ROME, Mardi 5 juin 2001 (ZENIT.org) – « Intolérance et impunité »: deux scandales s´ajoutent aux « milliers » d´agressions dont des prêtres, religieuses et religieux, et chrétiens en général ont été victimes ces dernières années en Inde, dénonce aujourd´hui L´Avvenire. Après l´assassinat de trois Salésiens, toujours pas d´enquête ouverte. Les évêques viennent de protester à la suite d´un refus de sépulture à un chrétien, le 20 mai.
Ces attaques, explique le correspondant du quotidien italien d´inspiration catholique, sont le fait de fondamentalistes Hindous, de mercenaires et d´autres militants, et ont causé plus d´une dizaine de morts. Mais la plupart du temps, les coupables ne sont pas trouvés ou pas punis.
La plus récente agression meurtrière est celle qui a causé la mort, le 15 mai dernier, de 3 Salésiens, dans la région de Manipur: le P. Raphaël Paliakara (47 ans), son assistant, le P. Andreas Kindo (31 ans), et fr Shinu Joseph Valliparambil (23 ans). Selon le supérieur des Salésiens de la province de Dimapur, le P. Thomas Mulayinkal, les mercenaires se sont présentés armés de fusils automatiques et ont fait appeler le P. Paliakara, alors en réunion avec les 27 novices.
Après une longue discussion sur le terrain de volley, le prêtre a remis aux extrémistes tout l´argent comptant disponible (environ 600 dollars). Les mercenaires n´étaient pas satisfaits. Il demandèrent au prêtre de faire sortir les novices et d´indiquer ceux qui n´étaient pas originaires du lieu. Le prêtre, alors rejoint par ses deux confrères, se refusa de livrer les jeunes. Les extrémistes ont alors ouvert le feu sur lui et sur les deux religieux qui tentaient de le protéger.
Sur les 27 novices en effet, 6 appartiennent aux tribus locales Naga. Moins d´un quart de quelque 100 prêtres de la communauté de Manipur sont d´origine locale. Les catholiques sont une communauté de 70.000 personnes sur 2,5 millions d´habitants.
Les séminaristes et le personnel du couvent sont convaincus que si le P. Paliakara avait obtempéré, les jeunes auraient été massacrés. Les funérailles ont eu lieu le 17 mai à Dimapur, en présence de 3 évêques, 200 prêtres, 5.000 fidèles. Le 18 mai, plus d´un millier d´écoles sont restées fermées en protestation contre l´assassinat des trois Salésiens.
Les tentatives d´extorsions de fonds à des écoles catholiques se sont tout particulièrement multipliées. En février, 8 écoles (soit 10.000 élèves) de la vallée de Imphal, ont refusé le versement demandé de 500.000 roupies pour chaque institut. Depuis le début des années ´90, trois prêtres ont été tués, six ont été enlevés, et de nombreux bâtiments ont été saccagés.
Les militants « ethniques » « punissent » en effet qui ne cède pas à leur demande d´extorsion, même dans les milieux gouvernementaux. La police est souvent « spectatrice muette ». Les enquêtes sur ces faits n´ont pas encore démarré. Le 29 mai, une nouvelle journée de protestation a vu les portes des écoles fermées.
Dans le Nord-Est de l´Inde, trois Etats sur sept sont en majorité chrétiens, mais la vie des missionnaires est menacée par les violences, pour des raisons politiques, ethniques, ou à cause de la persécution religieuse.
A ces faits s´ajoute l´opposition rencontrée par les Chrétiens pour la sépulture refusée à l´un des leurs à Kapadwanj, dans l´Etat du Gujarat, ce qui a suscité les protestations de la conférence des évêques catholiques indiens. Le 20 mai dernier, Daudhabhai Lazarusbhai Solanki devait être enterré au cimetière local. Mais le cortège funèbre a été bloqué par un groupe de fondamentalistes. Les évêques en ont appelé aux autorités locales pour demander qu´un tel épisode ne se reproduise jamais plus. Ils ont adressé une lettre au président de la Commission nationale des droits de l´homme J. S. Verma. L´archevêque de Delhi, Vincent Michael Concessao, et le vice-président de la Conférence des évêques catholiques soulignent que la politique démocratique du pays et la réputation internationale risquent d´être entamées par les violents incidents qui sont le fait d´un petit groupe de fondamentalistes.