Peine de mort: "Ma fille n´aurait pas voulu cette vengeance"

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Déclarations du père de l´une des victimes d´un terroriste exécuté

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ROME, Vendredi 15 juin 2001 (ZENIT.orgAVVENIRE) – « Qu´est-ce qu´on a gagné? Timothy McVeigh est mort et les parents des victimes sont rentrés chez eux avec leur douleur et leur soif de vengeance insatisfaite ». C´est ce qu´a déclaré Bud Welch, père de Julie, décédée à l´âge de 24 ans dans l´attentat contre le bâtiment fédéral de Oklahoma où elle travaillait, le 19 avril 1995.

« J´espère seulement que lorsque le soleil se couchera sur Terre Haute, ces pensées nous rapprocheront de l´abolition de la peine de mort », a ajouté Bud Welch. Bouleversé par la mort de sa fille, il s´est malgré tout engagé résolument à lutter contre la peine de mort aux Etats-Unis.

Q: Qu´est-ce que vous avez ressenti lorsque le terroriste qui a tué votre fille a été exécuté?

Bud Welch: De la tristesse. Ce n´était qu´un acte de vengeance, réalisé par l´Etat. Il n´a rien apporté aux familles des victimes car demain elles se lèveront avec le même vide qu´avant. Comment peut-on imaginer guérir la douleur avec une exécution? Il est temps que notre pays réfléchisse et comprenne ce qu´est en réalité la peine de mort: une vengeance collective qui ne fait qu´alimenter le cycle de la violence et des sentiments de colère.

Q: Ce sont pourtant des sentiments naturels, même s´ils sont négatifs. Comment est-ce possible que le père d´une jeune fille assassinée de cette manière s´oppose aussi résolument à l´exécution de son assassin?

Bud Welch: A cause d´une conviction personnelle, de l´expérience et de la foi. Je sais que la vie appartient à Dieu et ce n´est pas à nous les hommes de la donner ou de l´enlever. Nous pouvons punir les criminels et faire en sorte qu´ils ne récidivent pas, en utilisant des systèmes différents. Mais la mort? Où conduit-elle? Les familles des victimes garderont leur soif de vengeance mais elles n´auront plus personne vers qui la diriger. C´est vraiment la solution que nous voulons pour nos tragédies?

Q: Le pape avait demandé à George Bush de pardonner à McVeigh. Qu´est-ce que vous pensez de la position de l´Eglise contre la peine de mort?

Bud Welch: Je voudrais remercier Jean-Paul II non seulement pour la demande qu´il a faite dans ce cas, mais aussi pour tout son engagement contre les exécutions en général. En tant que fidèle, je remercie l´Eglise de la fermeté avec laquelle elle défend la dignité de la vie. Comme catholique pratiquant, j´ai vu personnellement les fruits des paroles du pape, car maintenant tous les prêtres se prononcent contre la peine de mort dans leurs paroisses, et il y a de plus en plus d´évêques et de cardinaux américains fortement engagés dans ce domaine.

Q: Ces derniers mois vous avez eu des contacts avec Bill McVeigh, le père du terroriste exécuté. Les media disent que vous êtes devenus amis. Comment peut-on établir une telle relation?

Bud Welch: Nous sommes deux pères qui ont perdu leurs enfants. Il est juste de souligner que ce destin n´a pas été choisi par les victimes.

Q: Pensez-vous souvent à Julie?

Bud Welch: Je pense tous les jours à ma fille et je sais qu´aujourd´hui elle est triste et contrariée comme moi. Elle travaillait pour Amnesty International depuis qu´elle avait 16 ans et elle allait à la messe tous les jours. Elle croyait en Dieu, elle croyait au caractère sacré de la vie et à la force du pardon. Elle n´aurait jamais voulu cette vengeance, accomplie, qui plus est, en son nom.

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ZENIT Staff

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