Le card. Parolin © Vatican News

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Roumanie: voyage du pape François au "Jardin de la Vierge Marie", par le card. Parolin

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La marche ensemble vers l’unité et les valeurs chrétiennes de l’Europe

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« Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, estime que le trentième voyage apostolique du Pape François s’inscrit dans le cadre du dialogue œcuménique. Ce sera une invitation à redécouvrir les valeurs fondatrices de l’Europe sera également forte », fait observer Radio Vatican (Massimiliano Menichetti), dans cet entretien avec le card. Parolin qui décrypte les enjeux du voyage du pape François (31 mai – 2 juin 2019) au « Jardin de la Vierge Marie », selon une expression de Jean-Paul II, il y a vingt ans.
Un voyage « marial »
Le cardinal Parolin souligne tout d’abord l’aspect « marial » du voyage du pape, sous le signe de l’humilité, du pèlerinage, de la charité fraternelle, de la culture de la rencontre: « Le départ a lieu le jour où l’Église latine célèbre la Visitation de Marie, Marie qui se met en route pour aller servir sa cousine Élisabeth. Ainsi, même le thème qui caractérise ce voyage du Pape, a une forte empreinte mariale. C’est une façon de marcher ensemble dans le style de la Sainte Vierge Marie, un style d’humilité, de service, de charité, envers sa cousine et les plus nécessiteux. Il me semble que le Pape part précisément avec cette attitude, avec cet esprit : il veut devenir un pèlerin pour partager le chemin de ces communautés chrétiennes, celui de la communauté civile, de la société en Roumanie ; il veut devenir un pasteur pour encourager ses frères et sœurs dans la foi, en tenant compte aussi de la richesse des expressions et rites qui caractérisent l’Église en Roumanie. Et il veut être un témoin de charité, en particulier envers les jeunes, les invitant à toujours encourager cette culture de la rencontre, comme il le dit, qui nous permet vraiment de nous retrouver dans un moment historique où les divisions et les contrastes prévalent. Il me semble que c’est dans cet esprit que le Saint-Père a l’intention de faire ce voyage. »
Vingt ans après, la marche de l’unité
C’est aussi un voyage sous le signe du dialogue fraternel avec l’orthodoxie, dans le sillage du voyage de saint Jean-Paul II: « Oui, c’est aussi une caractéristique qui marque fortement ce voyage. Rappelons-nous qu’il y a à peine vingt ans, en mai 1999, saint Jean-Paul II s’est rendu en Roumanie. C’était un voyage que l’on peut qualifier d’historique, car il a permis de visiter d’autres pays à majorité orthodoxe. Nous nous souvenons tous du cri qui s’est élevé de la place : « Unité ! Unité ! ». C’était certainement un premier pas, un pas fondamental. Le chemin parcouru aujourd’hui par le Pape s’inscrit un peu dans ce sillage ; il veut être un pas de plus dans cette direction, en œuvrant – précisément – pour l’œcuménisme. Il me semble que, d’un point de vue œcuménique, deux choses doivent être soulignées : la première réalité est celle de la Roumanie en tant que carrefour où l’Europe orientale et occidentale se rencontrent, pont entre les différentes réalités, comme en témoigne aussi son riche patrimoine artistique avec lequel elle a vraiment un héritage ; la seconde est l’aspect du témoignage commun. Il y a déjà eu un œcuménisme, ce que le Pape appelle un œcuménisme du sang, ou des croyants qui appartenaient à la fois à l’Église catholique et à l’Église orthodoxe qui ont souffert sous le régime athée qui a opprimé la liberté religieuse et les droits des fidèles. Ils sont donc déjà parvenus à s’unir dans la souffrance, dans le martyre. Nous espérons que nos frères qui sont déjà au ciel et qui jouissent de la gloire de Dieu après avoir souffert sur la terre, pourront aider à continuer ce voyage. »
Les différentes communautés linguistiques
A propos de l’attention du pape aux différnetes communautés linguistiques du pays (samedi, il sera en Transylvanie, où se trouve une communauté de langue hongroise), le cardinal Parolin précise: « En Roumanie, nous pouvons utiliser une autre image que saint Jean Paul II a déjà utilisée lorsqu’il parlait du jardin de Notre Dame, dans le sens d’un jardin varié. Il y a différentes communautés : pensez aux catholiques qui sont latins dans différentes langues : roumain, hongrois, polonais, croate… puis il y a la communauté arménienne, composée en grande majorité d’orthodoxes et de divers groupes ethniques, dont le Hongrois, qui constitue une présence importante. Je pense que nous connaissons tous la sensibilité du Pape, son appel continu au respect des différentes composantes, traditions, cultures, coutumes de chaque réalité, dans l’unité du pays. Je crois que le Pape lancera un appel en ce sens, c’est-à-dire au respect dans l’unité du pays. Et dans le sanctuaire où il ira, cet appel résonnera particulièrement fort ; un appel à marcher ensemble, comme le dit la devise de ce voyage, à surmonter les divisions historiques et à se retrouver tous dans l’unité de la foi partagée. »
Les valeurs chrétiennes de la Roumanie dans l’UE
Le grand changement survenu en Roumanie depusi vingt ans, c’est son intégration progressive dans l’Union européenne alors que, lors du voyage du pape Jean-Paul II, c’était la sortie de l’épreuve au lendemin de la chute du communisme. Le cardinal Parolin explique comment le pape vient « encourager » les efforts de la Roumanie: « Je crois que le Pape apporte un message d’encouragement. La Roumanie a connu des moments difficiles dans son histoire : l’occupation étrangère, la longue période d’athéisme… Depuis 2007, elle fait partie de l’Union européenne et a apporté une contribution significative, à commencer par son patrimoine culturel. Récemment, à Sibiu s’est tenu un sommet au cours duquel l’importance de la paix, de la longue période de paix garantie par l’Union européenne, de la prospérité et des progrès qu’elle a permis de réaliser a été soulignée. Le Pape rappellera naturellement les valeurs fondatrices de cette Europe et aussi les racines chrétiennes, car ces valeurs – la dignité de la personne, la solidarité – trouvent leur fondement le plus solide précisément dans l’héritage chrétien dont la Roumanie est aussi porteuse. Ce sera donc un encouragement à continuer d’apporter sa propre contribution à la construction de cette Europe qui, nous l’espérons, deviendra de plus en plus solide, fondée sur des valeurs fondamentales comme les valeurs chrétiennes. »
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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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