CITE DU VATICAN, Jeudi 17 juin 2004 (ZENIT.org) – L’aide du Vatican aux prisonniers de guerre, aux disparus et à leurs familles pendant et après la deuxième guerre mondiale, a été voulue par Pie XII, comme en témoigne les deux volumes intitulés « Inter arma caritas » : 1.511 pages (75 euro) de documents inédits.
Le premier volume donne en effet l’inventaire du fond du « Bureau d’information sur les prisonniers de guerre », mis au point par Giuseppina Rosselli et Francesca di Giovanni. Le second offre un choix de documents. La publication est due aux Archives secrètes du Vatican, confiées à la responsabilité du P. Sergio Pagano, préfet : quatre archivistes y ont travaillé pendant quatre ans.
Ils vont être publié d’ici fin juin, grâce à l’accès aux documents des Archives secrètes du Vatican. Ils seront accompagnés de 8 DVD contenant les reproductions des fiches authentiques (leur prix est de 400 euro).
Ce service créé en 1939 par le Vatican à la demande expresse de Pie XII avait été confié au futur Paul VI, Mgr Giovanni Battista Montini, alors substitut de la secrétairerie d’Etat. Les fiches pourront être consultées directement par les experts au Vatican à partir du 15 septembre prochain.
Le service est resté actif jusqu’en 1947. Environ dix millions de demandes sont parvenues, quelque 4 millions de fiches ont été remplies pour les classifier : elles concernent 2,1 millions de prisonniers. Mille demandes arrivaient chaque jour puis plusieurs dizaines de mille vers la fin du conflit. Le bureau déménagea deux fois pour arriver à la maison « San Carlo » du Vatican.
Il emploiera deux personnes, puis 16, puis une centaine, et, en 1943 jusqu’à 600 personnes, rétribuées ou volontaires, employés du Vatican, religieuses, séminaristes, jeunes de l’Action catholique. Y travaillèrent des personnalités comme Vittorio Bachelet, futur magistrat (assassiné par les Brigades Rouges en 1980), ou Igino Giordani, plus tard député, et co-fondateur du mouvement des Focolari (dont le procès de béatification a été ouvert), des membres de la famille d’Alcide de Gasperi, l’un des pères de l’Europe, qui travaillait alors à la Bibliothèque vaticane.
Croyants, non croyants, catholiques et non catholiques, pères, mères, enfants, frères, sœurs, épouses, désespérés parce que sans nouvelles, ont eu recours à ce Bureau. Certains s’adressent directement au pape l’appelant « Révérend Pie XII » ou « Pape de Rome » ou « Cher Pape » ou « Monsieur Pie XII ».
On y trouve par exemple une lettre de Pier Paolo Pasolini qui a écrit au pape en 1942 – il a vingt ans – pour demander des nouvelles de son père, officier de carrière, prisonnier en Afrique : il fut retrouvé. On y trouve la lettre du rabbin Isaac Herzog, grand rabbin de Terre Sainte, en faveur du grand rabbin d’Oslo, Julius Samuel, arrêté par les nazis et probablement déporté. Il demande l’aide du Vatican pour le retrouver et le secourir invoquant combien le rabbin Samuel « est tenu en haute estime par le clergé catholique ».
On y trouve aussi des rapports des visites aux camps de prisonniers de chaque pays envoyés à Rome par les représentants pontificaux qui s’y rendaient à la demande de Pie XII. Le nonce en Italie, Borgongini Duca, par exemple, en effectue 106 au cours des trois premières années de la guerre.
L’ouverture de ce fond spécial a été voulue par Jean-Paul II à marches forcées par rapport au rythme habituel d’ouverture de ces archives. Tout le pontificat de Pie XI (1922-1937) sera accessible aux chercheurs d’ici la fin de l’année 2004. Une ouverture anticipée de la section allemande du pontificat de Pie XI a déjà eu lieu en 2003 : elle met en lumière l’activité sans ambiguïté du nonce Pacelli, bientôt appelé à Rome auprès de Pie XI. Il devint ainsi le principal rédacteur de l’encyclique condamnant le nazisme dès 1937, et rédigée pour cela en Allemand : « Mit brennender Sorge ». Ces deux nouveaux volumes éclairent à leur tour le pontificat du pape Pacelli, Pie XII.
Jean-Paul II entend ainsi répondre à l’attente des historiens avide de constater de visu les documents concernant les activités du Vatican pendant la dernière guerre mondiale.