En intervenant hier lors de la seconde journée de la XVe Conférence internationale sur le Sida en cours à Bangkok (Thaïlande), dédiée aux enfants, M. Wilson a dénoncé le fait que « les multinationales pharmaceutiques ne font preuve d’aucun intérêt pour l’investissement dans les domaines de l’étude et de l’expérimentation de thérapies pédiatriques, car dans les pays riches la transmission du virus de la mère à l’enfant est désormais presque inexistante et donc il n’y a presque plus d’enfants séropositifs. Les nombreux enfants malades des pays pauvres ne représentent pas un marché attrayant pour les industries pharmaceutiques ».
A l’heure actuelle, dans les pays en développement 2,5 millions de mineurs de moins de 15 ans sont affectés par le virus du Sida, mais parmi eux, rares sont ceux qui réussissent à avoir accès aux soins. Et même pour ces derniers, les choses ne sont pas simples. « Les enfants qui ont besoin d’un traitement anti-rétroviral contre le Sida sont contraints d’avaler de grandes quantités de sirop ayant mauvais goût ou de gros cachets » a souligné M. Wilson, en ajoutant: « Le seul espoir à l’horizon est que quelques unes des sociétés produisant l’équivalent des médicaments anti-rétroviraux, et qui ont déjà mis au point des thérapies simplifiées pour les adultes, réussissent à faire de même pour les enfants ».
L’UNICEF a pour sa part mis l’accent sur le phénomène des « orphelins du Sida », des enfants qui ont perdu leur père, leur mère ou leurs deux parents à cause de la maladie et qui selon la dernière publication du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (« Children on the Brink 2004 », « Enfants au bord du gouffre »), de 1981 à ce jour, sont au nombre de 15 millions et pourraient dépasser le seuil des 18 millions d’ici 2010.
Les enfants « ont besoin de quelque chose de plus que des paroles » soutiennent les auteurs du rapport; en particulier d’une leadership qui ait un impact direct sur leurs vies, d’actions de synergie et des stratégies ciblées en mesure de protéger, respecter et exaucer les espoirs et les rêves de tous les orphelins.
Aujourd’hui, continue Misna, c’est un message en faveur de la promotion d’actions concrètes pour les femmes, en essayant de réduire leur vulnérabilité face à l’infection du virus du Sida, qui a été lancé par Kathleen Cravero, vice-directeur exécutif du programme conjoint des Nations-Unies sur le Sida (Onusida) lors d’un communiqué à peine diffusé.
Ce commentaire a été formulé à l’occasion de la publication d’un rapport conjoint d’Onusida, d’UNIFEM (Fonds de développement des Nations Unies pour les femmes) et de l’UNFPAa (Fonds de l’ONU pour la population) duquel il émerge que près de la moitié des 37,8 millions de personnes infectées par le virus dans le monde entier sont de sexe féminin.
La recherche, intitulée « Femmes et Sida: en affrontant la crise », prouve, indique la même source, que la diffusion du virus au sein de la population féminine est en hausse par rapport à l’année 1985, lorsqu’elle représentait 35 pour cent des malades. Actuellement en Afrique sub-saharienne la situation est plus grave encore, avec 57 pour cent de la population féminine malade et avec le risque de contamination multiplié par trois pour la catégorie des femmes de 15-24 ans par rapport aux hommes.
Discrimination, pauvreté et abus sexuels à l’encontre des femmes sont des facteurs contribuant à l’essor de la maladie dans cette catégorie de population. « La discrimination entre les sexes a fait en sorte qu’une maladie dévastatrice porte à une crise sociale et économique » a dit Noeleen Hayzer, directeur exécutif de l’UNIFEM. « La crise implique que des programmes et des ressources soient sérieusement engagés afin de promouvoir l’égalité entre les sexes et le renforcement des droits des femmes » a-t-elle poursuivi.
En particulier, souligne Misna, le rapport des organismes de l’ONU indique la nécessité de garantir aux femmes le droit à l’éducation et à l’information, indispensables pour se protéger; le droit d’utiliser des méthodes de protection; le droit à l’indépendance économique, celui de se libérer de pratiques traditionnelles violentes et d’exercer un contrôle sur son propre corps et sur sa propre vie. « L’abstinence n’a pas de sens lorsqu’en réalité ce sont les maris qui ont d’autres partenaires en plus de leur épouse et ont été infectés avant le mariage » soutient le directeur de l’UNFPA, Thoraya Obaid.