En espagnol, le pape disait, dans son homélie, en citant la deuxième épître de Paul à Timothée: » « Dieu nous a donné non pas un esprit de peur mais un esprit énergique, d’amour, et de bon jugement » (2 Tm 1,7). Ces paroles de saint Paul nous invite à collaborer à la construction du Royaume de Dieu, du point de vue de la foi. Elles s’appliquent bien à la vie de la bienheureuse Louise de Angelis dont l’existence a été complètement consacrée à la gloire de Dieu et au service de ses semblables. Sa figure est marquée par son cœur de mère, ses qualités de leader, et l’audace propre aux saints. Avec les enfants malades, elle a eu un amour concret et généreux, en affrontant des sacrifices pour les soulager. Avec ses collaborateurs de l’Hôpital de la Plata, elle a été un modèle de joie et de responsabilité, en créant un environnement familial. Pour ses sœurs, en communauté, elle a été un exemple authentique de Notre-Dame de la Miséricorde. En tout, elle a été soutenue par la prière, faisant de sa vie une communication continuelle avec le Seigneur ».
A l’angélus, le pape ajoutait en espagnol : « je salue cordialement les évêques, les prêtres et les fidèles, ainsi que les autorités venues d’Argentine pour la béatification de la Mère Louise de Angelis, tout spécialement les Filles de Notre Dame de la Miséricorde. En vous invitant à imiter les vertus de la nouvelle bienheureuse, je rappelle sa dévotion au Saint Rosaire, qu’elle tenait sans cesse en ses mains ».
Selon la congrégation romaine pour les causes des saints (cf. www.vatican.va), née le 24 octobre 1880 en Italie, à Saint Grégoire, petit village des Abruzzes, Sœur Maria Ludovica de Angelis par sa naissance – la première de huit enfants – avait comblé de joie ses parents qui le jour même, aux fonts baptismaux, avaient choisi, pour leur aînée, le nom d’Antonine.
Au long des années, en contact avec la nature et la vie des champs, la fillette, grandie limpide et loyale, laborieuse et riche en sensibilité, s’était transformée en une jeune fille forte et en même temps délicate, active et réservée, comme tous les gens de cette terre splendide.
Le 7 décembre de cette année de la naissance d’Antonine, devait s’éteindre à Savone une femme exceptionnelle qui avait choisi de donner de la plénitude à sa vie en suivant les empreintes de Celui qui avait dit: « Soyez miséricordieux… » et « tout ce que vous aurez fait à un seul parmi ces mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait… ».
C’était Sœur Marie J. Rossello, qui avait fondé, à Savone, en 1837, l’Institut des Filles de N. D. de la Miséricorde: une famille religieuse qui maintenant marchait vite sur les routes du monde et proposait, par la force de l’exemple, son même idéal à beaucoup de jeunes filles.
Antonine sentait en son cœur que ses rêves trouvaient un écho dans les rêves de la Mère Rossello. Entrée parmi les Filles de la Miséricorde le 14 novembre 1904, avec l’habit elle prend le nom de Sœur M. Ludovica, et trois ans après son entrée, le 14 novembre 1907, part pour Buenos Aires, où elle arrive le 4 décembre suivant. Dès ce moment, c’est une floraison continue d’humbles gestes silencieux, d’un dévouement discret et entreprenant. Sœur Ludovica n’a pas une grande culture…, au contraire! Toutefois c’est incroyable ce qu’elle arrive à réaliser sous les yeux étonnés de ceux qui l’entourent. Et si son castillan est agréablement italianisé par des touches pittoresques d’abruzzais, elle n’a pas de difficulté à comprendre et à se faire comprendre. Elle ne formule pas des programmes ou des stratégies, mais elle se donne de toute son âme. L’Hôpital des Enfants, où elle est affectée et qu’elle adopte tout de suite comme sa famille, la voit d’abord cuisinière empressée; puis, devenue administratrice de l’hôpital et responsable de la communauté, elle se comporte en infatigable ange gardien de l’œuvre qui autour d’elle se transforme graduellement en famille unie par un unique but: le bien des enfants.
Sereine, active, décidée, hardie dans les initiatives, forte dans les épreuves et dans la maladie, avec l’inséparable chapelet entre les mains, le regard et le cœur à Dieu, le sourire constant dans les yeux, Sœur Ludovica devient à son insu, par sa bonté sans limite, inlassable instrument de miséricorde, afin que le message de l’amour de Dieu pour chacun de ses fils arrive à tous.
Unique programme formulé expressément – c’est la phrase qui revient sans cesse! -: « Faire du bien à tous, à n’importe qui ». Par des financements que seul le Ciel sait comment Sœur Ludovica les a obtenus, se réalisent des salles d’opérations, des salles pour les malades, des nouvelles machineries, un bâtiment à Mar del Plata pour la convalescence des enfants, une Chapelle, aujourd’hui Paroisse, et une florissante ferme à City Bell afin que ses protégés aient toujours de la nourriture naturelle.
Sœur M. Ludovica sera amie et confidente, conseillère et mère, guide et consolation, pour des centaines et des centaines de personnes de toute condition sociale… pendant 54 ans.
Le 25 février 1962, elle termine son chemin terrestre, mais son souvenir demeure bien vivant, en particulier dans tout le personnel médical, et l’Hôpital des Enfants prend le nom d’Hôpital Supérieure Ludovica.