Messe à Trujillo, Pérou © Vatican Media

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Pérou/Trujillo : "Combien de larmes as-tu essuyées aujourd’hui ?"

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Dans son homélie, le pape encourage les victimes d’El Niño

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« Combien de larmes as-tu essuyées aujourd’hui ? » C’est la question que le pape François a posée aux Péruviens de Trujillo, où il a célébré une messe dans la matinée de ce 20 janvier 2018. Improvisant quelques paroles d’abondance de cœur dans son homélie, le pape a aussi exhorté le pays à ne pas perdre son espérance, alors que la situation politique est fragilisée.
Lors de sa visite au Pérou, seconde étape de son 22e voyage apostolique après le Chili, le pape a en effet quitté la capitale Lima pour rejoindre en avion la troisième ville du pays. Il a présidé une célébration à laquelle ont participé quelque 200 000 personnes, sous un grand ciel bleu, au bord de l’océan Pacifique, sur l’esplanade de Huanchaco : une côte où sévit depuis des décennies le phénomène climatique dévastateur ‘‘El Niño’’, notamment des pluies diluviennes provoquant inondations et glissements de terrain, qui encore en 2017 ont causé la destruction de nombreuses habitations.
Le pape a célébré la messe sur un grand podium où trônait, à droite de l’autel, une statue de la « Vierge Marie Porte du Ciel ». De part et d’autre du siège du célébrant, étaient alignées des embarcations de pêcheurs typiques du lieu, en roseaux.
Depuis cette ‘‘lagune aux poissons dorés’’, terre au « goût d’Évangile », et ‘‘ville de l’éternel printemps’’, le pape a affirmé que « l’âme d’une communauté se juge à la manière dont elle parvient à s’unir pour faire face aux moments difficiles, à l’adversité, pour maintenir vivante l’espérance ». Par cette attitude, a-t-il affirmé, « vous donnez le meilleur témoignage évangélique : ‘À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres’ (Jn 13, 35) ».
« La foi nous ouvre à un amour concret, fait d’œuvres, de mains tendues, de compassion, a-t-il poursuivi dans une homélie applaudie à diverses reprises ; un amour qui sache construire et reconstruire l’espérance quand tout semble perdu. Ainsi, nous devenons participants de l’action divine, telle que nous la présente l’apôtre Jean quand il nous montre que Dieu essuie les larmes de ses enfants…. Quelle belle question nous posera le Seigneur : combien de larmes as-tu essuyées aujourd’hui ? »
Une communauté qui sait se soutenir
« Il est important, a insisté le pape, de ne pas être seuls mais unis… En Jésus, Dieu fait de nous une communauté croyante qui sait se soutenir ; une communauté qui espère et par conséquent lutte pour faire reculer et transformer les nombreuses adversités ; une communauté qui aime, car elle ne permet pas que nous croisions les bras. »
Dans les difficultés qui font « douter notre foi », le pape François a recommandé de s’unir à Jésus : « Il connaît la souffrance et les épreuves ; il a traversé toutes les souffrances pour pouvoir nous accompagner dans les nôtres. Jésus sur la croix veut être proche de chaque situation douloureuse pour nous donner la main et nous aider à nous relever… Nous n’avons pas un Dieu insensible à ce que nous éprouvons et à ce que nous souffrons, au contraire, au cœur de la souffrance il nous donne la main. »
Face aux tempêtes, quelles qu’elles soient – climat, violence organisée, conséquences de la pauvreté… – le pape a affirmé : « Il n’y a pas de meilleure solution que celle de l’Évangile. Elle s’appelle Jésus Christ. Remplissez toujours vos vies de l’Évangile. »
Appel à ne pas se laisser voler l’espérance
« En Jésus, nous avons la force de l’Esprit pour ne pas rendre naturel ce qui nous fait du mal, ce qui assèche notre cœur… et pire, ce qui nous vole l’espérance », a-t-il poursuivi. Dans des paroles improvisées, le pape a alors lancé cet appel : « Les Péruviens, en ce moment de leur histoire, n’ont pas le droit de se laisser voler l’espérance ! »
La situation politique s’est fragilisée après la grâce accordée par le chef de l’Etat Pedro Pablo Kuczynski – président depuis juillet 2016 – à l’ex-président péruvien, Alberto Fujimori, condamné pour crimes contre l’humanité : cette initiative a suscité l’indignation, conduisant notamment plusieurs membres du gouvernement à démissionner.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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