P. Cantalamessa : La Trinité nous offre un formidable enseignement de vie

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« Ce mystère est l’affirmation par excellence que nous pouvons être semblables et divers »

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ROME, Vendredi 1 juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du Dimanche 3 juin, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 16, 12-15

J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

© http://www.aelf.org

Semblables et divers

Dans l’Evangile, tiré des discours d’adieu de Jésus, se profilent en arrière plan trois sujets mystérieux, inextricablement unis entre eux. « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière… Tout ce qui appartient au Père est à moi [au Fils !] ». En réfléchissant sur ces textes et d’autres textes de la même teneur, l’Eglise est parvenue à sa foi en Dieu un et trine.

Beaucoup s’interrogent : « Mais qu’est-ce que ce rebus de trois qui sont un et un qui est trois ? ». Ne serait-ce pas plus facile de croire en un Dieu unique tout simplement, comme le font les juifs et les musulmans ? La réponse est simple. L’Eglise croit à la Trinité, non pas parce qu’elle prend goût à compliquer les choses mais parce que cette vérité lui a été révélée par le Christ. La difficulté de comprendre le mystère de la Trinité est un argument en faveur et non contre le caractère véridique de ce mystère. Aucun homme n’aurait pu, de lui-même, imaginer un tel mystère.

Après que le mystère ait été révélé, nous comprenons de manière intuitive que, si Dieu existe, il ne peut être qu’ainsi : un et trine dans le même temps. L’amour ne peut exister qu’entre deux personnes ou plus ; si par conséquent « Dieu est amour », il doit y avoir en lui quelqu’un qui aime, quelqu’un qui est aimé et l’amour qui les unit. Les chrétiens sont eux aussi monothéistes ; ils croient en un Dieu qui est unique, mais pas solitaire. Qui aimerait Dieu s’il était absolument seul ? Lui-même peut-être ? Mais alors ce ne serait plus de l’amour mais de l’égoïsme ou du narcissisme.

La Trinité nous offre un formidable enseignement de vie. Ce mystère est l’affirmation par excellence que nous pouvons être semblables et divers : semblables de par notre dignité et divers de par nos caractéristiques. N’est-ce pas ce que nous avons le plus besoin d’apprendre, pour bien vivre dans ce monde ? C’est-à-dire que nous pouvons être divers de par la couleur de notre peau, notre culture, notre sexe, notre race, notre religion, mais que nous jouissons de la même dignité, comme personnes humaines ?

C’est dans la famille que cet enseignement s’applique d’abord et le plus naturellement. La famille devrait être un reflet terrestre de la Trinité. Celle-ci est faite de personnes diverses de par leur sexe (homme et femme) et leur âge (parents et enfants), avec toutes les conséquences qui dérivent de ces diversités : des sentiments différents, des attitudes et des goûts différents. Le succès d’un mariage et d’une famille dépend de la capacité de cette diversité à tendre vers une unité supérieure : unité d’amour, d’intentions, de collaboration.

Il n’est pas vrai qu’un homme et une femme doivent nécessairement avoir le même tempérament et les mêmes dons ; qu’ils doivent tous deux être joyeux, vivaces, extrovertis et instinctifs, ou tous deux introvertis, calmes, et réfléchis. Nous savons même les conséquences négatives qui peuvent découler, déjà sur le plan physique, de mariages entre personnes d’une même famille, au sein d’un cercle restreint. Le mari et la femme ne doivent pas être une « douce moitié » de l’autre, dans le sens de deux moitiés parfaitement égales, comme une pomme coupée en deux, dans le sens que chacun est la moitié manquante de l’autre et le complément de l’autre. C’est ce que Dieu signifiait lorsqu’il dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul : il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » (Gn 2, 18). Tout ceci suppose l’effort d’accepter la diversité de l’autre, ce qui est la chose la plus difficile pour nous et que seuls les plus mûrs réussissent à faire.

Nous voyons également à travers cela combien il est erroné de considérer la Trinité comme un mystère éloigné de la vie, qu’il convient de laisser à la spéculation des théologiens. Au contraire ce mystère est extrêmement proche, pour une raison très simple : nous avons été créés à l’image du Dieu un et trine, nous en portons l’empreinte et sommes appelés à réaliser cette même synthèse sublime d’unité et de diversité.

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ZENIT Staff

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