Nigeria: l’Europe doit cesser de soutenir les dirigeants corrompus de l’Afrique

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ROME, Mercredi 26 septembre 2007 (ZENIT.org) – Le recteur du séminaire catholique d’Enugu (dans le sud du Nigeria), Ukoro Theophilus Igwe, souhaite que l’Europe cesse de soutenir les hommes politiques corrompus en Afrique.

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Dans une conversation avec l’association catholique internationale « Aide à l’Eglise en Détresse » (AED), il a fait part de la profonde déception des africains quant au fait que des dictateurs « ayant volé tant d’argent à leurs peuples et saccagé leur pays » puissent recevoir le soutien des pays européens.

Aussi a-t-il demandé à l’Europe d’aider l’Afrique « en refusant à ces hommes politiques l’accès à des comptes bancaires, à la possibilité d’obtenir l’asile politique ou à tout autre type d’aide ».

Le recteur a également invité le gouvernement du Nigeria a centré ses efforts sur le bien-être de la population. Se référant en premier lieu au système éducatif, il estime que le président doit faire tout son possible pour que les jeunes aient un avenir.

Autre grave problème souligné par le recteur : le fait que beaucoup de gens ne reçoivent plus leurs salaires, cette situation provoquant des grèves et un climat général de mécontentement social, alors que la population, a-t-il souligné, a mis tant d’espoirs dans le nouveau gouvernement.

Le P. Igwe a fait savoir que l’Eglise partage « la réalité de la vie quotidienne des Nigérians ». En ce sens, a-t-il précisé, le séminaire national d’Enugu, qui accueille actuellement 673 futurs prêtres, offre une formation qui consiste surtout à transposer les connaissances théoriques dans la vie sociale, afin que le message de l’Evangile « ne soit pas de la pure théorie ».

Les séminaristes acquièrent une expérience pratique dans les villages, apprenant ainsi à proclamer l’Evangile de manière accessible pour tout le monde. Beaucoup de villageois sont analphabètes, il est donc important de trouver les manières qui puissent favoriser leur approche à l’Evangile.

Mais selon le P. Igwe, les problèmes sont essentiellement d’ordre pratique. Par exemple, « on ne peut pas dire que la messe commence à 18h00, tout simplement parce que la plupart des fidèles ne portent pas de montre ».

Le prêtre doit être patient et savoir communiquer avec les personnes. Il y a parfois des malentendus et le futur prêtre doit être préparé à cela. Le P. Igwe estime qu’il est fondamental que le séminaire ne soit pas un lieu isolée du monde extérieur et que les séminaristes vivent au milieu des gens.

Une partie du plan d’étude du séminaire est également axée sur la religion comparée. Le recteur pense qu’il est essentiel que les futurs prêtres connaissent davantage l’islam et les religions traditionnelles africaines. Dans la mesure où, au Nigeria, ils doivent vivre avec les musulmans et les adeptes de religions tribales, il faut qu’« ils aient une compréhension plus profonde de ces religions ».

Pour le P. Igwe, la plupart des conflits religieux dans le pays sont « manipulés par les hommes politiques ». Il est nécessaire de promouvoir une entente réciproque, a-t-il expliqué à l’AED.

Les africains qui professent les religions traditionnelles acquièrent une compréhension particulièrement profonde du christianisme et surtout de l’importance de l’Eucharistie. Le P. Igwe a par ailleurs relevé un nombre élevé de conversions parmi eux. « Mes grands-parents appartiennent toujours à une religion tribale » a-t-il raconté. « Nous, les africains, n’avons aucun mal à comprendre le sacrifice de Jésus, car nous avons un sens profond du sacrifice » .

Parfois on se demande si l’Eglise, en Occident, n’est pas en train de perdre sa religiosité, justement parce qu’il lui manque cette compréhension du sacré et ce sens de l’eucharistie.

Ce que souhaite le plus le recteur du séminaire pour la société nigériane c’est que tous les citoyens aient les mêmes opportunités. Traditionnellement, la culture africaine est basée sur la démocratie, et ceci est une chose que l’on doit récupérer, a dit le p. Igwe. Chaque voix doit être écoutée.

« La démocratie n’est pas quelque chose d’étranger en Afrique, mais nous devons trouver la manière de nous y éduquer afin que nous puissions y revenir, mais à force d’arguments et non par les armes ou la violence » a-t-il conclu.

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ZENIT Staff

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