CITE DU VATICAN, Jeudi 7 juin 2001 (ZENIT.org) – Voici le texte de la catéchèse de Jean-Paul II lors de l´audience générale du 30 mai 2001: un commentaire du Psaume 5.
– Prière du matin pour bénéficier de l´aide du Seigneur –
Lecture: Ps 5
1. « Au matin tu écoutes ma voix; je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets ». Avec ces paroles, le Psaume 5 se présente comme une prière du matin et, pour cette raison, il trouve bien sa place dans la liturgie des Laudes, le chant du fidèle au début de la journée. La tonalité de fond de cette prière est marquée par la tension et par l´inquiétude pour les dangers et les épreuves qui vont avoir lieu. Mais la confiance en Dieu ne manque pas, lui qui est toujours prêt à soutenir son fidèle pour qu´il ne butte pas sur le chemin de la vie.
« Personne, si ce n´est l´Eglise, ne possède une telle confiance » (Jérôme, Tractatus LIX in psalmos, 5, 27: PL 26, 829). Saint Augustin, quant à lui, attirant l´attention sur le titre qui est placé au début du Psaume, un titre qui dans sa version latine dit: Pour celle qui reçoit l´héritage, explique: « Il s´agit donc de l´Eglise qui reçoit en héritage la vie éternelle au moyen de notre Seigneur Jésus-Christ, de sorte qu´elle possède Dieu lui-même, qu´elle adhère à lui, et qu´elle trouve en lui son bonheur, selon ce qui est écrit: « Heureux les doux, car ils posséderont la terre » (Mt 5, 4) » (Enarr. in Ps., 5: CCL 38, 1, 2-3).
2. Comme cela est souvent le cas dans les Psaumes de « supplication » adressés au Seigneur pour être libérés du mal, trois personnages entrent en scène dans ce Psaume. Voilà tout d´abord apparaître Dieu (vv. 2-7), le Tu par excellence du Psaume, auquel le priant s´adresse avec confiance. Face aux cauchemars d´une journée difficile, voire dangereuse, une certitude apparaît. Le Seigneur est un Dieu cohérent, rigoureux devant l´injustice, étranger à tout compromis avec le mal: « Tu n´es pas un Dieu ami du mal » (v. 5).
Une longue liste de personnes méchantes – le méchant, l´arrogant, le malfaisant, l´imposteur, l´homme de sang, le fraudeur – défile devant le regard du Seigneur. Il est le Dieu saint et juste et il se range du côté de celui qui parcourt les voies de la vérité et de l´amour, en s´opposant à celui qui choisit « les pistes qui conduisent vers les ombres » (cf. Pr 2, 18). Ainsi, le fidèle ne se sent pas seul et abandonné lorsqu´il affronte la ville, en pénétrant dans la société et dans la confusion des événements quotidiens.
3. Dans les versets 8-9 de notre prière du matin, le second personnage, le priant, se présente lui-même comme un « je », révélant que toute sa personne est consacrée à Dieu et à sa « grande miséricorde ». Il est sûr que les portes du Temple, c´est-à-dire le lieu de la communion et de l´intimité divine, barrées pour les impies, sont ouvertes toutes grandes devant lui. Il y entre pour goûter la sécurité de la protection divine, alors que dehors, le mal règne et célèbre ses triomphes apparents et éphémères.
De la prière du matin dans le temple, le fidèle reçoit la force intérieure pour affronter un monde souvent hostile. Le Seigneur lui-même le prendra par la main et le guidera sur les routes de la ville, « il aplanira devant lui le chemin », comme le dit le Psalmiste en utilisant une image simple mais suggestive. Dans l´original hébreu, cette confiance sereine se fonde sur deux termes (hésed et sedaqáh): « miséricorde ou fidélité » d´une part, et « justice ou salut » de l´autre. Ce sont les paroles typiques pour célébrer l´alliance qui unit le Seigneur à son peuple et à chaque fidèle.
4. Voilà que se dessine enfin à l´horizon l´obscure figure du troisième acteur de ce drame quotidien: ce sont les ennemis, les mauvais, qui se trouvaient déjà en arrière-plan des versets précédents. Après le « Tu » de Dieu et le « Je » du priant, il y a à présent le terme « eux », qui indique une masse hostile, symbole du mal dans le monde (vv. 10-11). Leur apparence est décrite à partir d´un élément fondamental dans la communication sociale, la parole. Quatre éléments – la bouche, le coeur, la gorge, la langue – expriment le caractère radical de la malice contenue dans leurs choix. Leur bouche est pleine de fausseté, leur coeur ourdit constamment des perfidies, leur gorge est comme un sépulcre béant, qui ne désire que la mort, leur langue est séduisante, mais « pleine d´un venin mortel » (Jc 3, 8).
5. Après cette description âpre et réaliste du pervers qui porte atteinte au juste, le Psalmiste invoque la condamnation divine dans un verset (v. 11), que la liturgie chrétienne omet, voulant ainsi se conformer à la révélation néo-testamentaire de l´amour miséricordieux, qui offre également au méchant la possibilité de la conversion.
A cet endroit, la prière du Psalmiste arrive à un final plein de lumière et de paix (vv. 12-13), après le sombre profil du pécheur qui vient d´être dessiné. Une vague de sérénité et de joie enveloppe celui qui est fidèle au Seigneur. La journée qui s´ouvre pour le croyant, même si elle est marquée par des difficultés et des inquiétudes, sera toujours sous le soleil de la bénédiction divine. Le Psalmiste, qui connaît en profondeur le coeur et le style de Dieu, n´a aucun doute: « Seigneur, tu bénis le juste, du bouclier de ta faveur tu le couvres » (v. 13).