Interview du pape François par Stefania Falasca © Avvenire

Interview du pape François par Stefania Falasca © Avvenire

L’Église n’existe que pour communiquer au monde la miséricorde

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Entretien du pape dans le quotidien catholique italien « Avvenire » (1/5)

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« L’Église n’existe que comme instrument pour communiquer aux hommes le dessein miséricordieux de Dieu ». C’est ce qu’affirme le pape François dans un entretien avec la journaliste italienne Stefania Falasca, publié le 18 novembre 2016 sur le quotidien catholique Avvenire.

Au long de l’interview qui a eu lieu à la Maison Sainte-Marthe, sa résidence au Vatican, le pape évoque le Jubilé de la miséricorde qui touche à sa fin (20 novembre) et le chemin de l’œcuménisme.

Durant l’Année de la miséricorde, confie-t-il notamment, « j’espère que beaucoup de personnes ont découvert qu’elles sont très aimées de Jésus et se sont laissées embrasser par lui ». « La miséricorde, ajoute le pape, est le nom de Dieu et c’est aussi sa faiblesse, son point faible. Sa miséricorde le porte toujours au pardon, à oublier nos péchés ».

« Tout le christianisme est là », affirme-t-il : « Comme pour la femme adultère de l’Évangile ‘qui a beaucoup aimé’. ‘Parce qu’Il a beaucoup aimé’ ». En ce sens, « l’Église n’existe que comme instrument pour communiquer aux hommes le dessein miséricordieux de Dieu ».

Le pape se défend d’avoir suivi un quelconque « plan » : « J’ai simplement fait ce que m’inspirait l’Esprit-Saint. L’Église est l’Évangile, elle est l’œuvre de Jésus-Christ. Ce n’est pas un chemin d’idées, un instrument pour les affirmer. Et dans l’Église les choses entrent dans le temps quand le temps est mûr, quand il s’offre ».
L’Année de la miséricorde, souligne-t-il encore, « déplace l’axe de la conception chrétienne d’un certain légalisme, qui peut être idéologique, à la Personne de Dieu qui s’est fait miséricorde dans l’incarnation de son Fils ». Et le pape de fustiger le « rigorisme » et la rigidité de ceux qui « continuent de ne pas comprendre » et pensent en termes de « blanc ou noir ». En réalité, « c’est dans le flot de la vie qu’il faut discerner ».
Mais le pape François assure que les accusations ne l’empêchent pas de dormir : « Je continue sur le chemin de ceux qui m’ont précédé, je suis le Concile ». « Un Concile, précise-t-il, pour être bien absorbé par le corps de l’Église, a besoin d’un siècle… Nous sommes à la moitié ».
L’unité, un parcours qui vient de loin
Au fil de l’entretien, il évoque longuement l’unité des chrétiens et ses récentes rencontres avec nombre de chefs d’Eglises chrétiennes : « tout cela fait aussi partie d’un parcours qui vient de loin. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce sont seulement des pas supplémentaires, le long d’un chemin initié il y a longtemps ».

Ainsi, ajoute-t-il, « c’est le chemin du Concile qui avance, s’intensifie. (…). J’ai rencontré les primats et les responsables, c’est vrai, mais mes autres prédécesseurs aussi (…). Je n’ai donné aucune accélération ».

Le pape François rend hommage aux patriarches des autres Églises chrétiennes : « ce sont des moines. Tu vois derrière une conversation que ce sont des hommes de prière ». « Pour moi, confie-t-il, ce sont tous des frères ».

L’évêque de Rome souligne aussi que son rôle est de « protéger, rechercher et servir » l’unité. Il préconise trois chemins vers cette unité : marcher ensemble avec les œuvres de charité, prier ensemble et reconnaître la confession commune exprimée dans l’œcuménisme du sang. « L’unité, insiste-t-il, ne se fait pas parce que nous nous mettons d’accord entre nous, mais parce que nous cheminons en suivant Jésus ».

Il estime que « nous ne pouvons pas nous permettre » le « scandale de la division » face au monde : « Comment pouvons-nous témoigner de la vérité de l’amour si nous nous disputons, si nous nous séparons entre nous ? »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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