Père Bruno Marie Duffé, capture vidéo KTO

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Manque d'accès à l'eau potable : "une honte pour l’humanité du XXIème siècle"

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Intervention de Mgr Bruno-Marie Duffé au 8e Forum mondial de l’eau

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« En 2015, 844 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à des services élémentaires d’approvisionnement en eau de boisson et 2 milliards de personnes utilisent des points d’eau contaminés… c’est une honte pour l’humanité du XXIème siècle », a dénoncé Mgr Bruno-Marie Duffé secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral, au 8ème Forum Mondial de l’Eau, en cours à Brasilia, ce 20 mars 2018.
Déplorant la pollution, le gaspillage, la compétition entre différents usages possibles de la même eau, il a souligné « la responsabilité de certains gouvernements qui n’ont pas su ou voulu poser les justes choix en se consacrant au bien commun de leurs peuples » et « le poids d’une mentalité focalisée vers la recherche de profits qui considère l’eau comme n’importe quelle marchandise ».
Dans son discours, le chef de la délégation du Saint-Siège a encouragé « à éduquer de façon à ce que nos enfants sachent – mieux que notre génération ne l’a fait – prendre soin de ce don et le partager ».
Voici l’intervention prononcée par Mgr Bruno-Marie Duffé.
AK
Intervention du Saint-Siège
J’ai l’honneur de transmettre aux organisateurs et aux participants de ce huitième Forum Mondial de l’Eau les vœux de Sa Sainteté, le Pape François, afin que ces travaux puissent se dérouler sans oublier à quel point l’eau est essentielle, « indispensable pour la vie humaine comme pour soutenir les écosystèmes » (Encyclique Laudato si’ § 27). Un apport quantitativement et qualitativement inadéquat en eau représente une frontière entre la mort et la survie, ou encore entre la survie et plusieurs niveaux de bien-être.
Il est donc besoin d’un engagement prioritaire de la part des gouvernants, des administrations locales, des investisseurs, des inventeurs, des bâtisseurs, afin que l’eau soit fournie de façon à garantir à tous une vie digne et un authentique développement humain intégral, non pas uniquement la survie.
Hélas les statistiques nous rappellent combien de personnes souffrent la soif ou doivent s’approvisionner à des sources polluées ou dangereuses. En 2015, « 844 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à des services élémentaires d’approvisionnement en eau de boisson »1, « 2 milliards de personnes utilisent des points d’eau contaminés par des matières fécales » 2. C’est une honte pour l’humanité du XXIème siècle. Une humanité qui sait pourtant très bien comment transporter, distribuer et assainir l’eau. « L’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel » (Laudato si’ § 30) qui est bafoué à cause de nombreux problèmes conjoncturels. Par exemple : des pompages qui ne respectent pas les temps de régénération de cette ressource, des conflits pendant lesquels les infrastructures hydriques sont ravagées et les populations déplacées vers des zones moins équipées, des réseaux qui manquent d’entretien et parfois ne parviennent pas à répondre aux besoins d’une population qui augmente par endroits, une pollution qui contamine des sources en eau auparavant pures, le gaspillage, la compétition entre différents usages possibles de la même eau lorsque une telle compétition n’est pas arbitrée selon des principes inspirés par la dignité humaine.
Ceci-dit, il ne faut pas oublier la responsabilité de certains gouvernements qui n’ont pas su ou voulu poser les justes choix en se consacrant au bien commun de leurs peuples, ni le poids d’une mentalité focalisée vers la recherche de profits qui considère l’eau comme n’importe quelle marchandise. Ce n’est donc pas essentiellement une question de quantité, de financement ou de technologie : c’est un problème de volonté. « La conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous » (Laudato si’ § 202) est insuffisante.
Or, la motivation qui naît des authentiques valeurs religieuses contribue à forger une telle volonté, à aller vers le changement, l’engagement, la solidarité et la responsabilité. L’eau a un rôle particulier dans de nombreux rites religieux et textes sacrés. L’eau, par sa capacité à purifier, à alimenter la vie et à se régénérer peut stimuler notre émerveillement et notre contemplation. La valeur symbolique de l’eau et son essentialité doivent nous inspirer à mieux gérer cette ressource, à la traiter comme un don précieux et à éduquer de façon à ce que nos enfants sachent – mieux que ce que notre génération ne l’a fait – prendre soin de ce don et le partager. Et c’est le thème du partage qui a été judicieusement choisi pour ce Forum Mondial de l’Eau (sharing water), dont le Saint-Siège remercie les organisateurs ainsi que le gouvernement et le peuple du Brésil qui l’hébergent, et tous ceux qui en ces jours travaillent à Brasilia sur la question de l’eau.
Le Saint-Siège réaffirme, enfin, sa disponibilité à collaborer avec tous les Etats soucieux de toujours mieux promouvoir et rendre effectif le droit universel à l’eau.
1 Rapport OMS et UNICEF, Progrès en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène, mise à jour 2017, page 3.
2 OMS, Aide-mémoire N° 391, juillet 2017.

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Rédaction

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