvres, dont la canonisation lui a fait ressentir, a-t-il confié un jour, une de ses plus grandes joies intérieures.
Enfin, le pape annonçait le troisième but de son pèlerinage: rendre grâces pour les 400 ans du sanctuaire de Kalwaria Zebrzydowska, auquel, confiait-il, « je suis lié depuis mon enfance ». « Là, sur les sentiers parcourus de prière, j’ai cherché l’inspiration pour mon service de l’Eglise de Cracovie en Pologne, et j’ai pris différentes décisions pastorales difficiles. Là, justement, a milieu du peuple fidèle et priant, j’i appris la foi qui me guide aussi sur le Siège de Pierre. Par l’intercession de la Vierge de Kalwaria, je veux remercier Dieu pour ce don ».
Ce pèlerinage de miséricorde, Jean-Paul II se l’appliquait donc à lui-même, inscrivant ses pas à la foi dans ceux des grands saints de sa patrie et dans ceux du peuple polonais. Il donnait ainsi l’exemple, sous l’œil des caméras du monde, du pèlerin qui vient puiser à la miséricorde pour l’incarner dans sa vie quotidienne. Guide sûr les chemins de la Miséricorde, Jean-Paul II a fait ainsi œuvre de Pasteur universel. Ce pèlerinage, et le geste simple d’une main qui oint d’huile l’autel nouveau du sanctuaire, l’inscrivait dans l’Histoire comme le pape de la Miséricorde.