« C’est un seul défi au long des siècles, répond Mgr Ternyac : comment vivre le sacerdoce de façon authentique à l’époque actuelle. En effet, le sacerdoce est une réalité sacramentelle éternelle, insérée dans le temps : rendre le Christ contemporain. Comme lui, il a été signe de contradiction, comme l’est l’Evangile et ceux qui l’annoncent, les prêtres. Telle a été l’expérience de notre Maître, et des premiers apôtres. Naviguer lorsque le vent est bon, ce n’est pas une grande affaire, mais par vent contraire, cela devient un vrai défi. Dans une société où l’on recherche le succès, la carrière, l’hédonisme, la position économique, le jeune qui répond à l’appel au sacerdoce entend orienter sa vie de façon différente, en cherchant non ce qui est éphémère, mais les valeurs qui durent. Voilà le défi que les jeunes aiment : aller à contre-courant ».
Faut-il employer un autre langage aujourd’hui pour faire comprendre l’Evangile ? « On voit actuellement refleurir des activités de jeunes dans les paroisses, des mouvements de prière. Comment les jeunes pourraient-ils suivre leurs prêtres s’ils ne réussissaient pas à se parler et à se faire comprendre ? Mais il faut se souvenir qu’il est nécessaire de mettre sans cesse à jour notre langage et traduire les grandes vérités dans un langage que les gens parlent et comprennent. Il faut parler davantage d’expérience et par le témoignage de la vie. Paul VI avait souligné que le monde d’aujourd’hui a plus besoin de témoins que de maîtres. Je pense que l’accusation de ne pas se faire comprendre est causée surtout par la difficulté de vivre l’Evangile, les directives du magistère, spécialement en ce qui concerne les thèmes qui affligent comme jamais la société d’aujourd’hui : l’avortement, l’euthanasie, le divorce, les manipulations génétiques, et d’autres problèmes. La doctrine de l’Eglise est claire. Lorsque le discours est dur, il y a toujours le risque que quelqu’un s’éloigne. Lorsque les prêtres prêchent avec clarté la doctrine de l’Evangile et du magistère, étrangement, ils deviennent incompréhensibles. Il y a un paradoxe, que la grande philosophe Simone Weil formule ainsi : « Le prêtre catholique n’est compréhensible que lorsqu’il y a en lui quelque chose d’incompréhensible ».