Voeux au Corps diplomatique, 9 janv. 2017, capture CTV

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Voeux au Corps diplomatique: les ennemis et le chemin de la paix

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Le pape souligne la responsabilité des autorités religieuses contre le terrorisme

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En recevant les diplomates accrédités près le Saint-Siège pour l’échange des vœux en début d’année civile 2017, le pape François a mis en garde contre les « ennemis » de la paix. Et il a indiqué le chemin pour construire la paix, en soulignant particulièrement la responsabilité des autorités religieuses contre le « terrorisme à matrice fondamentaliste ».

Au cours de la rencontre qui a eu lieu le 9 janvier dans la salle Royale du Vatican, le pape a formulé son souhait pour 2017 : « qu’entre nos pays et leurs peuples, les occasions de travailler ensemble et de construire une paix authentique puissent grandir ». Il a consacré son discours « au thème de la sécurité et de la paix » afin de donner « une parole d’espérance, qui indique aussi une perspective de chemin ».

« Si pour beaucoup aujourd’hui, la paix semble, de quelque manière, un bien établi, presqu’un droit acquis auquel on ne fait plus très attention, pour trop elle est encore seulement un lointain mirage », a-t-il constaté. Et de noter « un sentiment général de peur » dans le monde.

Appel aux autorités religieuses

Devant les représentants des 182 Etats qui entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, le pape a exprimé sa « vive conviction » que « chaque expression religieuse [est] appelée à promouvoir la paix ».

Condamnant une nouvelle fois la « folie homicide qui abuse du nom de Dieu pour semer la mort, dans la tentative d’affirmer une volonté de domination et de pouvoir », le pape a fait mémoire des victimes du terrorisme : « en Afghanistan, Bangladesh, Belgique, Burkina Faso, Egypte, France, Allemagne, Jordanie, Irak, Nigeria, Pakistan, États-Unis d’Amérique, Tunisie et Turquie ».

Face à ces « gestes vils », il a lancé un appel « à toutes les autorités religieuses » afin qu’elles rappellent « avec force qu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu ». En effet, « le terrorisme fondamentaliste est un fruit d’une grave misère spirituelle, à laquelle est souvent liée aussi une grande pauvreté sociale » et il ne peut être vaincu qu’avec « la contribution commune des leaders religieux ».

Ces derniers, a insisté le pape, doivent « transmettre des valeurs religieuses qui n’admettent pas d’opposition entre la crainte de Dieu et l’amour pour le prochain ». Et les responsables politiques doivent « garantir dans l’espace publique le droit à la liberté religieuse, en reconnaissant la contribution positive qu’elle exerce dans l’édification de la société civile ».

Injustices et idéologies, ennemies de la paix

L’autorité politique, a-t-il poursuivi, « ne doit pas se limiter à garantir la sécurité de ses citoyens (…) mais est aussi appelé à se faire véritable promoteur et artisan de paix ».

Pour construire la paix, a souligné le pape argentin, il faut éliminer les injustices, qui sont ennemies de la paix : « une ‘vision réduite’ de l’homme, qui prête le flanc à la diffusion de l’iniquité, des inégalités sociales, de la corruption, est ennemie de la paix ».

« Le chemin de la paix passe par le développement », a poursuivi le pape en appelant les pouvoirs publics à agir : « Il y a encore trop de personnes dans le monde, surtout des enfants, qui souffrent de pauvreté endémique et qui vivent dans des conditions d’insécurité alimentaire – et même de faim – alors que les ressources naturelles font l’objet de l’exploitation avide d’un petit nombre et que d’énormes quantités de nourriture sont jetées tous les jours ».

Le pape a aussi demandé « des opportunités de travail surtout pour les plus jeunes » et a appelé à défendre les enfants victimes d’exploitation : « Les enfants et les jeunes sont l’avenir, c’est pour eux que l’on travaille et construit. Ils ne peuvent pas être égoïstement négligés et oubliés ».

Autre « ennemie de la paix », selon le pape : « l’idéologie, qui utilise les difficultés sociales pour attiser le mépris et la haine et qui voit l’autre comme un ennemi à anéantir ». Au fil de son discours, il a dénoncé les idéologies qui, « se déguisant en porteuses de bien pour le peuple, laissent au contraire derrière elles pauvreté, divisions, tensions sociales, souffrance et souvent aussi, la mort ». « La paix, au contraire, se conquiert par la solidarité », a affirmé le pape François.

Non à la course aux armements

Pour le pape, construire la paix signifie également « œuvrer activement pour la sauvegarde de la création » et « éradiquer le déplorable commerce des armes et l’élan continuel à produire et répandre des armements toujours plus sophistiqués ».

Il a regretté à ce propos « les expériences conduites dans la péninsule coréenne, qui déstabilisent toute la région et posent d’inquiétantes questions à toute la communauté internationale autour du risque d’une nouvelle course aux armes nucléaires ». Il a exprimé la volonté du Saint-Siège de « promouvoir une éthique de la paix et de la sécurité qui va au-delà de cette peur et ‘fermeture’ qui conditionne le débat sur les armes nucléaires ».
Enfin, le pape s’est inquiété de « la facilité avec laquelle on peut souvent accéder au marché des armes, y compris de petit calibre, ce qui, en plus d’aggraver la situation dans les diverses zones de conflit, produit un sentiment diffus et général d’insécurité et de peur ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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