Mains du pape dans la foule © Vatican Media

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Madrid 2019: "Pour faire tomber les murs, il faut des désirs de paix", écrit le pape

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Message à la rencontre promue par Sant’Egidio (Traduction intégrale)

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« Les murs tombent quand ils sont “assiégés” par la prière et non par les armes, par des désirs de paix et non pas de conquête », affirme le pape François dans un message aux participants à la XXXIIIe rencontre internationale de prière pour la paix dans l’Esprit d’Assise, qui s’est ouverte ce 15 septembre 2019 à Madrid (Espagne).
« La prière est à la racine de la paix », écrit le pape : prière qui unit « au-delà des différences, dans l’engagement commun pour un monde plus fraternel ».
Au lieu de « murs qui séparent » et « qui opposent », le pape souhaite des « portes ouvertes qui aident à communiquer, à se rencontrer, à coopérer ». Il a appelé « un cri qui monte de nos cœurs » pour affirmer « que la paix est sans limites, sans frontières ». C’est en effet dans les cœurs « qu’il faut déraciner les frontières qui divisent et opposent » et « que sont semés des sentiments de paix et de fraternité ».
Promue par la communauté de Sant’Egidio, la rencontre de trois jours a pour thème “Paix sans frontières”.
Message du pape François
A mon vénéré frère,
Monsieur le cardinal Carlos Osoro Sierra
Archevêque de Madrid
et aux participants à la rencontre de prière pour la paix
“Paix sans frontières”, Madrid, 15-17 septembre 2019
Je salue avec joie et reconnaissance le cardinal Carlos Osoro Sierra, archevêque de Madrid, et vous tous, représentants des Eglises et des communautés chrétiennes et des religions mondiales réunis à Madrid pour la XXXIIIe rencontre de prière pour la paix, organisée conjointement par la communauté de Sant’Egidio et par l’archidiocèse de Madrid. Il est réjouissant de voir que ce pèlerinage de paix, commencé suite à la Journée mondiale de prière pour la paix, convoquée à Assise en octobre 1986 par saint Jean-Paul II, ne s’est jamais interrompu mais continue et grandit en nombre de participants et en fruits de bien. C’est un pèlerinage qui a parcouru peuples et cités pour témoigner partout de la force de cet “esprit d’Assise” qui est prière envers Dieu et promotion de la paix entre les peuples.
Cette année, cet itinéraire fait étape à Madrid, pour réfléchir sur le thème “Paix sans frontières”. Nous nous souvenons, il y a 30 ans, de la chute du mur de Berlin au cœur de l’Europe, mettant un terme à une division déchirante du continent européen qui avait provoqué beaucoup de souffrances. A partir de ce jour, de Berlin à tout l’Est européen, naquirent de nouvelles espérances de paix, qui se propageront dans le monde entier. La prière pour la paix de nombreux fils et filles de Dieu – j’en suis convaincu – a contribué à favoriser cet écroulement. Du reste, l’histoire biblique de Jéricho nous rappelle que les murs tombent quand ils sont “assiégés” par la prière et non par les armes, avec des désirs de paix et non pas de conquête, quand l’on rêve d’un avenir bon pour tous. Pour cela il est nécessaire de toujours prier et dialoguer dans la perspective de la paix : les fruits viendront ! N’ayons pas peur, parce que le Seigneur écoute la prière de son peuple fidèle.
En ces deux premières décennies du XXIe siècle, nous avons malheureusement assisté, avec une énorme tristesse, au gaspillage de ce don de Dieu qu’est la paix, dilapidé par de nouvelles guerres et par la construction de nouveaux murs et de nouvelles barrières. Du reste, nous le savons, la paix doit être continuellement renforcée de génération en génération par le dialogue, la rencontre et la négociation. Il est insensé, dans la perspective du bien des peuples et du monde, de fermer les espaces, de séparer les peuples, et même de les opposer les uns aux autres, de nier l’hospitalité à ceux qui en ont besoin et à leurs familles. De cette façon, on “morcelle” e monde, en utilisant la violence, en détruisant l’environnement et en abîmant la maison commune, qui demande au contraire de l’amour, du soin, du respect, tout comme l’humanité invoque paix et fraternité. La maison commune ne supporte pas les murs qui séparent et encore moins qui opposent ceux qui l’habitent. Elle a plutôt besoin de portes ouvertes qui aident à communiquer, à se rencontrer, à coopérer pour vivre ensemble dans la paix, en respectant les diversités et en créant des liens de responsabilité. La paix est comme une maison faite des nombreuses demeures que nous sommes appelés à habiter. La paix est sans frontière. Toujours, sans exceptions. Saint Jean XXIII le souhaitait quand – à une époque difficile – il voulut adresser sa parole à tous les croyants et aux hommes de bonne volonté en invoquant la “paix sur toute la terre”.
Illustres représentants des Eglises et des communautés chrétiennes et des grandes religions mondiales, avec mon salut, je désire vous dire que je suis à côté de vous en ces jours et qu’avec vous j’invoque la paix de Celui qui seul peut la donner. Dans la tradition de ces rencontres internationales de prière pour la paix – auxquelles j’ai participé moi aussi à Assise en 2016 – la prière qui monte vers Dieu occupe la place principale et décisive. Elle nous unit tous, dans un sentiment commun, sans aucune confusion. Proches, mais pas confondus ! Parce que la soif de paix est commune, dans la variété des expériences et des traditions religieuses.
Nous sommes en effet conscients, comme croyants, que la prière est à la racine de la paix. Celui qui la pratique est ami de Dieu, comme le fut Abraham, modèle d’homme de foi et d’espérance. La prière pour la paix, en ce temps marqué par trop de conflits et de violences, nous unit tous encore plus, au-delà des différences, dans l’engagement commun pour un monde plus fraternel. Nous savons bien que la fraternité entre les croyants, plus qu’une barrière aux inimitiés et aux guerres, est ferment de fraternité entre les peuples. C’est sur cet horizon qu’au mois dernier en février j’ai signé à Abou Dhabi, avec le grand imam d’Al-Azhar, le “Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune”. C’est un pas important sur le chemin de la paix mondiale. Ensemble nous avons affirmé que « les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas de sentiment de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ». Je désire confier les propositions de ce Document également à vous tous, qui participez à cette rencontre de prière pour la paix. L’esprit d’Assise, à 800 ans de la rencontre de saint François avec le Sultan, a inspiré aussi notre travail qui a conduit à l’acte d’Abou Dhabi.
Ce que nous sommes en train de vivre est un moment grave pour le monde. Nous devons tous nous resserrer – je voudrais dire avec un seul cœur et une seule voix – pour crier que la paix est sans limites, sans frontières. Un cri qui monte de nos cœurs. C’est là, en effet, dans les cœurs, qu’il faut déraciner les frontières qui divisent et opposent. Et c’est dans nos cœurs que sont semés des sentiments de paix et de fraternité.
Illustres représentants des Eglises et des communautés chrétiennes et des grandes Religions mondiales, hommes et femmes de bonne volonté qui participez à cette rencontre, le grand devoir de la paix est remis aussi entre nos mains. Que le Dieu de la paix nous donne une abondance de sagesse, d’audace, de générosité et de persévérance.
FRANÇOIS
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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