Le pape François salue la foule © L'Osservatore Romano

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Les maîtres mots de l’actuel pontificat, par le cardinal Parolin

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Lutter contre la pauvreté, construire la paix, construire des ponts

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« Les maîtres mots de l’actuel pontificat sont : lutter contre la pauvreté, aussi bien matérielle que spirituelle ; construire la paix ; construire des ponts. » C’est ce qu’a assuré le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, dans un texte publié par La Civiltà Cattolica en français.
Le secrétaire d’Etat est intervenu le 10 mai 2017 à l’ambassade d’Italie près le Saint-Siège, lors d’une Table ronde à l’occasion de la publication du numéro 4000 de la revue jésuite, sur le thème « Le regard de Magellan. La diplomatie des ponts dans un monde de murs. »
La Civiltà Cattolica, a affirmé le « numéro 2 » du Vatican devant le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni et de nombreux ambassadeurs, « est un instrument qualifié pour comprendre et approfondir le magistère des souverains pontifes, du bienheureux Pie IX au pape François. Elle naît d’une communauté de réflexion et de prière, qui accompagne depuis désormais 167 ans le chemin de l’Église catholique ».
Le « regard de Magellan »
Évoquant « une saison tragiquement marquée par la violence aveugle du terrorisme fondamentaliste » et par « la montée en puissance d’une nouvelle affirmation de nationalismes et de populismes », le cardinal Parolin a invité, pour faire face à ce « changement d’époque », à retrouver, le « regard de Magellan ».
« À l’origine de cette extraordinaire aventure de Ferdinand de Magellan, et d’autres, semblables, que l’histoire a connues, a constaté le secrétaire d’Etat, il y avait une attitude enracinée de confiance en la Providence de Dieu, d’un côté, et en les capacités de l’homme, de l’autre. En général, ces farouches explorateurs aspiraient à quelque chose de plus grand, c’est-à-dire à écrire une nouvelle page de l’aventure de l’humanité. »
Le cardinal Parolin a souligné dans l’attitude des explorateurs « un triple dynamisme de l’esprit : le sens de l’inquiétude, l’humilité de l’incomplétude et le courage de l’imagination ». Trois attitudes qui donnent la « liberté intérieure » afin de « rester en haute mer, c’est-à-dire disponibles pour scruter un horizon en changement permanent, sans se retirer dans ces ports sûrs qui garantissent une tranquillité apparente, mais qui, en définitive, empêchent de reprendre courageusement le long voyage de l’histoire ».
Le fil conducteur du pape
Ce sont « trois coordonnées précieuses », a-t-il estimé, « pour également comprendre aujourd’hui l’attitude du pape François et de la diplomatie pontificale face aux défis urgents de notre temps ». Le cardinal s’est arrêté sur des « éléments de référence » du pontificat du pape argentin, notamment le « fil conducteur » de ses voyages apostoliques, « toujours attentif aux situations de mal-être matériel et moral, qui blessent l’humanité de notre temps ».
Il a souligné un « autre élément caractéristique de la sensibilité du pape : la réalité est toujours supérieure à l’idée. Nous nous rencontrons dans le réel, dans la vie concrète, avant de nous confronter avec des idées et des systèmes de pensées différents. En d’autres termes, ce n’est qu’en embrassant l’autre, comme il se présente et là où il se trouve, que je peux entreprendre avec lui un voyage fraternel vers la vérité et la réconciliation ».
De même, le secrétaire d’Etat a analysé la « géopolitique d’un voyage des périphéries vers le centre » : « Nous assistons là aussi à une sorte de nouvelle ‘révolution copernicienne’ à la lumière de l’Évangile… nous connaissons tous l’attention que le pape porte aux périphéries existentielles et géographiques de notre temps. Il part d’une constatation simple : la pauvreté, la fragilité de l’homme d’aujourd’hui et la faiblesse d’une société déstructurée et ‘décentrée’ blessent la dignité de la personne humaine. »
De nouvelles voies de communication
Sur le plan des rapports internationaux, il a noté trois défis d’ensemble adoptés par le pape : « l’engagement pour la paix, le désarmement nucléaire, la protection de l’environnement ». « Une série d’autres perspectives globales jaillissent de ces horizons, a-t-il ajouté : la promotion d’une civilisation de la rencontre, l’accompagnement du phénomène migratoire, le partage des biens de la terre et la dignité du travail, particulièrement pour les jeunes générations. »
« Le pape, scrutant l’horizon avec le ‘regard de Magellan’, est en train de chercher à ouvrir de nouvelles voies de communication et de rencontres, notamment en construisant des ponts idéaux entre un continent et un autre, entre des cultures et des religions différentes, entre des systèmes juridiques et de pensée souvent éloignés les uns des autres », a-t-il déclaré.
Pour le cardinal Parolin, « les maîtres mots de l’actuel pontificat sont : lutter contre la pauvreté, aussi bien matérielle que spirituelle ; construire la paix ; construire des ponts ». Ces trois points « guident un chemin personnel, social et global. Un chemin difficile, si nous restons piégés dans la prison de notre indifférence ; un chemin irréalisable, si nous croyons que la paix n’est simplement qu’une utopie ; un chemin possible, si nous acceptons le défi d’avoir confiance en Dieu et en l’homme, et si nous nous engageons pour reconstruire une authentique fraternité, en prenant soin de la création ».
Il faut, a-t-il conclu, « avoir beaucoup de courage et abandonner derrière nous les complaisantes certitudes que nous avons acquises, en nous engageant dans une authentique conversion du cœur, des priorités, des styles de vie ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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