CITE DU VATICAN, Samedi 23 juin 2001 (ZENIT.org) – Le deuxième discours du pape Jean-Paul II à fait l´effet d´une « bombe », disait un commentateur ukrainien à la télévision italienne. Une « leçon d´histoire » commentait une autre chaîne (cf. les deux discours ci-dessous ZF01062302 et 03).
Parti à 8 h 30 de Rome, le pape Jean-Paul II est arrivé à l´aéroport Boryspil de Kiev vers 11 h 30. C´est son 94e voyage en dehors de l´Italie, et le 125e pays qu´il visite. Lors de la cérémonie de bienvenue, le pape a d´emblée réaffirmé qu´il venait en « pèlerin de la paix », porteur d´un message de « fraternité ». D´emblée aussi, le pape a également appelé au pardon réciproque entre chrétiens. Nous rappelons ci-dessous le programme et les perspectives de ce voyage.
En partant d´Italie, le pape disait dans son télégramme au président Carl Azeglio Ciampi le but de son voyage: « Je m´apprête à accomplir ma visite pastorale en Ukraine mû par le vif désir de rencontrer mes frères dans la foi et les habitants de cette noble Nation, témoin courageux d´un amour fidèle et tenace pour la liberté religieuse ».
En fin d´après midi, le pape a effectué une visite de courtoisie au président de la République, Léonid Koutchma, au palais présidentiel Mariyinskyi à Kiev. La visite s´est prolongée, faisant enregistrer le premier retard du voyage pour la rencontre avec les représentants du monde politique, de la culture, des sciences et de l´économie, dans ce même palais.
Le discours du pape a été jugé comme une « bombe » par le prêtre catholique Ewghen Nebesniak qui commentait la rencontre en direct pour Telepace (Rome). Une « leçon d´histoire » disait la RAI. Le pape a en effet repris les événements principaux de l´histoire récente de l´Ukraine: les totalitarismes du XXe siècle, la famine provoquée par Staline, faisant des millions de morts, la libération du joug soviétique et l´accession à l´indépendance, mais aussi l´espérance à puiser dans une culture imprégnée de l´Evangile, et la reconstruction, à l´intérieur de l´Europe. Un appel à la confiance et à la conscience. « Personne n´ose parler avec une telle transparence de l´histoire récente, parce que de nombreux communistes sont encore au pouvoir », disait le commentateur.
Joseph Vandrisse évoquait le tact affiné mais aussi cette franchise de Jean-Paul II, le slave, dans un article du Figaro intitulé « un exercice d´équilibre périlleux »: « Chacun reconnaît les qualités exceptionnelles de Jean-Paul II, sa maîtrise des questions les plus délicates, son amour de la vérité comme son respect des personnes. On le vit ces derniers temps, à Jérusalem, comme à Damas. Pour sa part, il affirmait mercredi qu´il partait « avec une grande espérance ». »
J. Vandrisse rappelait aussi les mots du cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la culture, après sa rencontre de l´an dernier avec vingt-quatre recteurs d´universités: « Une évangélisation sérieuse peut aider grandement à dépasser les conflits internes d´ordre confessionnel, souvent attisés par des médias religieux ou politiques ». « Il est convaincu, ajoutait J. Vandrisse, que « le Pape trouvera le langage adéquat et qu´il poussera les catholiques eux-mêmes parfois opposés entre eux, à militer pour l´unité de tous les chrétiens ». Car le pape polonais connaît « parfaitement la question ukrainienne ».
L´équilibre sera maintenu également vis à vis des communautés catholiques, comme le notait pour sa part Elie Maréchal: les messes en rite latin et les liturgies en rite byzantin (ou gréco-catholique) respecteront, dans les jours qui suivent, la répartition géographique des deux grandes traditions catholiques en Ukraine où l´orthodoxie est néanmoins majoritaire (60% des 50 millions d´habitants).
Dimanche 24, au soir, Jean-Paul II est attendu par une vingtaine de représentants du Conseil panukrainien des Églises et organisations religieuses: des représentants des communautés juives et musulmanes ont d´ores et déjà annoncé que le pape était le bienvenu.
A Kiev, la majorité des catholiques étant de rite latin, la messe, suivie de l´angélus, sera célébrée dans ce rite à l´aéroport de Chayka, à la périphérie ouest de Kiev (à 8 h 30, heure de Rome). La « Divine liturgie » (célébration eucharistique) en rite byzantin, sera célébrée lundi à 10h.
Ce même jour, Jean-Paul II se rendra à Lvov, où les gréco-catholiques (35%) et les catholiques latins (6%) l´emportent sur les quelque 20% d´orthodoxes. On attend de nombreux pèlerins des pays frontaliers, de Pologne, de Slovaquie, de Hongrie, de Russie.
Mardi matin, 26 juin, célébrant en rite latin sur l´hippodrome de Lviv, Jean-Paul II béatifiera un archevêque né près de Cracovie, et un prêtre fondateur d´une congrégation religieuse féminine.
Mardi également, Jean-Paul II rencontrera les jeunes.
Mercredi matin, 27 juin, le pape présidera à nouveau une « Divine liturgie » byzantine avec béatification de vingt-six martyrs gréco-catholiques, victimes du communisme et un prêtre victime du nazisme, ces totalitarismes dont le pape parlait dès ce premier jour de visite apostolique.
Pour sa part, les autorités ukrainiennes favorisent au maximum l´information sur le voyage du pape, indiquent des journalistes sur place. Les media officiels mettent l´accent non sur les polémiques, mais sur le déroulement concret du voyage, et sur les informations pratiques dont les Ukrainiens ont besoin pour se rendre à tel ou tel rendez-vous.