Le 11 septembre dernier à Séoul, à l’occasion de son quarantième anniversaire, la Fondation de recherche sur l’histoire de l’Eglise en Corée a organisé un colloque. Réunissant environ 300 personnes, des évêques, des universitaires, des prêtres, des religieuses et des laïcs, ce colloque avait pour thème : « Comment étudier l’histoire de l’Eglise ? » Le P. John Byeon Woo-chan, vice-directeur de la Fondation, a déclaré à cette occasion que d’ici la fin de l’année, allait commencer la rédaction d’une histoire complète de l’Eglise catholique de Corée, dont les débuts remontent à 220 ans (1). Le prêtre a précisé que la première phase du travail était désormais quasi achevée. Celle-ci a été difficile étant donné le manque de documents disponibles dans les archives de l’Eglise en Corée. Pour accéder aux documents originaux permettant de retracer les débuts de l’histoire de l’Eglise, il a fallu, a expliqué le P. John Byeon, que des chercheurs partent dans des pays tels que la France et les Etats-Unis d’où étaient partis nombre de missionnaires actifs en Corée. Dans les archives des bibliothèques nationales de ces pays et dans celles des sociétés missionnaires, telles les Missions Etrangères de Paris ou la société de Maryknoll, les chercheurs ont trouvé de quoi nourrir leurs travaux. Outre les documents relatant l’histoire proprement dite de l’Eglise, des livres de prière, des livrets de catéchisme, parfois écrits ou imprimés sur des supports en bois, ont été retrouvés et fournissent des informations précieuses sur le passé de l’Eglise de Corée. Selon le P. John Byeon, d’ici à la fin de l’an prochain, une histoire complète en trois volumes devrait finir d’être rédigée.
Revenant sur les raisons ayant présidé à la création de la Fondation de recherche sur l’histoire de l’Eglise en Corée, le P. John Byeon a rappelé qu’il y a quarante ans, « le monde universitaire ne s’intéressait pas à l’Eglise catholique et à son histoire et ne pensait pas qu’il y avait là matière à recherche ». La Fondation a donc été créée pour susciter un intérêt et montrer que des sources documentaires existaient sur le sujet. Aujourd’hui, la mission de la Fondation est en partie accomplie dans la mesure où le gouvernement sud-coréen lui-même a reconnu que les documents rapportés des bibliothèques situées à l’étranger faisaient partie de l’héritage culturel national (2).
Le colloque du 11 septembre a été par ailleurs l’occasion de débats sur la place de la théologie dans l’étude de l’histoire de l’Eglise. Selon le P. Andrew Choi Suk-woo, qui fut le premier directeur de la Fondation et qui est aujourd’hui son directeur honoraire, la théologie et la recherche historique « peuvent et doivent coexister ». Un enseignant à l’université nationale de Cheju, le professeur Pak Chan-sik, a mis en garde contre le risque de tirer les études relatives à l’histoire de l’Eglise sur le terrain de l’apologétique. Un prêtre du diocèse de Suwon, le P. Hwang Chi-heon, s’est posé la question : « L’histoire de l’Eglise est-elle une théologie ? », répondant que l’Eglise ne devait pas craindre de se confronter à l’Histoire et à son histoire.
La Fondation de recherche sur l’histoire de l’Eglise en Corée a été fondée en 1964 comme un institut rattaché à l’Université catholique de Corée. Elle a pris son indépendance institutionnelle en 1972 et, depuis 1975, publie notamment un mensuel, L’Eglise et l’histoire. Aujourd’hui, huit prêtres et une vingtaine de laïcs y travaillent. Des études sur les persécutions anti-chrétiennes des XVIIIe et XIXe siècles ont été publiées. En 1984, une Encyclopédie catholique coréenne a vu le jour, complétée à partir de 1992 par un projet plus ambitieux en douze volumes (dont dix ont déjà été publiés). Selon le P. John Byeon, cette encyclopédie « est la seule dans le monde à avoir été rédigée entièrement selon l’esprit du Concile Vatican II ».
(1) L’histoire de l’Eglise catholique en Corée débute en 1777 lorsque quelques lettrés confucéens ayant lu des livres catholiques rapportés de Pékin se sont mis à suivre la religion chrétienne. L’entrée dans le pays des premiers missionnaires étrangers remonte à 1836.
(2) Voir EDA 245, 374
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