La « théologie du corps » de Jean-Paul II, une « bombe à retardement »

CITE DU VATICAN, Mercredi 6 avril 2005 (ZENIT.org) – La « théologie du corps » élaborée par Jean-Paul II, est méconnue, comme le fait remarquer la revue de presse de la fondation Jérôme Lejeune (www.genethique.org) : c’est même une « bombe à retardement ».

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Il est courant d’entendre aujourd’hui que le pape soutenait des positions « rétrogrades », « réactionnaires » sur les questions concernant l’avortement, le préservatif ou la pilule. Il s’agit en fait d’une profonde méconnaissance de la pensée du pape qui a conçu une vraie « théologie du corps » qui pour Yves Semen * constituerait une « bombe à retardement qui pourrait exploser au cours du troisième millénaire ».

Pour expliquer sa réflexion sur le corps, Jean-Paul II s’est appuyé sur le récit de la Création dans lequel il est dit que la différence sexuelle apparaît après que l’humanité eut été façonnée à l’image de Dieu. Les organes de la sexualité sont donc à prendre du côté de la ressemblance de Dieu et non pas du côté de l’animal. La communion charnelle est à l’image de la communion divine du Père, du Fils et du Saint Esprit. La différence sexuelle définit donc la personne de manière essentielle.

De plus, à travers un autre passage de la Genèse, il apparaît que les signes corporels de la sexualité permettent l’expression de la communion des personnes. Pour Jean-Paul II, c’est le péché qui est devenu un obstacle dans les relations homme/femme. C’est aussi le péché qui aurait fait surgir l’idée qu’il pouvait devenir pour l’autre un simple objet de plaisir, de procréation, d’appropriation.

Dans la perspective de la Rédemption, l’union des époux doit être vue comme « une sorte de propédeutique de communion à Dieu » soulignait-il.

Dans cette vision, Jean-Paul II a rappelé à plusieurs reprises la position de l’Église sur la contraception et la prévention du sida. En 1993, en Ouganda devant des jeunes, il expliquait sur la question du sida que  » le langage sexuel honnête exige un engagement à la fidélité qui dure toute la vie. Donner votre corps à une autre personne, c’est vous donner tout entier à cette personne […] La force de votre futur amour conjugal dépend de la force de votre effort actuel pour apprendre le véritable amour, une chasteté qui implique que l’on s’abstienne de tout rapport sexuel en dehors du mariage. Le lien sexuel fidèle de la chasteté est l’unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique ». Cette phrase a immédiatement été interprétée comme « une opposition de l’Église catholique aux préservatifs, même en cas de risque de contamination ». Or le mot « préservatif » ne fut jamais prononcé. Pourtant certains l’accuseront d’être « un assassin »…

Dans son encyclique Evangelium Vitae, Jean-Paul II rappelait à propos de la contraception que « l’acte conjugal signifie non seulement l’amour, mais aussi sa fécondité potentielle ; il ne peut donc pas être privé de son sens plénier et juste par des interventions artificielles (…) L’acte conjugal qui serait privé de sa vérité parce que privé artificiellement de sa capacité de procréation cesserait aussi d’être un acte d’amour ».

Enfin, sur la question de l’avortement, il rappelait dans son livre « Entrez dans l’espérance » que « la légalisation de l’interruption de grossesse n’est rien d’autre que l’autorisation donnée à des adultes, avec l’aval de la loi, de priver de sa vie, avant qu’il ne voie le jour, un être humain qui ne peut se défendre. Comment oser parler de « l’obsession » du Pape quand est mis en cause un impératif fondamental de la conscience droite : la défense du droit à la vie d’un être humain innocent et sans défense… »

Enfin, il rappelle qu’il faut rejeter l’attitude dite « pro choix » qui consiste à choisir l’avortement pour favoriser une attitude « pro femme » dans une solidarité radicale avec les femmes. Cette solidarité exclue l’avortement car elle est aussi cause de souffrance pour les femmes. Quelque soit le choix d’une femme pour garder ou non son enfant, elle en subit toujours les conséquences. « Il n’est pas permis de la laisser seule » estimait-il.

Notons que les plus grands détracteurs de Jean-Paul II viennent des pays développés. Le Pape voyait dans ces véhémences les fruits d’une "culture de mort » alors qu’il promouvait une « culture de vie ».

* Yves Semen « La sexualité selon Jean-Paul II », Presses de la Renaissance, 2004

Source : Le Figaro (Philippe Simonnot – Élie Maréchal) 06/04/05

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ZENIT Staff

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