"Dalla parte dei piccoli", de Angela Rinaldi @ La Meridiana

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Protection des mineurs: «Du côté des petits», par Angela Rinaldi (traduction)

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Une collaboratrice du «Centre for Child Protection» de Rome

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« Du côté des petits (Dalla parte dei piccoli) », tel est le titre du livre en italien d’Angela Rinaldi, collaboratrice du « Centre for Child Protection » de l’Université pontificale grégorienne (Rome).
« L’ouvrage, écrit-elle dans les pages de L’Osservatore Romano des 9-10 juillet 2018, espère pouvoir apporter une aide dans la construction de procédures et de programmes de prévention et de protection des mineurs qui s’intéressent à tous les sujets dans ce domaine, mais avec pour objectif de rester toujours du côté des petits. »
Angela Rinaldi réfléchit « en termes éthiques au fléau des abus sexuels dans l’Église », elle analyse aussi certaines normes canoniques « en matière d’abus sur les mineurs ainsi que divers documents du magistère des trois derniers papes ».
Dans le livre, il y a certaine statistique qui peut « mettre en lumière la situation au sein de l’Église » : « Même si elle n’est pas la seule à être entachée par ces crimes, écrit Angela Rinaldi, elle est consciente qu’elle parcourt un chemin de renouveau qui ne cherche pas de boucs émissaires et ne passe pas sous silence ce qui se passe, mais qui est orienté vers la protection des plus petits. »
Voici notre traduction de l’italien du texte d’Angela Rinaldi publié par L’Osservatore Romano.
MD
Du côté des petits, par Angela Rinaldi
Le livre que j’ai écrit dans l’espoir d’offrir des éléments utiles pour réfléchir en termes éthiques sur le fléau des abus sexuels dans l’Église, est intitulé Dalla parte dei piccoli (Du côté des petits), (Molfetta, Edizioni la meridiana, 2018, 150 pages, 15 euros). L’ouvrage est le fruit d’une étude menée à l’Université pontificale grégorienne.
Le phénomène des abus sexuels dans l’Église est un phénomène qui a bouleversé et bouleverse l’opinion publique de manière particulière : les clercs ont le devoir d’accueillir le fidèle et de le conduire à la connaissance de Dieu. Toutefois, à partir du moment où certains d’entre eux s’entachent d’un péché et d’un délit aussi grave, cet accompagnement disparaît et une relation faussée se construit entre celui qui abuse et le mineur. Le degré d’estime personnelle envers le clerc s’en ressent, mais surtout la confiance et le lien du fidèle avec l’Église. Il y a donc différents niveaux d’abus : physique et sexuel, spirituel et de pouvoir.
Le livre propose une brève digression sur certains événements qui ont eu lieu entre 2000 et 2017 aux États-Unis, au Mexique, en Irlande, en Allemagne et en Australie, pris en considération en raison de quelques particularités communes, comme les scandales pour le silence des institutions ecclésiastiques avec de fortes répercussions sur la vie des victimes et plus profondément le manque de procédures de préventions qui montrent des lacunes dans le domaine de la formation. La connaissance des faits implique une plus grande capacité d’analyser et de discerner le phénomène de manière impartiale, au point d’ouvrir la voie à des solutions dans l’intérêt de tous.
C’est pourquoi, dans le livre, il est fait référence à certaines statistiques – comme celles du John Jay College – qui peuvent mettre en lumière une partie de la situation au sein de l’Église. Même si elle n’est pas la seule à être entachée par ces crimes, elle est consciente qu’elle parcourt un chemin de renouveau qui ne cherche pas de boucs émissaires et ne passe pas sous silence ce qui se passe, mais qui est orienté vers la protection des plus petits.
En avançant dans le texte, on cherche à analyser, en termes pas trop techniques, mais accessibles, certaines normes canoniques pour réguler les procédures juridiques ecclésiastiques en matière d’abus sur les mineurs ainsi que divers documents du magistère des trois derniers papes, qui ont montré dans le temps l’engagement constant et progressivement croissant de l’Église universelle pour s’opposer à ce fléau.
On parcourt les années de l’émanation, par Jean-Paul II, du motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela (2001), de la Lettre de Benoît XVI aux catholiques d’Irlande (2010) et de la rédaction des « Nouvelles normes sur les delicta graviora » (2010), pour une réadaptation des normes déjà existantes : la Lettre circulaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi est analysée : elle  était destinée à aider les conférences épiscopales à préparer les lignes-guides pour le traitement des abus sexuels sur des mineurs par des clercs (2011), comme mise en œuvre du principe de subsidiarité, pilier du magistère social catholique. Poursuivant dans la ligne de ses prédécesseurs, le pape François institue la Commission pontificale pour la protection des mineurs (2014), avec pour tâche de proposer des initiatives dans ce domaine, en collaboration avec les autorités ecclésiastiques compétentes, et élabore le motu proprio « Comme une mère aimante » (2016) pour une réglementation visant à punir les délits d’abus de fonction épiscopale, surtout devant les abus sexuels.
La réflexion se poursuit en considérant deux points centraux : la formation humaine et le pouvoir. La formation humaine, qui constitue la base de toute la personnalité et permet la conformation de la personne au Christ, est un processus polyédrique : elle doit être motivée par le surnaturel pour pouvoir conduire l’individu à Dieu, être propre de et pour la personne, impliquer une autoformation pour faire en sorte que la personne formée parvienne au véritable exercice de la vertu, être intégrale et à s’unir harmonieusement à tous les autres aspects de la formation, trouver son identité apostolique en vertu de la vocation à être apôtres du Christ, s’exprimer graduellement dans le respect du processus de maturation de chaque individu et enfin être permanente pour que personne ne se considère jamais complètement formé.
Il s’agit d’un processus continuel de formation spirituelle et physique vers la maturité affective, qui permette au futur clerc de vivre de manière droite le célibat, en acquérant la capacité de veiller sur son propre corps et d’avoir des relations humaines chastes en vertu de sa nature de « personne sexuelle ». La formation humaine prévoit nécessairement aussi le rapport avec son corps.
La question de la formation est étroitement liée à l’analyse sur l’abus de pouvoir, qui se présente à deux niveaux principaux : spirituel et hiérarchique.
En général, le pouvoir est une relation qui concerne toute la vie de la personne : dans la conception chrétienne, toute position de pouvoir assumée est un don qui provient directement de l’autorité de Dieu. La fin du pouvoir est le bien : là où ce dernier diminue, la relation se vide de sa signification la plus profonde.
Un clerc qui n’est pas formé dans les termes employés ici ne se montre pas capable de construire des relations qui mettent au centre la personne humaine du fidèle et son bien. À ce point émergent les dynamiques éthiques d’un abus de pouvoir spirituel : ne reconnaissant pas la nature de sa propre vocation, le clerc se situe dans une condition de supériorité à l’égard du mineur et lui impose une relation faussée, ente autre, en le manipulant sur la dimension plus ou moins juste de cette approche. L’être humain est, par nature, « en relation » : dans le cas des abus sexuels, celui qui abuse se soustrait au principe de la centralité de la personne et soumet la personne abusée à un processus criminalisé du manque de consensus de la part de la victime : dans ces cas-là, étant donné l’âge inférieur des sujets, l’éventuelle présence du consensus ne devrait pas être considérée dans la définition de l’abus.
Un autre aspect important concerne l’abus de pouvoir hiérarchique : très souvent, l’institution a couvert ceux qui abusaient à cause d’un cléricalisme qui a fait provoquer des conséquences très graves sur la vie des victimes et sur l’institution elle-même. Un tel comportement cache la vérité au profit d’un bien-être institutionnel secondaire par rapport au primat de la personne. Très souvent le cléricalisme a aplani la route à la tendance à couvrir les prêtres coupables au nom de la raison d’état et au détriment de la vérité, niant en fait le modèle proposé par le Christ.
Les éléments offerts dans le livre constituent une petite partie de la réflexion sur le fléau des abus dans l’Église. Travailler sur la formation humaine et sur une droite conception du pouvoir, sur la base d’une approche anthropocentrique concentrée sur la dignité de la personne, pourrait constituer un moyen dissuasif pour d’éventuels abus futurs et permettre aux autorités et aux personnalités compétentes de fournir une juste assistance y compris à ceux qui sont coupables d’abus.
L’ouvrage espère pouvoir apporter une aide dans la construction de procédures et de programmes de prévention et de protection des mineurs qui s’intéressent à tous les sujets dans ce domaine, mais avec pour objectif de rester toujours du côté des petits.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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