Jean-Paul II l´avait promise: catéchèse sur les psaumes pour les laïcs

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Entrée dans la prière liturgique par une lecture de l´Ecriture dans la Tradition

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CITE DU VATICAN, Mercredi 28 mars 2001 (ZENIT.org) – Saint Romuald, explique aujourd´hui le pape dans la catéchèse de l´audience hebdomadaire, allait jusqu´à affirmer que les psaumes sont « le seul chemin pour faire l´expérience d´une prière vraiment profonde ». Un « choix gagnant » aussi, face aux hérésies menaçant « l´unité de foi et de communion ».

« Au début du nouveau millénaire »
Comme Jean-Paul II l´avait promis, il a en effet commencé aujourd´hui une série de catéchèses sur les psaumes et les cantiques de la prière des Laudes pour « encourager et aider chacun à prier avec les paroles qui ont été utilisées par Jésus et qui, depuis des millénaires, sont présentes dans la prière d´Israël et de l´Église ». « Nous chercherons, explique le pape, à découvrir la signification religieuse des psaumes ». Dans sa Lettre apostolique pour l´entrée dans le nouveau millénaire (« Novo millennio ineunte », NMI, du 6 janvier 2001), Jean-Paul II a annoncé son intention d´aider en particulier les laïcs à participer à la prière liturgique. Cette insistance explique la place que nous donnons à cette catéchèse aujourd´hui.

La liturgie et les psaumes: le Concile
Rappelons à ce propos que la constitution conciliaire sur la sainte liturgie (« Sacrosanctum concilium ») a été le premier document promulgué par le pape Paul VI en union avec les pères conciliaires, le 4 décembre 1963, ce qui manifeste l´importance qu´ils lui accordaient. Selon le vieil adage, la prière liturgique est en effet le lieu de la célébration et de la proclamation de la foi: elle enseigne ce qu´il faut croire (« lex orandi lex credendi »).
Aujourd´hui, Jean-Paul II encourage à nouveau toute l´Eglise à réapprendre « l´art de la prière », « des lèvres du Divin Maître ». Dans sa catéchèse, le pape enseigne à lire l´Ecriture dans la Tradition, selon les principes énoncés par la constitution – « dogmatique » – du concile Vatican II sur la Révélation divine (« Dei Verbum », 18 novembre 1965).

Prière de tout le Peuple de Dieu
Cet engagement de l´Eglise dans la prière, explique le pape dans sa catéchèse en italien, « doit être vécu surtout dans la liturgie, source et somment de la vie de l´Eglise ». Il invite à un « soin pastoral plus grand » pour la « promotion de la Liturgie des Heures en tant que prière de tout le Peuple de Dieu » (NMI, 34).
Et d´expliquer: « Si, en effet, les prêtres et les religieux ont la charge précise de la célébrer, elle est cependant chaudement recommandée aux laïcs aussi ». A ce propos le pape cite la constitution de Paul VI « Laudis canticum » qui « déterminait le modèle en vigueur de cette prière, en souhaitant que les psaumes et les cantiques, structure portante de la liturgie des heures, soient compris « par le peuple de Dieu avec un amour renouvelé » (Actes du Saint-Siège, AAS 63 [1971], 532).
« C´est un fait encourageant, constate le pape, que de nombreux laïcs, dans les paroisses ou les associations ecclésiales, aient appris à la mettre en valeur. Elle demeure pourtant une prière qui suppose une formation catéchétique et biblique adéquate pour qu´on puisse la goûter en profondeur ». C´est la raison pour laquelle le pape commence aujourd´hui cette série de catéchèses.

Différentes lectures possibles
Le pape choisit de faire « découvrir la signification religieuse des psaumes ». Mais il souligne qu´on pourrait aussi donner des psaumes d´autres lectures, en particulier la lecture à partir de leur « structure littéraire », ou les « auteurs » ou leur « formation », les « contextes dans lesquels ils ont été écrits ». Ou bien l´on pourrait mettre en valeur leur caractère « poétique » qui « atteint parfois de très hauts niveaux d´intuition et d´expression symbolique ». Il est aussi possible de les lire du point de vue des « sentiments » humains qui s´y manifestent: « joie, reconnaissance, action de grâce, amour, tendresse, enthousiasme, mais aussi souffrance intense, récrimination, appel à l´aide, à la justice, qui débouchent parfois sur la colère et l´imprécation ». « Dans les psaumes, l´être humain se retrouve entièrement lui-même ».

Exégèse et Tradition
Dans le type de lecture choisie par Jean-Paul II, il s´agit avant tout de « faire émerger leur signification religieuse ». En effet, bien qu´ils aient été écrit par des croyants juifs il y a tant de siècles, ils peuvent être assumés dans la prière par les disciples du Christ ». Le pape annonce qu´il se laissera guider à la fois par « l´exégèse » et par la « Tradition », surtout « à l´écoute des Pères de l´Eglise ».

Les psaumes parlent du Christ
« Dans les psaumes, on parle du Christ », insiste le pape. Or, ce sont les Pères qui ont indiqué comme « la grande clef de lecture des psaumes » le « Christ lui-même dans la plénitude de son mystère ». Et de citer la méthode d´explication de l´Ecriture enseignée par le Christ ressuscité lui-même aux disciples d´Emmaüs (Lc 24,44), à partir de ce que disent de lui « dans la loi de Moïse » (le Pentateuque, la « Torah » des Juifs), les Prophètes (les livres prophétiques et historiques du Premier Testament) et dans les Psaumes (psaumes et autres écrits de sagesse).

Dimension ecclésiale: le chant choral des psaumes
Les Pères ajoutent, précise Jean-Paul II, que « dans les psaumes, on parle au Christ ou c´est même le Christ qui parle ». « En disant cela, explique Jean-Paul II, ils ne pensaient pas seulement à la personne individuelle de Jésus, mais au Christus totus, au Christ total, formé du Christ tête et de ses membres ». « C´est ainsi que naît, pour le chrétien, la possibilité de lire tout le psautier à la lumière de tout le mystère du Christ. C´est justement cette optique qui en fait aussi émerger la dimension ecclésiale, particulièrement mise en évidence par le chant choral des psaumes. On comprend ainsi comment les psaumes ont pu être assumés, dès les premiers siècles, comme prière du Peuple de Dieu ».

Le mérite des moines et S. Romuald
Cette tradition a été conservée par les moines. « Si, à certaines périodes de l´histoire, continue Jean-Paul II, est survenue une tendance à préférer d´autres prières, ce fut le grand mérite des moines de tenir le flambeaux des psaumes dans l´Eglise. L´un d´eux, saint Romuald, fondateur des Camaldules, à l´aube du second millénaire chrétien, allait jusqu´à soutenir – comme son biographe, Thoas de Querfurt, l´affirme – que les psaumes sont le seul chemin pour faire l´expérience d´une prière vraiment profonde : « Una via in psalmis » (Passio Sanctorum Benedicti et Johannes ac sociorum eorundem: MPH VI, 1893,427).

Un choix « gagnant »
C´est peut-être à première vue une « affirmation excessive », concède le pape, mais Romuald restait ainsi « ancré dans la meilleure tradition des premiers siècles chrétiens »: le psautier, explique Jean-Paul II, était devenu « le livre par excellence de la prière ecclésiale ». Un « choix gagnant » souligne le pape, face aux « tendances hérétiques » qui ne cessaient de menacer « l´unité de foi et de communion ».

Arme universelle contre l´hérésie
Le pape cite à ce propos la lettre de saint Athanase à Marcellin (cf. Patrologie grecque de Migne, PG 27,12 ss.), dans la première moitié du IVe siècle, marquée par l´hérésie arienne qui minait « la foi dans la divinité du Christ ». Arius, prêtre d´Alexandrie, niait en effet l´unité et l´identité de « nature » des personnes de la Sainte Trinité, notamment du Père et du Fils: cette hérésie fut condamnée aux conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381). Or, explique le pape, les hérétiques avaient une méthode pastorale efficace: ils employaient « chants et prières » pour attirer les gens en flattant leurs « sentiments religieux ». Athanase, explique Jean-Paul II mit tous ses efforts à « enseigner le psautier transmis par l´Ecriture ». C´est ainsi, conclut le pape , qu´au « Notre Père », la « prièr
e du Seigneur » par excellence, « s´ajouta la pratique, bientôt devenue universelle chez les baptisés, de la prière psalmique ».

Pour une « authentique communion fraternelle »
« C´est aussi grâce à la prière communautaire des psaumes que la conscience chrétienne s´est souvenue – et a compris – qu´il est impossible de s´adresser au Père qui habite dans les cieux sans une authentique communion de vie avec ses frères et sœurs qui habitent sur la terre ».

Dieu dans l´histoire
Le pape va plus loin: « en s´insérant de façon vitale dans la tradition de prière des juifs, les chrétiens ont appris à prier en racontant les magnalia Dei, c´est-à-dire les grands prodiges accomplis par Dieu dans la création du monde et dans l´humanité, dans l´histoire d´Israël et de l´Eglise ». « Cette forme de prière puisée à l´Ecriture n´exclut certainement pas des expressions plus libres, qui continueront non seulement à caractériser la prière personnelle mais aussi à enrichir la prière liturgique même, par exemple par des hymnes et des tropaires. Le livre du psautier demeure néanmoins la source idéale de la prière chrétienne, et c´est d´elle que l´Eglise du nouveau millénaire continuera à s´inspirer ».

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ZENIT Staff

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