Rencontre avec les Indiens d'Amazonie au Pérou © Vatican Media

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Synode Amazonie : l’Eglise veut "voir, juger et agir"

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Présentation du document préparatoire

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« Voir, juger et agir » : c’est la structure du « Document préparatoire » (Lineamenta) à l’Assemblée spéciale du Synode des évêques qui se réunira en octobre 2019 sur le thème « Amazonie : nouveaux chemins pour l’Église et pour l’écologie intégrale », publié ce 8 juin 2018.
Il invite à des « chemins d’évangélisation » qui « doivent être pensés pour et avec le Peuple de Dieu qui habite dans cette région : habitants des communautés et des zones rurales, des cités et des grandes métropoles, des populations qui habitent sur les rives des fleuves, des migrants et des personnes déplacées, et, tout spécialement, pour et avec les peuples autochtones ».
Dès le Préambule, l’Eglise s’inquiète de la « crise profonde » déclenchée « par une intervention humaine prolongée où prédomine une ‘culture du déchet’ et une mentalité d’extraction » dans la forêt amazonienne.
D’une « importance vitale pour la planète », l’Amazonie est « un miroir de toute l’humanité qui, pour défendre la vie, exige des changements structurels et personnels de tous les êtres humains, des États et de l’Église », souligne le texte. Et d’insister sur l’universalité de ce synode qui concerne le « futur de toute la planète ».
Ce Document préparatoire se divise en trois parties : “voir, juger (discerner) et agir” et se conclut par un questionnaire. Dans la première partie, l’Eglise se penche sur l’identité et les aspirations de la Panamazonie, « une des plus grandes réserves de biodiversité » dont le territoire s’étend sur 7,5 millions de kilomètres carrés et 9 pays (Bolivie, Brésil Colombie, Équateur, Guyana, Pérou, Surinam, Venezuela, y compris la Guyane française comme Territoire d’outre-mer).
S’arrêtant sur la diversité socioculturelle, sur l’identité des peuples autochtones – trois millions d’indigènes, représentant quelque 390 peuples et nationalités distincts – sur la mémoire historique ecclésiale, le texte évoque l’occupation coloniale ainsi qu’un « néocolonialisme féroce sous couvert de progrès ». Plaidant pour la justice et les droits des peuples, l’Eglise souligne la « spiritualité et (la) sagesse » des autochtones qui « encouragent l’harmonie des personnes entre elles et avec le cosmos ».
Dans la seconde partie, intitulée « discerner vers une conversion pastorale et écologique », il est question de l’annonce de l’Évangile en Amazonie, dans sa dimension biblico-théologique, dans sa dimension sociale et cosmique, ainsi que dans ses dimensions écologique, sacramentelle, ecclésiale et missionnaire. L’Eglise plaide pour une « écologie intégrale » qui invite « à une conversion intégrale ».
« Aujourd’hui, peut-on lire dans cette partie, le cri que l’Amazonie fait monter vers le Créateur, est semblable au cri du Peuple de Dieu en Égypte (cf. Ex 3, 7). C’est un cri contre l’esclavage et l’abandon, qui réclame la liberté et la protection de Dieu. C’est un cri qui désire ardemment la présence de Dieu, spécialement quand les peuples amazoniens, pour défendre leurs terres, se heurtent à la criminalisation de la protestation – aussi bien de la part des autorités que de l’opinion publique – ; ou quand ils sont témoins de la destruction de la forêt tropicale, qui constitue leur habitat millénaire ; ou quand les eaux de leurs rivières charrient des espèces de mort au lieu d’être des lieux de vie. »
Enfin, dans la troisième partie – « agir » – le document appelle de ses vœux une « Église au visage amazonien » : il s’agit de « rechercher de nouveaux chemins pour faire s’épanouir le visage amazonien de l’Église et pour faire face aux situations d’injustice de la région, comme le néocolonialisme des industries d’extraction, les projets infrastructurels qui nuisent à sa biodiversité et l’imposition de modèles culturels et économique étrangers à la vie des gens ».
Par ce synode, l’Église entend être « un contrepoids à la mondialisation et à la logique uniformisatrice encouragée par de nombreux moyens de communication et par un modèle économique qui ne respecte pas les peuples amazoniens ni leurs territoires ».
Il faut pour cela une « dimension prophétique » : « dépasser la myopie, l’immédiateté et les solutions à court terme », c’est-à-dire « se situer dans une perspective globale » et « surmonter les intérêts propres et particuliers afin de pouvoir être responsables et d’œuvrer ensemble pour un projet commun et global ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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