Canonisation de Mère Teresa © L'Osservatore Romano

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Les miracles dans l’Evangile et la vie des saints: rien de «marginal»

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Le nouveau Règlement de la commission médicale, par Mgr Bartolucci

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« Les miracles ne sont pas des événements marginaux de l’Evangile » ni dans la vie des saints, explique le Saint-Siège  et reconnaître un « événement extraordinaire »  – guérison ou autre – comme un « vrai miracle » relève, à terme, de la compétence exclusive du pape.
Un nouveau Règlement concernant la commission médicale de la Congrégation pour les causes des saints est en effet publié, en italien, par la salle de presse du Saint-Siège ce vendredi 23 septembre 2016. Il été approuvé le 24 août dernier par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, mandaté par le pape François.
Les miracles, signes du Royaume
Dans un article publié par L’Osservatore Romano en italien du 24 septembre, Mgr Marcello Bartolucci, secrétaire de ce dicastère et signataire du document aux côtés du préfet, le cardinal Angelo Amato, tient à rappeler que « les miracles ne sont pas des événements marginaux de l’Evangile, ni des causes des saints. Jésus a annoncé le Royaume de Dieu par la parole et par les “signes messianiques” qu’il accomplissait pour rendre son identité transparente et sa mission crédible, et pour également anticiper les nouveautés finales du monde racheté ».
« On peut dire la même chose des saints, ajoute Mgr Bartolucci. Les miracles qu’ils obtiennent par leur intercession sont des signes de la présence de Dieu dans l’histoire et en même temps ils sont la confirmation, d’en-haut, de leur sainteté, exprimée avant tout dans l’exercice héroïque des vertus chrétiennes ou dans le martyre ».
Plus encore, continue Mgr Bartolucci, « l’Eglise a toujours été convaincue que dans les miracles des saints il y a le « doigt de Dieu » qui ratifie, si l’on peut dire, le jugement humain sur la sainteté de leur vie. Cette vision fait partie de la perception de l’Eglise et elle a été rappelée à différentes reprises par le magistère ordinaire jusqu’aux jugements de Benoît XVI et du pape François. Il est historiquement certain que les miracles ont toujours été un argument décisif pour la canonisation des Serviteurs de Dieu ».
Les nouveautés introduites par le Règlement
Il précise que la révision « s’inspire » du Règlement précédent approuvé par Paul VI, avec des mises à jour du point de vue de la terminologie et de la procédure.
Pour Mgr Bartolucci, l’objectif de la révision est « le bien des causes » qui ne peuvent jamais faire abstraction « de la vérité historique et scientifique ». Les « preuves juridiques doivent être complètes, convergentes et fiables ». Leur étude, écrit-il, doit être faite avec « sérénité, objectivité et compétence certaines de la part d’experts médecins hautement spécialisés, puis, à un niveau différent, par l’assemblée des théologiens consulteurs et par la session des cardinaux et des évêques, pour aboutir, finalement, à l’approbation déterminante du Saint-Père dont c’est la compétence exclusive de reconnaître un événement extraordinaire comme un vrai miracle. ».
Ce Règlement ne concerne que le fonctionnement de la Consultation médicale « dont la tâche apparaît toujours plus délicate, exigeante, et, grâce à Dieu, appréciée à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise », souligne Mgr Bartolucci.
Parmi les nouveautés il signale, du point de vue du vote, que la nécessité de la majorité « qualifiée » pour avancer dans l’examen du présumé miracle est de 5 voix sur 7 ou 4 voix 6.
Le règlement met aussi une limite au nombre de ré-examens possibles : pas plus de 3 fois. Et un nouvel examen requiert une consultation par des membres nouveaux.
Pour ce qui concerne la charge de président de la Consultation, nommé pour 5 ans, le mandat n’est renouvelable qu’une fois, pour 5 nouvelles années.
Sont désormais tenues au secret toutes personnes ayant à faire avec le présumé miracle : promoteurs de la cause, tribunal, postulateurs, experts, officials du dicastère.
Les indemnités des experts ne seront versées que par virement bancaire.
Le sous-secrétaire joue pour les « miracles » le rôle que la Constitution apostolique Divinus perfectionis magister attribue au rapporteur.
Brève histoire de la commission médicale
L’introduction du nouveau Règlement rappelle que le “miracle” requis pour la béatification d’un “vénérable serviteur de Dieu” – dont les vertus humaines ont été reconnues comme “héroïques” – ou ensuite pour la canonisation d’un « bienheureux » a « toujours » été examiné avec « la plus grande rigueur ».
Le texte indique quelques jalons : « Déjà, à l’époque médiévale, on avait recours à des médecins experts. Le pape Benoît XIV a institué pour eux une liste spécifique, le 17 septembre 1743. Plus récemment, Pie XII a institué dans la Congrégation des Saints Rites, le 20 octobre 1948, une « Commission de médecins » à laquelle s’est ajouté, le 15 décembre 1948, un « Conseil médical » spécial ».
Deux révisions vont suivre : « C’est Jean XXIII qui a unifié les deux organismes en une « Consultation médicale » (Consulta Medica, ndlr), le 10 juillet 1959, en en approuvant le règlement. A la lumière des nouvelles exigences et sur la base de la Constitution apostolique Sacra Rituum Congregatio  du 8 mai 1969, une nouvelle révision des normes du Règlement a eu lieu, approuvée par Paul VI le 23 avril 1976. »
La promulgation de la Constitution apostolique Divinus perfectionis Magister, de Jean-Paul II, le 25 janvier 1983, et l’expérience plus récente de la Congrégation pour les causes des saints ont fait ressentir la nécessité d’une nouvelle mise à jour du Règlement de la Consultation médical, d’où l’élaboration de ce nouveau Règlement.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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