Audience générale du 20/09/2017 © L'Osservatore Romano

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Pas d’évangélisation sans le peuple, prévient le pape

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Dialogue avec les jésuites de Colombie (2)

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Le pape François a dénoncé « la tentation de faire de l’évangélisation pour le peuple, vers le peuple, mais sans le peuple de Dieu », lors d’une rencontre informelle avec des jésuites de Colombie, le 10 septembre 2017 : « si nous voulons entendre l’Église, nous devons entendre le peuple de Dieu », a-t-il souligné.
Au cours de son voyage apostolique en Colombie (6-11 septembre), le pape François s’est rendu dans la ville de Cartagena, au sanctuaire de saint Pierre Claver, où il a rencontré en privé une délégation de la compagnie de Jésus composée de 65 religieux. Dans la Civilta Cattolica en français de septembre 2017, le p. Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite, retranscrit l’échange entre le pape argentin et ses confrères.
Le pape François a salué « la spontanéité » des Colombiens : « Le peuple de Dieu n’a pas posé de limites à son expression chaleureuse… il s’agissait simplement du peuple de Dieu en sortie pour accueillir… la culture propre à ces différentes composantes du peuple de Dieu, et à ces zones où je suis passé, s’exprimait, en toute liberté, en louant Dieu. »
Il a mis en garde contre « la tentation de faire de l’évangélisation pour le peuple, vers le peuple, mais sans le peuple de Dieu. Tout pour le peuple, mais rien avec le peuple ». En effet, « l’Église est le saint peuple de Dieu. Ainsi, si nous voulons entendre l’Église, nous devons entendre le peuple de Dieu ».
Le pape s’est arrêté sur la notion de « peuple » : « Aujourd’hui, il faut faire attention lorsque l’on parle de peuple ! Car certains diront : ‘Vous allez finir par devenir populistes’, et ça va commencer à élucubrer. Mais il faut comprendre que la catégorie de « peuple » n’est pas une catégorie logique. Si l’on veut parler de peuple avec des schémas logiques, on finit par tomber dans une idéologie à caractère libéral, liée aux Lumières ou « populiste », justement… quoi qu’il en soit, on finit par enfermer le peuple dans un schéma idéologique. Au contraire, le peuple est une catégorie mythique. Et pour comprendre le peuple, il faut s’immerger en son sein, il faut l’accompagner de l’intérieur.’
« Être Église, saint peuple fidèle de Dieu en chemin, nécessite des pasteurs qui se laissent porter par cette réalité du peuple qui n’est pas idéologique, a-t-il poursuivi : elle est vitale, elle est vivante. La grâce de Dieu qui se manifeste dans la vie du peuple n’est pas une idéologie… la grâce n’est absolument pas une idéologie : c’est une étreinte, c’est quelque chose de plus grand. »
Le pape a recommandé à ce sujet de lire le paragraphe 48 d’Evangelii nuntiandi de Paul VI qui « mettait en évidence les risques, mais aussi les nombreuses vertus du peuple. Il disait que la religiosité populaire est, certes, ouverte à la pénétration de superstitions. Mais il disait aussi que, si elle est bien orientée, elle est riche de valeurs et elle manifeste une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître. Le peuple de Dieu a de l’odorat. Il ne réussit peut-être parfois pas à s’exprimer correctement, et parfois même il se trompe… Mais y a-t-il quelqu’un parmi nous qui peut dire : ‘Je te remercie, Seigneur, parce que je ne me suis jamais trompé’. Non ».
© Editions Parole et Silence/Civiltà Cattolica, 2017 : http://www.paroleetsilence.com/La-Civilta-Cattolica-une-revue-de-pont-et-de-culture_news_279.html

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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